Lars Rieben Sørensen : le management « à la scandinave »

Lars Rebien Sørensen credit themalaymailonline.com

Novo Nordisk, une entreprise traditionnelle et ultra spécialisée

Novo Nordisk a été fondée en 1920 à Copenhague dans le but de produire de l’insuline (à base humaine et artificielle). L’entreprise est pionnière dans le domaine et a démarré tout juste après la découverte de l’insuline dans la lutte contre le diabète. Aujourd’hui, même si Novo Nordisk détient quelques parts de marché dans les hormones de croissance ou les traitements contre l’hémophilie, sa position reste le marché du diabète sur lequel elle s’est développée et ultra spécialisée. Novo Nordisk contrôle quasiment la moitié du marché des produits à base d’insuline et dédiées à la maladie. 80% de ses revenus sont issus du traitement du diabète.  

L’ultra spécialisation, une stratégie très scandinave,
selon Lars Rieben Sorensen

Lars Rieben Sørensen, né en 1954, est diplômé de l’Université Agricole puis de la Copenhagen Business School. Il entre chez Novo Nordisk peu de temps après la fin de ses études et gravit les échelons doucement, jusqu’au poste de PDG qu’il obtient en 2000. Aujourd’hui, il soutient la stratégie de spécialisation de l’entreprise à 100 %. Il l’attribue d’ailleurs à un style « très scandinave » à mille lieues des approches américaines, généralement plus agressives et tournées vers des intégrations horizontales.  Dans une récente interview donnée à Harvard Business Review, il explique : « j’ai toujours considéré qu’il valait mieux s’attaquer à ce que l’on connait, faire ce que l’on sait bien faire », particulièrement sur le créneau médical où les incertitudes de la recherche et les retours sur investissements potentiellement longs laissent peu de place à une approche itérative des nouveaux marchés.
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Des tentatives de diversification qui ont échoué

À titre d’exemple, il cite la période où l’entreprise Novo Nordisk a tenté de pénétrer le marché de la surveillance glycémique, pourtant complémentaire à celui de l’insuline. L’expérience s’est soldée par un échec cuisant, la technologie pour ce type de produits n’étant pas maîtrisée par l’entreprise, la réglementation différente, les stratégies de distribution, us et coutumes du marché aussi. A l’époque, Lars Rieben Sørensen avait lui même validé le projet et participé à cette stratégie de diversification. Aujourd’hui, il a bien retenu la leçon.

Guérir le diabète : bien plus qu’une stratégie,
une volonté de changer le monde

Depuis qu’il occupe le poste de PDG, l’homme tient donc la barre de la spécialisation si chère à Novo Nordisk. Son objectif : penser rentabilité à long terme, environnement, mais aussi responsabilité sociale. Au début de son mandat, il crée la Fondation mondiale du diabète, organisation à but non lucratif indépendante destinée à développer les compétences d’experts dans les pays où le diabète est mal traité, notamment sur le continent africain, en Asie de l’est et en Amérique latine. Pour financer la fondation, l’entreprise récupère une part de ses recettes. Son rêve le plus cher ? Guérir le diabète, même si, évidemment, l’entreprise perdrait la plus grande part de sa rentabilité. « Si nous parvenons à guérir le diabète (…) Nous pourrons en être fiers (…). Nous aurons œuvré à la réalisation du plus grand service social que toute entreprise pharmaceutique puisse fournir, ce serait là quelque chose de phénoménal. », dit-il souvent à ses équipes salariées, sans oublier de préciser qu’elles retrouveront du travail sans soucis en cas d’effondrement de l’entreprise.  Investi dans la cause qu’il sert, Lars Rieben Sørensen fixe des prix différents selon les pays dans lesquels il revend ses produits, pour que toutes les populations aient accès à une insuline de qualité.
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La gestion d’équipes sur le modèle du consensus

Pourtant, il n’en oublie pas sa mission première,  à savoir croître et rentabiliser Novo Nordisk. Il gère ses équipes sur le modèle du consensus « très scandinave », comme il le décrit, dont l’objectif est d’arriver à un accord avec ses collaborateurs pour chaque prise de décision, au risque de devoir faire passer l’objection devant le conseil d’administration de la firme. Selon lui, la réussite d’une entreprise repose sur un travail de fond autour de  trois questions : « Quelles sont les forces de l’entreprise ? » ; « Quelles sont ses capacités ? » ; « Quels risques est-elle prête à prendre ? ». De ses réponses, l’entreprise peut alors bâtir sa vision à long terme, et croître petit à petit jusqu’au succès durable, comme le fait Novo Nordisk depuis 1920 et Lars Rieben Sørensen depuis 16 ans.

Christelle Ibach, Rédactrice pour Cadre Dirigeant Magazine, Strasbourg: Christelle Ibach, dirigeante d’une agence éditoriale spécialisée dans l’actualité fiscale, la finance et la gestion, correspondante pour la presse écrite et fondatrice du web média Tendance Entreprise, elle s’intéresse de près à l’entrepreneuriat et aux nouveaux modèles économiques.