Agile est entré au Panthéon 2020 des mots d’entreprises sous la pression d’une pandémie Covid-19 qui a chamboulé pas mal de choses. La crise sanitaire, sociale et économique, mais aussi culturelle et sociétale avec les horreurs du terrorisme, a plongé les citoyens et les entreprises dans un abîme de perplexité.
Pour les entreprises, un mot d’ordre : « soyons agiles »
Et dans la foulée on assiste à un développement incroyable de coachs en méthode agile. L’imprévu comme boussole et la cacophonie comme cap font perdre le nord à plus d’un. Pourtant, l’essence même d’une entreprise n’est-elle pas d’être agile ? A savoir être capable de s’adapter rapidement à des changements inattendus de son environnement, en conservant toutefois une continuité stratégique, opérationnelle et humaine. La continuité est importante, car elle permet de ne pas confondre « agilité » et « réactivité ».
La réactivité vous fait aller dans le sens du vent au risque de vous perdre ; l’agilité quant à elle vous permet de créer, d’innover, de sortir des sentiers battus sans jamais renier votre ADN. Le « pourquoi on agit » en écho à « qui nous sommes » reste fondamental.
L’agilité, le fondement même du leadership naturel et non joué
L’agilité ne peut être un process ou encore moins une mode ; elle est le carburant même de l’action. Celles et ceux qui enferment l’agilité dans une méthode, quel qu’en soit l’usage, la réduisent à une posture. L’agilité rencontre la liberté : liberté d’être ; liberté d’oser; liberté de transgresser aussi.
Autant dire que l’agilité est incompatible avec les organisations figées qui coulent leurs salariés dans un moule sclérosant tout en affirmant aimer les profils atypiques. L’agilité est une vertu de l’esprit d’entreprendre et non un modèle d’organisation ; à peine énoncée comme telle, elle passe d’une conviction à une certitude et donc se fige, s’assèche, s’atrophie. L’agilité n’est pas conformiste ; elle sait ruer dans les brancards lorsqu’il le faut au nom de l’intérêt collectif de l’entreprise et non de strates de pouvoirs statutaires. C’est elle qui rend vivante l’entreprise et les organisations. Sur le plan du management, elle est preuve de la promesse employeur de l’entreprise qui veut attirer et fidéliser des Talents, car elle porte en elle ce souffle de vie qui donne l’espoir d’exister pour chaque personne. Un espoir qui est un défi du quotidien.
Pour le relever, nul besoin de coach mais avant tout de l’écoute, du bon sens, de l’envie, de l’estime et du partage. L’agilité est belle lorsqu’elle crée le mouvement du corps au sens équipe. L’agilité c’est quelque part l’esprit PME qui fait tant défaut aux grandes organisations et pour risquer un parallèle, c’est aussi son âme d’enfant perdu sous le poids et le joug des convenances.
Enfin, l’agilité c’est avant tout l’art du questionnement face aux affirmations certifiées politiquement correctes ; interpeller, revisiter, bousculer, créer, sont autant de déclinaisons de ce questionnement. Mais il faut oser se rêver agile pour faire de cet art du questionnement un véritable art de vivre. Art du vivre ensemble.