Raison d’être : une prise de conscience générale
Regardé avec curiosité voire incrédulité pendant longtemps, le sujet est désormais au cœur des débats et des réflexions qui animent jusqu’aux plus hautes sphères de l’état. L’objectif est simple et vital : redonner une place et un rôle moteur aux entreprises de notre pays.
Le constat est largement partagé : il est urgent de rompre avec un modèle obsolète où l’entreprise délaisse ses collaborateurs et le monde qui l’entoure pour se focaliser sur ses profits et les intérêts de quelques-uns.
Preuve que les choses avancent, le 9 mars dernier, la mission Notat-Sénard, remettait ses conclusions au gouvernement. Une préconisation ressort : la raison d’être doit venir enrichir l’objet social des entreprises dans le Code Civil. S’il ne s’agit, à ce stade, que de mots et d’un rapport, il est particulièrement intéressant pour quelqu’un comme moi, qui milite dans ce sens depuis des années, de voir apparaitre des valeurs et des concepts qui deviendront bientôt des évidences et une réalité.
Comme l’écrivent Pierre Giacometti et Alain Péron dans Les Échos, l’émergence de la raison d’être correspond à une « exigence de sens (qui) grandit dans l’opinion ». Un sens qui « oriente et éclaire les choix stratégiques » des entreprises mais qui implique et inspire des collaborateurs qui adhèrent à des objectifs, des valeurs. Partagée par tous, la raison d’être touche à ce qu’il y a de plus profond dans l’entreprise, ce qui la qualifie.
Raison d’être : au cœur de Holacracy
Il est particulièrement exaltant de voir que vos convictions font du chemin. Depuis plus de dix ans, j’ai eu le plaisir d’accompagner plus d’une soixantaine d’entreprise dans leur adoption de Holacracy, un nouveau système managérial qui prône l’abandon des organisations hiérarchiques au profit d’organisations centrées sur leur raison d’être et qui mettent le collaborateur au cœur de leur démarche.
Il y a quelques jours, juste avant la publication du rapport de la mission Notat-Sénard, j’assistais un dirigeant et ses équipes dans leur réflexion autour de la raison d’être de leur entreprise, le groupe Arcadie. Parfaitement au fait de Holacracy, Mathieu Brunet, codirigeant, a su définir de façon limpide ce qu’est la raison d’être de son entreprise. Chaque organisation a la sienne, elle est un trait d’union entre les origines et une vision stratégique et partagée de l’avenir. Dans le cas d’Arcadie, la raison d’être commence par ces mots : « le choix de la responsabilité et de l’innovation ». Trois mots, choix – responsabilité – innovation, qui traduisent la volonté d’œuvrer voire de « militer » en faveur d’un monde meilleur, en faisant de l’organisation et de chacun le moteur de la réussite.
Pour parvenir à ce résultat, un questionnement finalement assez simple émerge. Mathieu Brunet le résume ainsi : qu’est-ce qu’on fait ? Comment on le fait ? Et, surtout, pourquoi on le fait ? Une dernière question que l’on se pose rarement alors qu’avec elle on est au plus près de la raison d’être : « On pourrait choisir de fabriquer d’autres produits que notre raison d’être resterait la même ! » explique-t-il.
Holacracy, une boussole pour tous
Véritable « substantifique moelle » de l’entreprise dans son environnement, la raison d’être porte en elle une ambition que Holacracy permet, à terme, de réaliser.
Tout sauf un simple outil d’intelligence collective, laissant libre chaque manager d’y aller ou non, Holacracy propose un système qui organise, régule et structure, qui est au centre de la raison d’être. Elle propose une autre façon d’exercer le pouvoir. A ce titre, elle concerne et implique l’ensemble de l’organisation et ne peut être considérée comme optionnelle. Comme la boussole indique invariablement le Nord, Holacracy se met, tout aussi invariablement, au service d’une raison d’être que tous, sans exception, connaissent et partagent.
Entrepreneur (Président-Fondateur du cabinet Eurexpert Conseil) et dirigeant de grandes entreprises (Executive Director chez CAPGEMINI, Senior Partner chez Ernst & Young, Président, Président de Gedas, filiale du groupe Volkswagen), il quitte le monde de l’entreprise en 2005. Formé à la médiation (CAP’M), à l’executive coaching (HEC), l’intelligence collective (JF Noubel)… il fonde IGI Partners pour partager ses connaissances et en faire profiter les organisations. Il découvre en 2010 l’Holacracy® et se focalise sur ce nouveau management. Certifié Master Coach (premier en Europe), le plus haut degré de certification en Holacracy.