Les instances politiques de notre pays sont en train de perdre toute notion de la réalité des entrepreneurs. Crise énergétique qui succède à une crise sanitaire (pas encore terminée), remboursement des PGE, grèves à répétition, pénurie dans les recrutements de tous horizons… Les TPE et PME de notre pays sont prises à la gorge aujourd’hui. Et demain, nous n’aurons plus de salariés car personne ne fait la promotion du travail et de l’entreprise. C’est dommage pour un pays dont le tissu, les valeurs et le fonctionnement économique reposent beaucoup sur les petites et moyennes entreprises. C’est l’heure de revoir ses priorités. Et ça urge !
La valeur travail en voie d’extinction !
Demain, nous n’aurons plus de salariés. Il faut très vite revenir à un principe de réalité. Et la donne est simple : plus d’entreprise, plus de possibilité de revenir sur la dette. Le seul moyen. Les politiques de tous bords ou secteurs d’influences se trompent de combat. Le gouvernement ? Qu’il arrête de ne rêver que de start-up et de licornes. La droite ? Elle se focalise sur la dette en oubliant qu’il faut d’abord créer de la richesse pour espérer la rembourser. Les médias ? Stop au pessimisme !
La clé pour sortir de ce marasme concerne la réhabilitation de la valeur travail, dont plus personne ne se préoccupe. Après l’avènement du « distanciel » comme modèle du nouveau « vivre ensemble », ont suivi les 6 mois de campagnes électorales où pas une seule voix ne s’est faite entendre pour rappeler le rôle primordiale des entreprises et défendre la valeur travail. Aucun politique ne s’est élevé pour rappeler que l’émancipation des femmes s’est faite en partie grâce au travail ; et encore moins pour oser dire que le travail, c’est un salaire mais aussi la création de liens pour mieux vivre ensemble. Et donc, l’équation est simple : si on ne revalorise pas la valeur travail, il n’y aura plus d’entreprises. C’est ce combat sur lequel il faut se concentrer ! Sans revalorisation de la valeur travail, aucun projet politique ambitieux ne verra le jour.
Caisse magique et monde d’après : il est temps de lever ces mirages
Le gouvernement a maintenu cette chimère d’un Etat qui, grâce à une caisse magique, n’a plus besoin des entreprises et de leurs salariés pour produire de la richesse. C’est l’effet pervers d’un « Quoi qu’il en coûte » mal expliqué, mis en place pour garder en vie les entreprises et qui au final se retourne contre elles car elles n’arrivent plus à recruter. Pourtant, il manque des salariés à tous les postes dans tous les métiers. 1 million de salariés minimum ont disparu dans ce monde d’après où la valeur travail n’existe pas, où les hausses massives de salaires s’accompagneraient d’un retour à la campagne et d’une place prépondérante des loisirs, où l’entreprise est une démocratie participative au service des exigences de chacun, où on sauve la planète par la décroissance… Chimère ici aussi, personne n’y croit réellement !
En revanche, il est question plus que jamais du « pouvoir d’achat », d’augmenter les salaires, sans se soucier une seule seconde de savoir comment les entreprises pourraient distribuer une richesse supplémentaire qu’elles ne peuvent pas créer, entre autres, à cause de la pénurie de personnel. La restauration, un des secteurs sur lequel nous intervenons, est un parfait exemple de cette perte de réalité : tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut augmenter les salaires pour garder les talents, réaliser des achats vertueux au juste prix… Mais en absorbant la hausse de l’énergie, et le remboursement des PGE. Le tout, sans augmenter les prix pour ne pas impacter le pouvoir d’achat des Français, eux aussi touchés par les augmentations de gaz ou d’essence. Magique !
qui produisent en France ont des rentabilités qui ne permettent pas d’augmenter les salaires sans augmenter leurs prix de vente que leurs clients ne pourront pas (ou ne voudront pas) payer. La seule solution à effet immédiat est donc de baisser les charges salariales et patronales en même temps et puissamment. Toutes les autres solutions et aides ne valorisent pas la valeur travail et parasitent les relations entre le patron et le salarié qui ne sait plus s’il doit être redevable à l’entreprise ou à l’Etat. Si les salariés qui se battent pour leur entreprise ne gagnent pas assez c’est parce qu’ils coûtent trop cher ; et hélas, ce n’est pas eux qui en profitent.
Entrepreneurs ? Eux aussi des héros du quotidien !
N’en déplaise à une partie (bruyante) de la classe politique, le travail n’est pas l’ennemi à abattre et l’immense majorité des chefs d’entreprise sont des gens bien qui se lèvent chaque jour pour faire coïncider l’intérêt de l’entreprise et celui de leurs salariés donc du pays. D’ailleurs, les Français ne s’y trompent pas et aiment les PME ; comme des millions de salariés aiment leur entreprise ainsi que leur travail. Une entreprise c’est du collectif, des gens qui se voient et qui échangent.
Cette notion du collectif est cruciale. A l’échelle du pays, artisans, commerçants, très petites, petites et moyennes entreprises, personne ne doit être laissé pour compte. Quand le Président de la République parle d’un dispositif destiné à amortir la flambée des prix de l’énergie pour aider 400 000 TPE qui jouent leur survie, j’applaudis des deux mains. Mais très vite, en même temps, je déchante… Et les PME ?! Je ne peux m’empêcher de penser à ces 150 000 entreprises et leurs 4 millions d’emplois qui subissent les mêmes problèmes et donc jouent leur survie de la même manière ! Et par extension, l’écroulement de notre système économique ! Nous devons être tous solidaires.
Dans ce contexte où ces entreprises sont prises à la gorge, je ne peux que regretter le timing désastreux de la réforme des retraites. D’une part parce que les artisans, les commerçants, les TPE, les PME mais aussi les ETI seront nombreux à ne pas pouvoir encaisser un nouveau blocage du pays pendant plusieurs mois. D’autre part, parce que la valeur travail sera encore foulée du pied à coup de slogans type « travailler plus longtemps, l’enfer qui se prolonge », nourrissant un peu plus tous ces mirages. Au jeu des priorités, il faut faire preuve de bon sens économique : aujourd’hui les entreprises jouent leur vie ! C’est d’abord en revalorisant l’expérience, la transmission du savoir et bien entendu le travail que l’on pourra enclencher cette réforme.