Après 10 ans, l’auto-entreprise est toujours un succès
À sa création en 2009, le régime auto-entrepreneur a immédiatement attiré les foules. 320 000 personnes sautent le pas, contre seulement 107 000 créations d’entreprises individuelles classiques et 151 000 créations de sociétés. Et 10 ans plus tard, le succès continue ! En 2017, les nouveaux micro-entrepreneurs étaient 241 000, soit 8 % de plus qu’en 2016. En novembre 2018 : grand boom, l’INSEE immatriculait 28 % de micro-entreprises en plus sur 12 mois (données arrondies à la baisse).
Qui sont les auto-entrepreneurs
Ce dynamisme caractéristique du régime auto-entrepreneur s’explique essentiellement par sa grande souplesse, tant au niveau des formalités administratives que de son fonctionnement global (comptabilité et calendrier de paiement social simplifiés). Dans ce contexte favorable, de nombreux auto-entrepreneurs/micro-entrepreneurs sont en fait des salariés qui profitent de cette facilité pour créer un complément de revenu, ils n’auraient pas tenté l’aventure entrepreneuriale sans l’existence du régime.
Autre tendance : l’auto-entreprise s’avère souvent un premier essai, une voie de test d’activité avant d’évoluer vers un statut juridique plus lourd (entreprise individuelle au régime du réel ou société). Attention, cette option n’est intéressante qu’à condition d’avoir peu d’investissements, car le régime de l’auto-entreprise vous ne pouvez pas déduire les frais, ni de récupérer la TVA, ni de protéger votre patrimoine personnel. Enfin, il y a les travailleurs indépendants qui vivent (ou tentent de vivre) de leur activité entrepreneuriale, avec pour objectif de rester durablement sous ce régime.
Une formule gagnante avec des avancées bienvenues
Quoi qu’il en soit, l’auto-entreprise s’est avérée la formule gagnante pour encourager l’entrepreneuriat en France (à tort ou à raison). Durant ces 10 années, le gouvernement a réalisé plusieurs avancées : le doublement des plafonds de chiffre d’affaires, entré en vigueur en 2017 dans l’optique de maintenir plus longtemps les bénéfices du régime ; la fusion du RSI avec la Sécurité sociale (Sécurité sociale des indépendants) pour faciliter le relationnel avec les caisses sociales, en diminuant le nombre d’interlocuteurs (et de formalités) pour les auto-entrepreneurs.
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Des critiques qui perdurent
Malgré ses avantages, l’auto-entreprise a connu plusieurs crises majeures durant ces 10 années de service. La première a pour origine le secteur de l’artisanat qui y voit une concurrence déloyale (pas de TVA, peu de contrôle de réglementation). L’immatriculation et le stage obligatoires pour les artisans auto-entrepreneurs sont issus de cette contestation au 1er janvier 2015, comme le maintien des plafonds d’assujettissement à la TVA également. La deuxième vague « anti » est née de l’économie numérique et de l’ubérisation des entreprises. Le régime s’est révélé la solution facile pour faire appel à de la main-d’œuvre précaire, sans embauche, sans protection sociale et à moindre coût, à l’instar d’Uber ou des nombreuses startups de livraisons de repas. « Les livreurs à vélo de Deliveroo, (…) revendiquent le droit à un revenu stable, à un revenu minimum, (…) à mener des négociations », disait récemment le secrétaire confédéral de la CGT Fabrice Angéi. On notera toutefois une augmentation globale du chiffre d’affaires moyen déclaré par les auto-entrepreneurs actifs. Au dernier trimestre 2017, il s’élevait à 3 664 euros mensuels, représentant une hausse de 4.5 % sur un an. Comme le dit François Hurel, président de l’Union des auto-entrepreneurs, le régime « a résisté au fil du temps à tous ceux qui ont voulu le complexifier », ce qui fait sa force et son succès. Gageons que le gouvernement continuera sur cette lancée. Cette année, la loi PACTE prévoit de nouvelles simplifications pour l’auto-entrepreneur et la loi Pénicaud 2 envisage de renforcer sa protection sociale.
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