La femme et son pouvoir,
thème préféré
de Tonie Marshall
Dans le film « Vénus Beauté », 4 femmes font tourner un salon de beauté parisien (Nathalie Baye, Bulle Ogier, Audrey Tautou, Mathilde Seigner). Dans « Tu veux ou tu veux pas », plus léger, Judith, interprétée par Sophie Marceau, occupe tout l’espace et incarne une femme libre, libérée et exaltée. « Pas très catholique », sorti en 1994, dépeint la vie de Maxime, une quadragénaire, détective privée, fumeuse invétérée à la vie dissolue qui plaque mari et bébé vingt ans plus tôt et se retrouve nez à nez avec ce fils abandonné.3 films réalisés par Tonie Marshall qui montrent des femmes fortes et libres, indépendantes, souvent blessées. 3 films parmi une quinzaine de sa filmographie qui abordent (presque) tous ce dont elle parle le mieux : les femmes, leur rapport au monde, aux hommes, à la sexualité ou à l’ambition. Dans « Numéro Une » actuellement à l’affiche, la psychologie d’une ingénieure de haut vol interprétée par Emmanuelle Devos est passée au crible, le tout se passant au sein de l’univers très fermé des tours de la Défense. Les thématiques du féminisme, le plafond de verre, le sexisme ordinaire ou encore le pouvoir des femmes vu par le prisme masculin sont au cœur de l’analyse de la réalisatrice. « Le film se veut inspirant. J’ai eu des réactions de jeunes femmes qui trouvaient le parcours affreux, glaçant. Mais heureusement, la plupart se sont dites inspirées », explique Tonie Marshall pour le webmagazine suisse Letemps.ch.
Glaçant, affreux, mais pas si loin de la réalité, car pour faire ce film, elle interviewe pendant deux années consécutives de nombreuses femmes à de hauts postes de l’industrie française, avec l’aide de la journaliste politique au journal Le Monde, Raphaëlle Bacqué. L’aventure commence en fait en 2009, initialement, la réalisatrice souhaitait réaliser une minisérie de 8 épisodes pour aborder la place des femmes dans la société dans différents l’univers du sport, de la politique, de la finance… Ce sera finalement un long-métrage dans le domaine du management industriel.
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Seule femme à ce jour
à détenir le César
du meilleur réalisateur
Tonie Marshall n’en est pas à ses débuts dans la famille du cinéma : née en 1951, elle est la fille de l’actrice Micheline Presle, aujourd’hui âgée de 95 ans, légende vivante du cinéma français avec plus de 100 films à son actif, et du producteur et réalisateur américain William Marshall ( le mari de Michèle Morgan et de Ginger Rogers), la demi-sœur de l’acteur Mike Marshall, fils de Michèle Morgan, et pour parfaire le tableau, elle rajoute que la chambre dans laquelle elle passe son enfance donnait directement sur le studio des Ursulines à Paris, un cinéma d’art et d’essai.
Elle commence ses armes en prenant des cours d’art dramatique, entame sa carrière de comédienne au théâtre avec la troupe de Robert Hossein, et au cinéma aux côtés de Jacques Demy, dans le film « L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune. » (1972). Elle tient également le rôle (culte) de la professeure d’histoire-géographie dans le film « Les Sous-doués » de Claude Zidi, en 1980. Elle passe derrière la caméra en 1990 pour réaliser le film Pentimento avec Antoine de Caunes dans l’un de ses tout premiers rôles. Elle offre une belle envolée à Audrey Tautou qui remporte le César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans Vénus Beauté (1999). C’est d’ailleurs pour ce même film que Tonie Marshall remporte le César du meilleur(e) réalisateur(trice), qu’elle est à ce jour la seule femme à détenir.
« Numéro Une » actuellement au cinéma, avec Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Benjamin Biolay, Sami Frey.