Un champion qui se sait se vendre
Alors qu’il décide de mettre fin à sa carrière de skieur à seulement 28 ans, Jean Vuarnet capitalise sur son titre olympique glané en 1960 et se vend pour raconter son histoire sportive : « J’ai commencé ma reconversion en présentant un film sur ma victoire olympique lors des Conférences du Monde. Pensez ! On a fait six salles Pleyel archi combles »*. Une activité aujourd’hui très courante chez nos champions : Alain Bernard (natation), Edgard Grospiron (ski de bosses), Jérôme Fernandez (handball), tous ces médaillés d’or olympiques interviennent plus ou moins régulièrement en entreprise pour diffuser les valeurs de leur sport. Une bonne manière de gagner sa vie et de cultiver son réseau.
Faire toujours mieux que la concurrence
Avec un état d’esprit de gagneur, Jean Vuarnet a toujours cherché à faire mieux que ses adversaires. Sur les skis d’abord, il a sans cesse innové afin d’être le meilleur. C’est ainsi qu’il est devenu l’inventeur de la position de l’œuf (schuss) mais aussi d’une machine dédiée au ski d’appartement. Il est aussi le premier champion olympique sacré sur des skis métalliques. Par la suite, lorsqu’il se lance dans les affaires, avec ses magasins de sport et sa fameuse paire de lunettes, il cherche toujours à être le premier. A l’affût d’idées nouvelles, il regarde ce qui se fait dans d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Canada où il passe une grande partie de sa vie. Pour recevoir la sélection “papier” du magazine une fois par mois, cliquez ici
Créer un produit unique et novateur
C’est avec des lunettes dotées du fameux verre Skilynx lui permettant d’éviter l’éblouissement par grand soleil et d’augmenter la luminosité quand il y a des nuages que Jean Vuarnet remporte la médaille d’or de descente des Jeux Olympiques en 1960, à Squaw Valley aux Etats-Unis. A l’issue de cette victoire, il décide de s’associer avec Roger Pouilloux, opticien, pour créer une marque à leur image : innovante, performante et élégante. La marque Vuarnet va devenir une icône de la lunetterie française et une référence sur le marché international de la lunette solaire grâce à la qualité inégalée de ses verres. Vuarnet reste aujourd’hui l’un des rares à n’utiliser que des verres minéraux. Des verres toujours fabriqués en région parisienne.
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Homme de défis, sûr de ses idées
Lorsqu’on lui propose de prendre en main un de ces projets de développement qui devaient participer à la re-dynamisation des Alpes au début des années 60, Jean Vuarnet se lance dans l’aventure. Le trentenaire regarde alors vers le site vierge d’Avoriaz, au-dessus de Morzine, sa station et par-delà les crêtes, frontières avec la Suisse. Inspiré par le pionnier Emile Allais, grand traceur de stations, Vuarnet, homme de défis, fait du rêve une réalité. « Avoriaz, vous savez, ça n’a pas été de tout repos ! Il a fallu que je trouve des investisseurs. Des gens qui y croyaient (…) Il fallait tout faire, tout organiser. Mais nous avons quand même réussi, entre autres, à construire le plus gros et le plus rapide téléphérique de l’époque.» Vuarnet fait en sorte que la station d’Avoriaz soit reliée à ses voisines helvétiques. C’est ainsi que naît en 1964, « les Portes du soleil », l’un des plus grands domaines skiables au monde avec 650 km de pistes interconnectées (12 stations reliées). « Je voyais déjà des champs de neige équipés pour le ski (…) d’emblée j’avais compris qu’il fallait aller jusqu’en Suisse », racontera quelques années plus tard ce visionnaire.
*Interview du 28 mai 2009 : Jean Vuarnet : « Pour avoir des skis, c’était toute une histoire ! » Le Messager.fr
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