Aux Etats-Unis, la prise de conscience du problème lié au Coronavirus pour les entreprises françaises s’est faite en deux temps : il y a eu d’abord la décision unilatérale du Président Trump de fermer en 24 heures la totalité des frontières américaines, puis l’annonce du confinement en France faite par le Président Macron. Et dès le lundi 16 mars 2020 au matin, la panique s’est installée : les entrepreneurs français voulaient comprendre la situation, agir vite et être rassuré.
La culture française : se tourner vers le gouvernement
Dans un réflexe culturel très français, les principales questions tournaient autour de : « Est-ce que le gouvernement va nous aider ? », « Que peut-on envisager comme aide ? », « Quelles démarches à suivre pour obtenir le chômage partiel ? ». A ce moment-là, les réponses apportées pouvaient paraître dures, le chômage partiel aux USA s’appelle le chômage. Si une société pense ne plus avoir les moyens de conserver ses salariés, l’option présentée est le licenciement, d’autant plus que le gouvernement américain n’avait pas effectuer d’annonces concernant les aides – même si les choses ont évolué depuis, nous y reviendrons plus tard.
La bonne appréhension de la culture américaine est souvent un facteur clé de succès sur ce nouveau marché. Dans ce contexte de crise, cette phrase a pris tout son sens. Ainsi, depuis le début de la crise, les impacts sont très différents selon les secteurs d’activités : le commerce, évidemment comme en France, paye le plus lourd tribut notamment dans les grandes villes comme New York et Los Angeles. Le prix des loyers étaient extrêmement élevés avant la crise, et il faut rajouter à cela que les baux aux USA sont très engageants pour le locataire avec très peu de possibilité de les arrêter avant la fin du contrat. Les gérants se sont donc retrouvés avec des charges encore très importantes à payer avec très peu de marge de négociation avec les bailleurs. A savoir qu’encore aujourd’hui, les réductions de loyer sont très compliquées à obtenir, les propriétaires préférant ne pas louer que de baisser les prix. Cependant, le commerce en ligne a très bien fonctionné pendant la crise, les livraisons ont été assurées pendant toute la période, ce qui a limité un peu la casse.
Pour le secteur industriel, l’impact a été un peu moins violent. Les usines sont souvent situées en dehors des grandes villes ou dans des Etats qui ont été moins touchés par le confinement. Il est à souligner qu’aux Etats-Unis, la décision de fermer l’économie revenait à chaque gouverneur. D’un Etat à l’autre, les règles de confinement ont été très différentes. Les usines ont généralement pu continuer à travailler en respectant les distances de sécurité entre les salariés. Le secteur a connu quelques problèmes d’approvisionnement au plus fort de la crise, mais a globalement sauvé ce qui pouvait l’être.
Les acteurs du secteur B to B software, digitalisation parmi lesquelles se trouvent de très belles start-ups françaises) étaient déjà prêts pour faire travailler leurs salariés depuis leur domicile. Cela s’explique notamment du fait qu’ils étaient habitués aux réunions en format digital. Ce secteur semble ne pas avoir eu d’impact considérable jusqu’à présent, il pourrait même avoir fort à gagner dans le futur.
L’impact de la fermeture des frontières
A court terme, les impacts du Covid-19 ont été très différents selon les industries, mais à moyen et long terme, la fermeture des frontières risque d’avoir, pour toutes, un impact beaucoup plus important. Pour que les entreprises françaises réussissent aux USA, l’un des critères essentiels à prendre en compte est la composition de l’équipe salariale sur le territoire. Il est souvent recommandé qu’un salarié français avec une bonne connaissance de la culture de l’entreprise soit un membre important de l’équipe aux Etats-Unis. Avant la crise, plusieurs visas de travail étaient disponibles, les principaux étant le E2, le L1 ou le H1B avec un délai d’obtention allant de 2 à 6 mois. Depuis le début du confinement et la fermeture complète des frontières, il n’y a eu aucun rendez-vous possible. Il est fort à parier que le délai de réouverture soit extrêmement allongé du fait du retard à rattraper.
De plus, compte tenu du niveau du chômage actuel aux Etats-Unis, 40 millions d’américains sont aujourd’hui sans emploi, il est envisageable que les conditions d’obtention des visas étrangers soient rendues beaucoup plus strictes très prochainement.
Les aides proposées par le gouvernement américain
Devant la violence de la crise, le gouvernement américain a finalement proposé une série d’aides dans un plan « Cares-Act » de plusieurs centaines de billions de dollars. La mesure phare de ce plan pour les entreprises françaises a été le PPP, « Paycheck Protection Program ». Cette aide s’articule de la façon suivante : le gouvernement fédéral octroi un prêt aux entreprises d’un montant correspondant a 2.5 le montant moyen mensuel des salaires brut paye en 2019 (par exemple, une société a payé en moyenne $100 000 de salaire brut moyen en 2019, elle recevait un emprunt de $250 000). Cet emprunt sera transformé en subvention donc non remboursable dans certaines conditions. L’entreprise doit utiliser l’intégralité de ses fonds dans les 8 semaines qui suivent l’obtention des fonds, a au moins 75% (60% depuis peu) pour payer des salaires, le reste pouvant servir à régler les factures de loyer ou celles concernant l’électricité, le téléphone, l(Internet. Cette aide prise dans l’urgence fait encore l’objet de nombreux amendements par le congrès. Il n’est pas forcement facile pour les entreprises françaises d’en connaître tous les contours pour optimiser les montants.
Où en est la situation aujourd’hui
Les Etats-Unis étant un Etat fédéral, il revient à chaque gouverneur de choisir la date d’ouverture de leur circonscription. Si l’on veut faire une comparaison avec la France, cela reviendrait à ouvrir département par département. A New York, le gouverneur a mis en place 7 critères que la région doit atteindre pour mettre en place la phase 1. Basée sur ces données, New York City a ouvert le 8 juin les constructions, les magasins en « pick-up ». Les restaurants et les salles de gym devraient pouvoir accueillir des clients seulement fin juin, voire début juillet.
En 3 mois, la société américaine a révélé toutes ses faiblesses et le manque d’aide sociale a eu pour conséquence de plonger rapidement les citoyens dans une vraie précarité. La pauvreté est maintenant très visible notamment au sein de la ville de New York.