Fondatrice de Paris Pionnières, puis de Fédération Pionnières, qui regroupe des incubateurs au féminin d’entreprises innovantes (14 en France, 6 au Maroc et 2 au Bénélux), dirigeante de Fincoach, société qui accompagne les entrepreneurs dans leurs stratégies financières, Frédérique Clavel préside également depuis décembre 2012 l’Agence pour la création d’entreprises (APCE), qui joue actuellement sa survie faute de subventions suffisantes. Dans cette interview exclusive, elle tire le bilan de son action à la tête de l’APCE et explique pourquoi elle ne se représentera pas pour un deuxième mandat le 29 avril prochain.
L’APCE va t-elle mettre la clé sous la porte faute de financements ?
Après le conseil d’administration du 16 avril dernier, je peux dire que toutes les forces se sont mises en marche pour boucler le budget qui représente un peu plus de 6 millions d’euros. Nous avons la quasi-assurance d’un financement avec la participation des consulaires, mais nous attendons le conseil d’administration du 29 avril pour que cela soit confirmé. Je rappelle que nous avons obtenu en 2012 et 2013 les aides de l’Etat que nous souhaitions (3,9 millions d’euros chaque année sur un total de 6 millions).
Quoiqu’il en soit, je ne me représenterais pas pour présider l’APCE, car j’estime qu’il faut laisser la place à la nouvelle gouvernance qui sera mise en œuvre pour suivre les recommandations du rapport remis fin janvier par Dominique Restino et Thierry Bert à Fleur Pellerin, la précédente ministre des PME. Je suis d’ailleurs complètement en phase avec les recommandations de ce rapport qui préconise une restructuration de l’agence avec une part de l’Etat qui ne soit plus majoritaire (l’Etat finance actuellement l’agence dans une proportion de 52%, 48% provenant de recettes privées).
Quel bilan tirez-vous de votre action à la tête de l’APCE ?
J’ai effectué à la tête de l’APCE seulement un demi-mandat de 18 mois car j’ai remplacé Jean-Claude Volot, qui était démissionnaire. C’était au moment de l’épisode des pigeons (mouvement de défense des auto-entrepreneurs) et je pensais avoir quelque chose à faire pour réconcilier le gouvernement avec les créateurs d’entreprise. Nous avons abouti à l’organisation des assises de l’entrepreneuriat qui ont été lancées en avril 2013 par Fleur Pellerin. Le site internet de l’APCE s’affirme comme incontournable pour qui veut se renseigner sur la création d’entreprises. Il est la première source d’information pour tous les créateurs d’entreprises : ceux-ci sont près de 700 000 visiteurs uniques chaque mois (en 2013 le montant cumulé atteint 10 millions de visites).
Nous avons également lancé fin 2013 un réseau social, Spotcréa.fr, pour que les créateurs d’entreprises puissent échanger entre eux et capter une intelligence collective. Nous avons également créé deux sites s’adressant à des publics spécifiques : Entreprisesdesquartiers.fr (décembre 2013) et Ellesentreprennent.fr (février 2014) avec l’aide du ministère des Droits des femmes. En 2014, nous poursuivons des efforts en direction des jeunes et des starts-up.
Une recette pour lutter contre le chômage ?
Si les femmes créaient autant d’entreprises que les hommes, nous pourrions résoudre le problème du chômage ! En comptant une moyenne de 100 000 entreprises de plus par an, au bout de 10 ans, il y aurait 1 million d’entreprises créées qui embaucheraient 5 millions de salariés (moyenne de 5 salariés par entreprise). C’est pourquoi je vais poursuivre mon action à la tête de Fédération pionnières : nous avons soutenu l’année dernière plus de 400 projets. Et pour se développer encore plus, nous allons plus travailler avec les réseaux mixtes.
(Propos recueillis par Sophie Lhameen)