Comment Madoff a réussi pendant 48 ans
D’origine modeste, Madoff abandonne ses études de droit et crée à 22 ans sa société d’investissements, qui devient l’une des principales sociétés d’investissements de Wall Street, trés active dans le développement du Nasdaq dont Madoff sera président durant 3 années. Il innove en matière de bourse électronique, monte un fonds d’investissement spéculatif géré discrètement par une société parallèle. Ce fonds gère des placements de gros clients directs peu nombreux, un montant de 17 milliards de dollars en tout : des banques, des fonds et des détenteurs de grosses fortunes personnelles, auxquels il offre un retour sur investissement de 8 à 12 % voire plus. Le recours à des modèles mathématiques financiers, des clients prestigieux et notoires, lui assurent une solide réputation. Roi du marketing, il parvient à sélectionner ses clients et à faire en sorte que devenir son client est un privilège réservé à une élite, ce qui alimente la clientèle et la rassure par une sorte de cooptation élitiste. On s’enorgueillit de profiter des intérêts versés par la Bernard L. Madoff Investment Securities LLC., une des principales sociétés d’investissements de Wall Street.
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Comment Madoff a échoué en une année
A la clôture d’exercice, il déclare détenir tous ses avoirs en liquide, mais il ne publie pas de relevés sur la possession de titres financiers. Les titres sur lesquels il prétend investir, a priori des options sur indices, selon des observateurs, ne sont pas assez liquides pour couvrir un fonds comme le sien. Harry Markopolos, un concurrent, alerte la SEC. Madoff accumule de grosses pertes, et sa méthode s’avère être la cavalerie ou vente pyramidale, il paye les intérêts des premiers investisseurs avec l’argent apporté par les nouveaux clients. La crise financière de 2008 amènent les clients à vouloir récupérer leurs fonds, le système s’écroule, les caisses sont vides. Madoff avoue n’avoir jamais investi l’argent confié. Plus de 8000 plaintes, à 70 ans le président-fondateur de la Bernard L. Madoff Investment Securities LLC. est arrêté le 12 décembre 2008 par le FBI pour escroquerie dite « chaîne de Ponzi », de 65 milliards de dollars. Le 29 juin 2009, le tribunal de New York condamne Bernard Madoff à 150 ans de prison ferme. En 2010, son fils Mark Madoff, est retrouvé mort à son domicile, suivant le suicide du Français Thierry de la Villehuchet juste après le scandale.
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Banques et associations caritatives compromises
Pour Irving Picard, l’administrateur judiciaire, Madoff a des complices. Il réclame donc des milliards de dollars à JPMorgan Chase, principale banque de Madoff, UBS et HSBC, mais aussi à Citigroup, BNP Paribas, ABN AMRO, BBVA, Merrill Lynch, et à de nombreuses autre banques ou fonds. Des membres de la famille Madoff et certains rabatteurs sont poursuivis. Ses clients les plus surprenants : des associations caritatives à but non lucratif juives, America Israel Cultural Foundation, une fondation de soutien aux artistes et institutions culturelles juives, The American Committee for Shaare Zedek Medical Center, United Congregations Mesorah, association religieuse, Hadassah, organisation des femmes sionistes… Les plus gros perdants en France et en Europe : Natixis SA, Royal Bank of Scotland BNP Paribas, BBVA, AXA SA… La Securities Investor Protection Corporation (SIPC), une organisation parrainée par l’industrie offre une protection financière aux investisseurs, paie plus de 290 millions de dollars à des cabinets d’avocats et des consultants. Avocats et consultants traquent et recouvre des fonds. Il serait naïf de penser que d’autres Madoff ne sont pas à l’oeuvre et que d’autres personnes seront ruinées, spoliées par des opérateurs qui profite du système qui n’a pas été réformé en profondeur et laisse toute liberté à de nouvelles folies financières.