Édouard Leclerc est décédé ce 17 septembre 2012 à Saint-Divy dans le Finistère. Fondateur de l’enseigne de grande distribution E.Leclerc, son fils Michel-Édouard Leclerc dirige son entreprise. La saga Leclerc commence en 1949 quand il ouvre son premier magasin, à Landerneau. Elevé dans un contexte catholique, scolarisé au Petit Séminaire des Prêtres du Sacré-Cœur à Neussargues dans le Cantal, il poursuit après la guerre sa formation religieuse et étudie la philosophie. Il renonce à la prêtrise et ouvre en décembre 1949 une petite épicerie à Landerneau qui vend uniquement des biscuits Labour, achetés directement à un producteur de Pontivy à un prix 30 % plus bas que celui des autres commerçants.
Il réinvestit ses bénéfices dans son « centre distributeur E. Leclerc » et propose une gamme de plus en plus large de produits : huile, farine, sucre… Les clients affluent ce qui inquiète les commerçants qui font pression sur les fabricants pour qu’ils cessent de livrer E. Leclerc. Le Prefet voit dans l’initiative du jeune breton une réponse à l’inflation, qui préoccupe les gouvernements de la Quatrième République. Le ministre des Finances et des Affaires économiques Edgar Faure prend un décret en 1953 pour lutter contre les pratiques commerciales restrictives, comme le refus de vente. En 1955, un autre indépendant ouvre un centre distributeur à Saint Pol de Léon appliquant la formule commerciale d’E. Leclerc. L’année suivante, des grossistes des Côtes d’Armor font de même à Tréguier, Lannion, et à Saint-Malo tandis qu’Édouard Leclerc ouvre son premier centre distributeur textile. En 1957, le mouvement compte 9 centres distributeurs, tous bretons. Pas de contrat, pas de lien financier entre Édouard Leclerc et ces épiciers mais l’obligation de grouper les achats. E. Leclerc leur restitue la totalité des ristournes accordées par les fabricants.
En novembre 1959, le mouvement compte seulement 14 membres hors de Bretagne. Édouard Leclerc ouvre en propre un centre distributeur à Grenoble. La course au bas prix engendre l’implantation d’un centre distributeur entre les différents commerces de la ville. En 1959, il confie à Jean-Pierre Le Roch l’implantation du premier centre distributeur en région parisienne, à Issy-les-Moulineaux . On parle maintenant du « Mouvement E.Leclerc ». Entre 1959 et 2003, il fonde l’Association des centres distributeurs E. Leclerc (ACDLec), qui réunit tous les commerçants utilisant son panonceau. Il se consacre à la diffusion de ses idées., milite avec Max Théret (fondateur de la FNAC avec André Essel), en faveur d’une réforme fiscale favorisant les circuits commerciaux courts. En 1960, il dénonce à nouveau les pratiques anticoncurrentielles des concurrents, les pouvoirs publics garantissent avec la circulaire Fontanet, de 31 mars 1960, la libre concurrence dans le commerce.
En 1964, il y a 420 centres distributeurs. Edouard Leclerc se convertit aux très grandes surfaces de vente en ouvrant un Super Centre à Landerneau en 1965 et un véritable hypermarché à Brest en 1969. Les adhérents doivent être pleinement propriétaires de leur magasin. En désaccord en 1969 sur ce point, et plus généralement une divergence profonde sur l’architecture du Mouvement, des adhérents menés par Jean-Pierre Le Roch quittent le mouvement pour fonder les « les Ex », futur Intermarchés.
Édouard Leclerc se consacre alors pleinement à la refondation du Mouvement. Il milite contre la loi Royer, votée en décembre 1973, qui établit un contrôle de l’implantation des grandes surfaces par des commissions locales, multiplie les conférences, est présent sur les plateaux télévisés. En 1978, il reprend les abattoirs de Gilles dans les Côtes d’Armor. Dès les années 1970, il cherche à briser les monopoles et à libérer les secteurs protégés : les marchés des carburants, des livres, des produits pharmaceutiques, des parfums, de l’or, des voyages…
Dans les années 1990, après un échec aux États-Unis, le premier centre polonais est inauguré en 1995, puis en Pologne, en Espagne, en Italie, au Portugal… En 2005, il cède la présidence de l’ACDLec à son fils Michel-Edouard Leclerc, co-président depuis 1988. Le Mouvement est alors la première enseigne française de distribution avec des adhérents propriétaires de leur magasin et ne versent aucun pourcentage de leur bénéfice au fondateur. Le mouvement Leclerc réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 37,8 milliards d’euros (2011) avec le carburant en croissance de 8,1 % par rapport à 2010 et emploie plus de 94 000 personnes. Un homme qui est l’exemple exceptionnel de l’ambition de notre ligne éditoriale.
Sources Site Leclerc Le blog Michel Edouard, Wikipedia et youtube lire aussi Chasseurs de tête : faut-il investir sur eux ?