Il existe manifestement un décalage entre la perception de vos points forts et leur concrétisation. Quelle que soit la population accompagnée – sportive ou non sportive, les postes en entreprise etc. – le constat est le même et objectivé par le test IP2A, développé par l’Institut de médecine environnementale : toutes les motivations profondes sont largement sous-exploitées. Comment gérer votre motivation au travail : explications de deux coachs spécialistes en préparation mentale et accompagnement de dirigeants. I
Motivation intrinsèque et motivation extrinsèque
La motivation se divise en effet en deux grandes familles : intrinsèque et extrinsèque. La première, centrée sur le plaisir d’agir, permet de générer de l’engagement durable et du sens, et compose notre tempérament. La seconde, socle de notre caractère, est dépendante des résultats, d’ordre culturel et source de démotivation si la réussite n’est pas au rendez-vous. C’est la prédominance de cette motivation extrinsèque, focalisée sur les résultats, qui justifie avec le temps un effritement de la motivation durable et une chute de performance.
Favorisez votre motivation intrinsèque
Pour quelles raisons peut se mettre en place un tel déséquilibre entre ces deux motivations ? Nous sommes dans une culture de la compétition, très concurrentielle et ce depuis l’école. Notre cerveau est d’abord un comparateur et pour le coup, il est malheureusement très bien nourri et conditionné ! Cela finit par générer découragement et frustration, car notre esprit focalise sur l’échec potentiel qui prend une place irrationnelle. En entreprise, manager essentiellement par le résultat n’a pas de sens. Par analogie, ce serait comme jouer au football en regardant uniquement le panneau de scores sans jamais regarder la balle !
En résumé, plus on redoute l’échec, plus on augmente la probabilité de le rencontrer. Et cela se traduit par le stress aux effets bien connus s’il dure : perte d’envie et de confiance, épuisement, conflits, maladies, baisse de productivité etc. Le stress est donc un précieux indicateur pour se recentrer sur son plaisir d’action.
Faire vivre votre motivation intrinsèque, vos points forts, constitue la première mesure anti-stress. Dans le temps, le plaisir d’agir pour l’activité en elle-même a pu être banalisé, voire refoulé, comme si nous avions honte d’agir de telle ou telle façon. En cause des « complexes », que nous avons tous, qui viennent brider notre tempérament.
Un exemple récent : ce cadre trentenaire, hyperactif et au bord du burn out, qui se donnait à fond et se devait d’abattre le travail d’au moins deux personnes. Il était en quête de reconnaissance et attendait en fait de son supérieur qu’il lui confirme que c’était un bosseur, quelqu’un d’engagé et de loyal … parce que lui-même s’interdisait de croire dans ces qualités. Il ne les assumait tout simplement pas !
Cibler et passer le cap de l’interdit, qui est fort émotionnellement, demande un protocole précis dans l’accompagnement. Il s’agit d’un coaching spécifique, la méthode est d’ailleurs plutôt utilisée en thérapie et est issue de l’approche neurocognitive et comportementale (ANC). Très vite et avec quelques exercices réguliers la confiance revient, une saine motivation se réinstalle et l’anxiété est largement dissipée.
Vous (re)brancher sur vos atouts
Voilà trois clés pour cerner et exploiter pleinement vos ressources innées :
1 – Pensez au week-end idéal et à ce que vous y faites, ce que vous pourriez faire encore et encore, et qui vous ressource même en cas de fatigue. Ces actions sont vos valeurs intrinsèques, résistantes à l’échec et aux critiques. Si le plaisir d’agir résiste à l’insuccès et aux jugements des autres, alors il est pratiquement sûr qu’il s’agit de points forts. A abuser sans modération !
2 – Optimisez le ratio énergie dépensée / plaisir procuré. Il est essentiel d’exprimer vos points forts dans tous les compartiments de votre vie, et de planifier des moments où vous vous recentrez sur vous. Il est également très important qu’un manager sache reconnaître les différents tempéraments dans son équipe, cela permet de communiquer efficacement et de rebooster les troupes en période difficile.
3 – Limitez vos attentes et besoins de reconnaissance, car ils vous rendent trop dépendant des autres. La reconnaissance est une motivation extrinsèque forte, l’argent en fait bien sûr partie. Elle est donc anxiogène et fait baisser les performances. Le manque de reconnaissance est d’ailleurs la deuxième cause de stress en entreprise*, il devient donc urgent de passer du management par compétences au management par personnalités.
* Etude ESTIME 2011, www.estime-stress.com