La startup implantée à Nice depuis 2011 est la création de trois associés, Jean-Manuel Rozan, Patrick Constant et Eric Léandri, qui préside la société. L’affaire de Cambridge Analytica, et la promulgation du RGPD au sein de l’UE en janvier dernier (le Règlement Général sur la Protection des Données) boostent la popularité des trois hommes, à la hauteur de la défiance des utilisateurs de Facebook, Google et des GAFAM en général.
Qwant équivaut à « la Suisse du net »
Qwant* établit ses requêtes dans plusieurs pays européens, à partir d’un mix entre les recherches des algorithmes, des recommandations issues de Facebook, et des résultats alliant plusieurs types de sources issues du net, des plateformes et des réseaux sociaux. En clair, son système d’indexation est plus ouvert que celui de Google. Mais son gros point fort, qui attire moult nouveaux utilisateurs après les scandales des GAFA, vient de sa position en matière de traitement des données personnelles. Il se refuse à tracer ses utilisateurs : aucun historique de recherche n’est conservé, aucun cookie n’est installé, et il avance la garantie pour l’utilisateur de ne subir aucune bulle filtrante à travers ses requêtes. Pour reprendre les dires de son Président Eric Léandri, Qwant s’apparente à « la Suisse du net ». « Nous ne leur disons pas [aux investisseurs] que nous allons concurrencer Google, mais que nous allons faire une alternative. », souligne-t-il dans une interview aux Échos. Et ça marche ! Depuis le mois de mars, le moteur de recherche voit le nombre de ses utilisateurs croître de 20 % par jour contre 20 % par mois avant le scandale Cambridge Analytica.
Une vision de la sécurité informatique portée depuis plus de 20 ans
Cette belle utopie du Web, Eric Léandri la porte depuis de nombreuses années. D’origine corse, il fait ses études à Aix-en-Provence, obtient un diplôme d’ingénieur télécom à l’université de Derby (Royaume-Uni) en 1993, et entame sa carrière au sein du groupe indien United Breweries. En 1998, il rentre en France et monte sa première société baptisée Mediacom, spécialisée dans les transmissions de données par réseaux hertziens. L’homme se fait un nom dans la sécurité informatique, sa passion, au point d’assurer plusieurs missions de consultant sur le sujet auprès de gouvernements et de grands groupes internationaux. Entre 2007 et 2008, il assure la gestion de Trustmission, une société spécialisée dans la dématérialisation des factures et des courriers, puis entre chez Mobilegov, un éditeur de logiciels chargé d’authentifier les données. Sa vision d’un Internet plus neutre naît à la fin des années 2000 et se concrétise avec Qwant en 2011.
Un moteur de recherche pour enfants et une volonté de diversification
La startup, à son deuxième tour de table fructueux, voit son moteur de recherche crédité d’un trafic en France (44 % du trafic), en Allemagne (29 % du trafic), en Italie (8 %), au Luxembourg, en Belgique, en Suisse, au Portugal et en Chine (via les requêtes de nos expatriés). Il entame un amorçage au Canada. Son ambition est évidemment internationale même si les États-Unis ne sont pas parmi ses priorités, à cause du Patriot Act et du Freedom Act. Parmi les autres défis relevés par Qwant, figure son service de recherche de musiques lancé en 2016 que l’utilisateur peut alimenter lui-même ; Qwantjunior, un moteur de recherche pour enfants basé sur des sites reconnus par l’Éducation nationale, qui blackliste les sites à caractère violent, sexuel et les sites de e-commerce). Enfin, cette année, Qwant lancera une messagerie instantanée, un système de paiement en ligne, un coffre-fort de stockage des données personnelles pour les Internautes et enfin un moteur de recherche dédié aux jeux et un autre dédié à la science. Gageons que d’ici quelques années, Qwant qui appartient aujourd’hui à hauteur de 20% à la Caisse des dépôts et consignations et au groupe allemand Axel Springer, sera la nouvelle référence en matière d’indexation de l’information.
*La marque Qwant vient de la réunion de la lettre Q (pour Quantités, masse de données ou aussi Quantique) et du mot anglais « want » ou « wanted » pour recherché.