Dipty Chander est passionnée d’informatique, mais durant sa dernière année de lycée, une conseillère d’orientation la dissuade de suivre cette voie jugée trop masculine. Quelques années plus tard, la jeune femme prend sa revanche en intégrant l’équipe Google et devient Présidente de l’association E-mma pour promouvoir la mixité dans les secteurs du numérique. Portrait.
Une passion presque innée pour l’informatique
Depuis toute petite, Dipty Chander est fascinée par l’informatique. Dans les interviews qu’elle donne, elle aime à raconter que ses parents l’appelaient régulièrement à la rescousse pour réparer les bugs de leur ordinateur, alors même qu’elle n’était qu’une enfant.
Sa passion est entière : l’ordinateur, l’intelligence artificielle, le Cloud, les nouvelles technologies. Elle sait rapidement qu’elle suivra la voie de l’informatique.
Une carrière « réservée aux hommes » et un déclic
Et pourtant, l’avenir professionnel de Dipty Chander n’est pas assuré. L’année du baccalauréat, la jeune femme exprime le souhait de poursuivre un cursus dans l’informatique. Sa conseillère d’orientation lui explique qu’une telle carrière ne lui sera pas accessible, car réservée aux hommes. La jeune femme est choquée par ces propos, mais sur le coup, elle accepte son sort. Elle commence à envisager d’autres options tout en rêvant « d’une grande carrière à la Bill Gates ».
En se rendant à un salon étudiant, elle découvre le stand de la prestigieuse école d’informatique Epitech et le déclic se fait. Elle intègre un cursus informatique pour assouvir sa passion et se battre pour l’égalité. L’école est payante et la famille de Dipty Chander n’a pas beaucoup de moyens, elle va financer une partie des frais de scolarité en réalisant des CDD en parallèle.
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4 % de femmes dans les cursus informatiques
L’euphorie de suivre un cursus passion est vite balayée par des difficultés, tant sur le niveau de programmation exigé que sur le manque de mixité, effectivement criant au sein de l’école. Quand Dipty Chander intègre Epitech, il y seulement 4 % de femmes dans les cursus informatiques ! Alors, elle redouble d’efforts pour se mettre à niveau, et s’imposer dans un milieu où, du fait de son genre, sa légitimité n’est pas acquise. Elle travaille jour et nuit durant cette période et devient une élève brillante et respectée, au point d’être recrutée par Microsoft au service Cloud, puis par Valeo, Axa (service logiciel) et plus récemment par Google France.
Actuellement développeuse chez le géant du Web. elle occupe exactement le poste de GMP Process Coordinator EMEA.
Avec E-mma : promouvoir la mixité dans les métiers du numérique
Dipty Chander n’oublie pas ses débuts d’étudiante, quand elle devait jouer des coudes pour s’imposer dans un univers masculin. Elle accepte donc de présider E-mma Epitech, l’association créée par son école pour encourager la mixité dans les métiers des technologies.
Pour cette mission, Dipty Chander a une stratégie à mille lieues des réunions 100 % féminines ou des campagnes de communication sur les réseaux sociaux. Elle vise au contraire des événements concrets et mixtes, comme des ateliers et des hackathons (des concours de programmation). Elle enjoint les hommes à y participer activement, en changement de regard, en encourageant et en collaborant. « Ce qui est important, c’est de développer un environnement inclusif », affirme-t-elle.
Dipty Chander œuvre aussi pour une pédagogie inculquée dès la petite enfance et pour des offres d’emploi rédigées de manière plus inclusive dans les métiers tech’.
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L’association E-mma, en bref
E-mma est une association chargée de promouvoir l’égalité des sexes dans le secteur informatique et des nouvelles technologies qui sont des univers encore et toujours très masculins (entre 3 et 5 % de femmes). E-mma vise à
« banaliser » la mixité, encourage tant les femmes que les hommes à rejoindre ses actions et ses événements. Elle dispose d’une douzaine d’antennes en France avec 200 personnes à son bureau, essentiellement des étudiant.e.s d’Epitech, et se développe également à la Réunion, à Berlin, à Bruxelles et aux États-Unis. Pour suivre Dipty Chander sur Twitter : @DiptyChander