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Dans un livre qui vient d’être publié sur le travail à distance *, Patrick Bouvard, rédacteur en chef de RH info, et Patrick Strohaye, président de la société de conseil Flexity, démontrent comment le télétravail permet de réinventer le management de l’entreprise et d’améliorer ses performances tout en apportant un bien-être individuel au travailleur à distance. “Nous sommes nous-mêmes la preuve que le télétravail marche car nous fonctionnons comme cela ensemble depuis 13 ans”, soulignent en souriant les deux auteurs lors d’une présentation du livre qui a lieu hier à Paris. “Et je dirais même plus, ajoute Patrick Storhaye, nous avons développé une amitié, ce qui n’aurait pas forcément été le cas si nous avions été dans le même bureau…”
Le terme de travail à distance, plus large que celui de télétravail, a été choisi par les auteurs car il englobe à la fois les salariés télétravaillant dans un cadre légal identifié, les salariés hyper-mobiles travaillant à distance de partout sans cadre particulier et les travailleurs externes impliqués dans l’entreprise pour une durée suffisamment significative pour y laisser trace. Nous avons tiré de cet ouvrage et de la réunion de présentation du livre sept arguments définitifs (car indiscutables !) en faveur du travail à distance que nous reproduisons ci-dessous.
1 – Le télétravail est pourvoyeur de sens
La distance est porteuse d’une culture d’entreprise : elle oblige la société à définir un vrai projet d’entreprise. Non seulement les tâches du travailleur à distance doivent être définies précisément avec des objectifs clairs et précis, mais elles doivent s’insérer dans un vrai projet d’entreprise. La distance favorise l’intimité avec le projet. Et du coup les rencontres professionnelles physiques sont plus rares, mais n’en prennent que plus de densité : fini les “réunionnites”, spécificité bien française…
2 – Il repose sur la confiance
Le modèle du lien entre travailleur à distance et son supérieur hiérarchique repose sur la confiance. “Les grands patrons pratiquent le télétravail depuis longtemps parce qu’ils se font confiance”, souligne avec humour Patrick Bouvard. “C’est un bouleversement total de notre manière de fonctionner”, estime l’amiral Olivier Lajous, qui a préfacé l’ouvrage. “Nous allons assister à une véritable “renaissance” (sur le modèle de la Renaissance française) dans le monde du travail grâce au numérique. Les managers vont devoir faire confiance aux travailleurs à distance et sortir de leur rôle de “flicard”. C’est l’humain qui sera remis au coeur du système”, affirme avec conviction ce jeune retraité de la Marine nationale, qui a reçu en 2012 le trophée de “DRH de l’année” et qui est aujourd’hui à la tête d’un cabinet de conseil.
3 – Il est source d’autonomie
Le travail à distance est source d’autonomie, qui est elle-même moteur de la satisfaction au travail. Fini le stress et les risques psychosociaux : le travailleur à distance est capable de se régir lui-même dans le cadre de normes qui lui sont extérieures, mais qu’il a pleinement acceptées et intégrées. Ce sentiment d’autonomie, clé du bien-être au travail, ne repose pas sur une vision naïve ou “fleur bleue” des êtres humains au travail, mais sur une délégation de pouvoir très bien définie dans son contenu et ses limites avec des missions et des objectifs dont l’atteinte représente en elle-même l’indicateur le plus contraignant et le contrôle le plus efficace.
4 – Il favorise la créativité collective
La créativité d’une personne est souvent supérieure à celle d’un groupe. Le nomade apporte cette créativité de par son profil nourri d’une culture de fond avec des apports multiples et variés, selon son âge, son sexe, son pays, ses loisirs, ses lectures, ses voyages, son expérience professionnelle… Et le fait que Marissa Meyer, patronne de Yahoo ait décidé en février 2013 l’abandon du télétravail pour favoriser la créativité et l’échange correspond plutôt au licenciement de personnes qui n’avaient plus aucun lien dans l’entreprise. “Ces personnes n’avaient pas mis les pieds dans l’entreprise depuis trois ans”, souligne Nicole Turbé-Suetens, auteur de la postface du livre. Leader du réseau Distance Expert, elle a participé au processus législatif sur le télétravail en France. Elle déplore “l’absence de vision des dirigeants français dans ce domaine. C’est l’idéologie qui l’emporte”.
5 – Il permet une meilleure gestion du temps
Le travailleur à distance doit s’organiser pour gérer son temps. Il doit se concentrer sur l’essentiel et prévoir des séquences de travail homogène : tout travail interrompu sera moins efficace et prendra plus de temps que s’il était effectué de manière continue. Il s’agit de raisonner en fonction du temps nécessaire pour une activité et non en fonction du temps disponible. En respectant ces principes, le travailleur à distance trouvera un équilibre personnel.
6 – Il réconcilie bien-être individuel
et performance collective
Les règles du jeu étant fixées, chacun y trouve avantage : le travailleur à distance qui s’organise pour atteindre les objectifs et son manager qui n’a plus les tâches de contrôle classiques à faire. Du coup, on gagne en productivité pour l’entreprise et en bien-être pour le travailleur à distance.
7 – Il introduit “l’innoductivité”
C’est un mot inventé par les auteurs : il désigne la combinaison intime des exigences d’innovation et de productivité au sein de l’entreprise. Pour être compétitive, l’entreprise moderne doit avoir un business model dont l’innovation est le moteur, intégré à sa capacité à être compétitive sur les coûts. Le travail à domicile représente dans cette perspective un levier véritable parce que la distance impose un rapport partagé et capitalisé à la connaissance. Il oblige l’entreprise à se doter de systèmes d’information et de structures de communication performants. Il suscite des processus de circulation de l’information clairs axés sur la coopération et le partage. Enfin, il incite les dirigeants à adapter l’entreprise à un mode de management différent reposant sur la confiance.
Derrière cet article, il y a le travail d’une équipe, un article similaire s’achète entre 3 et 10 euros, mais vous pouvez payer ce que vous voulez, et dans tous les cas poursuivre votre lecture autant que vous le souhaitez.
Cet article fait partie des plus lus
Le travail à distance. Télétravail et nomadisme : leviers de transformation des entreprises. Patrick Bouvard et Patrick Storhaye. Préface de Olivier Lajous et postface de Nicole Turbé-Suetens. Editions Dunod, 225 pages.