Combler les lacunes fondamentales, pour favoriser le développement professionnel, une nouvelle mission pour l’entreprise/
La notion d’entreprise apprenante distingue depuis longtemps les employeurs attentifs au développement professionnel de leurs équipes, même si les offres de formation s’apparentent à des catalogues souvent méconnus des managers.
L’entreprise apprenante joue de plus en plus un rôle social essentiel
En ce sens, l’entreprise apprenante joue depuis toujours un rôle social essentiel en permettant autant à des profils non qualifiés qu’à des profils qualifiés, d’évoluer et de s’insérer parfaitement dans des environnements professionnels en changement permanent.
Le succès de l’apprentissage permet lui aussi à des jeunes (et moins jeunes) non seulement de finaliser leurs études mais aussi et surtout de s’insérer efficacement. Six mois après leurs sorties d’études, deux apprentis sur trois sont en effet embauchés, dont plus de 60% en CDI et un quart dans l’entreprise qui les avait recrutés durant leurs études (source Cap métiers).
Mais au-delà de cette réalité se dessinent de nouveaux défis liés directement à la baisse générale du niveau de culture et d’apprentissage des enseignements fondamentaux à l’école. Les collégiens/lycéens d’aujourd’hui maitrisent 40% de mots en moins que les jeunes de 1987. L’usage intensif des réseaux sociaux et autres activités en ligne génère des troubles de l’attention et un usage appauvri du langage au profit de raccourcis réducteurs. Le recours à l’IA avec son ambassadeur ChatGPT accélère la paupérisation de la pensée.
C’est un fait et toutes les études le démontrent, le niveau général est en forte baisse, au point où le marché de l’enseignement supérieur ne cesse de développer des prépas à destination de bacheliers, non pas dans l’espoir d’intégrer les écoles de rang A, mais d’atteindre le niveau légitime d’un vrai référentiel de connaissance. Cette réalité heurte de plein fouet le développement futur des entreprises.
Le monde professionnel ne peut se contenter de l’à-peu-près sur le plan des acquis
Que ce soit en orthographe ou en conceptualisation, voire tout simplement en rigueur.
Dans les années à venir, les Directions des Relations Humaines vont devoir inscrire dans leur feuille de route la remise à niveau des fondamentaux via des parcours de formation adaptés au cas par cas.
Le débat sur les soft kills et les hard skills est bientôt dépassé, car de plus en plus intégré, au profit d’une exigence de niveau. Soit les humains sont de simples ressources interchangeables, soit ils représentent vraiment le capital immatériel de l’entreprise et, à ce titre, réclament un suivi adapté pour en faire fructifier les potentiels.
Il sera de moins en moins rare de voir en entreprise des cours d’orthographe dispensés à des personnes de niveaux Bac+5 ou encore des cours de philosophie et de psychologie pour des managers confrontés à des situations où la sagesse primera sur l’expertise.
Le choc générationnel n’est pas celui que l’on croit, à savoir celui des usages digitaux et les nouveaux comportements qui vont avec, mais se situe bien sur un enjeu de culture générale.
Combler les lacunes fondamentales pour favoriser le développement professionnel, nouvelle mission de l’entreprise ?
L’apprentissage, à l’exemple de ce que nous pratiquons chez GIFI avec des dizaines de jeunes, est non seulement un apprentissage professionnel au sens « apprendre un métier » mais aussi un apprentissage de vie au sens des interactions relationnelles et de la culture.
L’entreprise va devenir progressivement le prolongement pédagogique de l’école au sens de l’enseignement et va devoir adapter toute sa stratégie de recrutement pour ne plus subir la baisse de valeur due au niveau moyen.
La notion de potentiel devra être évaluée comme un critère prioritaire en apportant des réponses concrètes d’accompagnement au-delà même de l’implication managériale. Tests, salaires, formations… Tout va devoir être repensé.
Pour la majorité des jeunes désormais, le premier emploi est un test, un passage ; c’est de fait de plus en plus un défi économique pour les employeurs responsables qui intègrent des débutants entre le coût salarial, le coût de formation et d’intégration…
La valeur ajoutée sur l’employabilité face à des publics volatils devra demain être explicitée et valorisée. L’emploi des jeunes est plus que jamais un enjeu pédagogique. L’entreprise pédagogue peut-elle vraiment exister face aux enjeux économiques ? L’avenir le dira.
L’entreprise ne se nourrit pas de promesses, elle est légitime par ses résultats et ses engagements qui, par définition, sont censés être uniques. Elle doit rester pleinement une aventure humaine.
Combler les lacunes fondamentales pour favoriser le développement professionnel, nouvelle mission de l’entreprise ?