La proportion de femmes choisissant de se lancer en freelance augmente progressivement ces dernières années. En 2018, d’après le baromètre du freelancing homme/femme 2019 réalisé par la plateforme Malt, 34% des freelances sont des femmes, contre 30% en 2016. Cette proportion est plus élevée dans les métiers créatifs : la plateforme Creads, spécialisée dans ces métiers, recense ainsi 43% de femmes en 2018.
Cette évolution est à replacer dans un contexte global de valorisation de l’importance de l’entreprenariat des femmes non seulement parce qu’il permet l’autonomisation et l’inclusion de ces dernières dans le monde du travail mais également car il participe au dynamisme de l’économie en général.
Quel est le profil des femmes freelances ?
Il existe une grande disparité de représentation hommes/femmes selon les métiers exercés en freelance. On compte très peu de femmes chez les freelances développeurs, data scientists et administrateurs systèmes (8%) ou les réalisateurs et motion designers (24%). En revanche, elles sont presqu’aussi nombreuses que les hommes parmi les graphistes et photographes (48%) et sont majoritaires parmi les consultants en communication, les community managers et les rédacteurs (62%).
Comme pour le salariat, la différence de rémunération des femmes en freelance est une réalité. Les femmes ont, en moyenne, un tarif journalier 18% inférieur à celui des hommes
Pourquoi se lancent-elles ?
L’écrasante majorité des freelances, hommes et femmes confondus, déclarent faire ce choix pour la liberté et la flexibilité offerte par ce mode de fonctionnement. Pour les femmes, il apparaît que plusieurs facteurs liés à certaines inégalités peuvent également entrer en compte au moment de s’orienter vers l’entrepreneuriat. Comme le relève, le panorama sur l’entreprenariat féminin réalisé par BPI création, l’absence de flexibilité dans le milieu professionnel, notamment au moment de la maternité, la recherche d’un équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, le sentiment d’avoir atteint un plafond de verre dans son emploi ou encore les inégalités de salaire sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à la décision de se lancer.
La vie de famille a indéniablement un impact plus important sur le travail pour la population féminine. En effet, si les hommes comme les femmes disent avoir du mal à concilier leur vie de famille et leur vie professionnelle, elles sont nettement plus nombreuses (16%) que les hommes (3%) à estimer que leurs responsabilités familiales ont affecté leur temps de travail voire les ont conduites à changer d’emploi.
Ainsi, plus encore que pour les hommes, avoir une activité indépendante s’inscrit, pour les femmes, dans une démarche multidimensionnelle, intégrant plusieurs facteurs qui dépassent la seule volonté de développer une activité économique.
Quel statut plébiscitent les femmes qui se lancent en solo ?
Un statut est particulièrement privilégié par les femmes freelances ces dernières années : le portage salarial. D’après le dernier rapport de branche du secteur en 2019, elles représentent 40% des salariés portés.
Ce dispositif permet au freelance de conclure un contrat de travail avec une société de portage salarial et de bénéficier de l’ensemble des avantages sociaux d’un salarié classique (minimum salarial, assurance chômage, congés payés, retraite, affiliation à la sécurité sociale des salariés, mutuelle, etc.). La société de portage salarial s’occupe de l’ensemble de la gestion administrative du freelance : conclusion d’un contrat de prestation avec le client aux conditions définies par celui-ci, comptabilité, facturation et recouvrement des factures, paiement des cotisations sociales et versement d’un salaire. Le salaire est calculé sur la base du chiffre d’affaires réalisé par le freelance. Il est obtenu après déduction des charges liées à l’activité et des frais de gestion rémunérant les services de la société de portage salarial. Pour se faire une idée précise de sa rémunération, le mieux est de réaliser une simulation de salaire en portage salarial avant de s’engager.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les femmes freelances plébiscitent le recours au portage salarial. Il permet à celles-ci de se lancer avec un « filet de sécurité » tout en conservant la liberté d’organiser leur emploi du temps. Déléguer la gestion administrative à la société de portage salarial représente, par ailleurs, un gain de temps considérable pour ces femmes. Enfin, ce mécanisme permet de bénéficier d’un accompagnement dans son activité en accédant à un réseau d’autres professionnels et de clients potentiels.