Savoir se taire : L’art de la communication stratégique. Dans l’ère du numérique et de l’information instantanée, les dirigeants, qu’ils soient à la tête d’entreprises ou de nations, font face à une pression constante pour communiquer. Chaque
événement, chaque fait d’actualité semble appeler un commentaire, une réaction. Cette frénésie communicationnelle, alimentée par les réseaux sociaux et l’appétit insatiable des médias, peut sembler nécessaire pour rester visible et pertinent.
L’actualité récente nous en offre un parfait exemple : le mercredi 9 octobre, le Président Emmanuel Macron a fait des commentaires sur la série “Emily in Paris”. Bien que cela puisse sembler anodin, cet épisode soulève des questions importantes sur la pertinence et
l’opportunité des prises de parole des dirigeants.

Mesurer l’importance de ses communications : priorité aux sujets de fond

Dans un monde saturé d’informations, les dirigeants doivent apprendre à hiérarchiser leurs interventions. Chaque prise de parole doit être évaluée à l’aune de son impact potentiel et de
sa pertinence stratégique. Par exemple, lorsqu’un chef d’État comme Emmanuel Macron choisit de commenter une série télévisée comme “Emily in Paris” en pleine crise économique, cela soulève des questions sur la gestion des priorités. Cette intervention a suscité de vives réactions, notamment de la part de Roberto Gualtieri, maire de Rome. Celui-ci a d’abord répondu avec humour sur les réseaux sociaux, avant d’exprimer une critique plus sérieuse, en rappelant que des enjeux majeurs tels que les conflits internationaux et le changement climatique devraient être au coeur des préoccupations d’un président, plutôt qu’une série télévisée. Pour un dirigeant d’entreprise, la règle est similaire. Avant chaque communication, il est crucial de se demander : “Ce sujet a-t-il une résonance stratégique ? Renforce-t-il nos objectifs à long terme ?” .

Le danger des propos anecdotiques dans une communication publique

Les commentaires anecdotiques, bien qu’apparemment inoffensifs, peuvent diluer le message principal d’un leader et affaiblir sa crédibilité. Prenons l’exemple de la participation de
Brigitte Macron à “Emily in Paris” : bien que cela puisse sembler anodin, de tels propos risquent de détourner l’attention des sujets cruciaux.
Pour éviter ce piège, les dirigeants doivent systématiquement se demander : “Quelle valeur ajoutée cette communication apporte-t-elle à mon entreprise et à mon leadership ?” Une stratégie efficace consiste à préparer chaque intervention en identifiant trois points clés
alignés avec la vision stratégique de l’organisation. Cette approche permet de rester concentré sur l’essentiel et d’éviter les digressions qui pourraient nuire à l’image de sérieux et de compétence du leader.

Savoir rester concentré sur les messages essentiels

En période de crise ou de changement, la capacité à maintenir le cap sur les messages fondamentaux est cruciale. L’attractivité d’un pays ou d’une entreprise ne se construit pas sur des produits culturels anecdotiques, mais sur des actions concrètes et des politiques durables.
Par exemple, pendant la pandémie de COVID-19, les dirigeants qui se sont concentrés sur des mesures économiques tangibles ont généralement été perçus comme plus compétents que ceux qui se sont laissés aller à des commentaires superficiels. Chaque communication publique doit être vue comme une opportunité de renforcer la stratégie à long terme, plutôt que de céder à la tentation de réagir à chaud sur des sujets secondaires.

L’art du silence : un levier de management

Le silence stratégique peut être un outil puissant dans l’arsenal d’un leader. François Mitterrand, par exemple, était connu pour son usage judicieux du silence, ce qui renforçait son image de “force tranquille” et préservait son autorité. Pour un dirigeant d’entreprise, savoir se taire sur certains sujets peut démontrer une maturité de leadership et une concentration sur les priorités stratégiques. Cela évite également les polémiques inutiles et permet aux actions de parler d’elles-mêmes, renforçant ainsi la crédibilité du leader et de l’organisation.

La légèreté dans la communication : à double tranchant

Bien que la légèreté puisse humaniser un dirigeant, elle doit être maniée avec précaution. L’équilibre entre accessibilité et autorité est délicat à trouver. Des leaders comme Barack Obama ont su utiliser l’humour de manière efficace, en restant toujours en phase avec la
gravité de leur fonction.
Pour les dirigeants d’entreprise, l’introduction de moments de légèreté doit être soigneusement calibrée. Elle peut être appropriée lors d’événements internes ou de célébrations, mais doit toujours servir à renforcer le message principal plutôt qu’à le diluer.
L’art de la communication stratégique pour les dirigeants réside autant dans ce qui est dit que dans ce qui ne l’est pas. En privilégiant les messages essentiels, en évitant les propos anecdotiques, et en utilisant le silence de manière stratégique, les leaders peuvent renforcer leur crédibilité et l’efficacité de leur communication. La légèreté, lorsqu’elle est judicieusement employée, peut humaniser le dirigeant, mais ne doit jamais compromettre la gravité de sa fonction ou la clarté de son message stratégique.
Savoir se taire : l’art de la communication stratégique/Savoir se taire l’art de la communication stratégique Depositphotos_Kzenon




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Laurent Tylski, Coach de dirigeants, co-fondateur et « Managing partner » d'ACTEO® Consulting
Coach de dirigeants, consultant international en leadership, management, négociation et management commercial, co-fondateur et « Managing partner » d'ACTEO® Consulting, société de conseil et de formation en développement personnel, management et vente. Tl gère des missions au niveau européen et international, dans les domaines suivants : compétences des dirigeants et des cadres, accélération du changement, leadership, management des organisations et des équipes, management multiculturel, négociation. Il est également spécialisé en coaching de cadres et dirigeants. Basé à Paris, il a travaillé en Grande-Bretagne et en France, 0ses missions le mènent régulièrement à travers l’Europe, (Rome , Amsterdam; Frankfort, Londres ou Bruxelles, et (Singapour, Hong-Kong et les États-Unis). Il a dirigé la société de formation Vente et Management du Groupe Adecco Consulting. Conférencier international, il intervient à l’École Nationale des Ponts et Chaussées, est jury en école de commerce et coparticipant à l’élaboration d’un ouvrage sur la vente complexe (Dunod).