Jusqu’à 130 heures de travail
par semaine et des centaines
de licenciements
« Les employés “sous-performants”, soit ceux qui ont manqué leurs objectifs au moins deux fois au cours des cinq derniers trimestres seront licenciés ». Telle a été la méthode appliquée par Marissa Mayer à son arrivée à la tête de Yahoo! en juillet 2012. Ce système de notation des salariés, inventé dans les années 80, a pourtant été abandonné progressivement par les entreprises et seuls 5% d’entre elles parmi les plus grands comptes mondiaux l’utilisent encore au début des années 2010, contre 20% deux ans auparavant. De manière générale, Marissa Mayer n’en a que faire. La femme d’affaires est là pour restructurer Yahoo! – alors en recherche d’un nouveau positionnement – à coup de fusions, acquisitions et reventes de parts en tout genre, entraînant le licenciement de 600 collaborateurs et le départ volontaire d’une trentaine de cadres, pourtant placés à de hauts postes stratégiques.
Bourreau de travail (elle raconte pouvoir travailler jusqu’à 130 heures par semaine et planifier les horaires pour prendre sa douche, aller aux toilettes…), Marissa Mayer est sollicitée par Yahoo! pour sa réputation de dure à cuir, mais aussi pour son parcours brillant au sein de la Silicon Valley.
En 1999, deux étudiants montent
une petite startup qui s’appelle
Google, Marissa les rejoint
Lorsqu’elle sort de l’université en 1999, diplômée d’ingénierie informatique, elle est immédiatement sollicitée par une quinzaine de grandes entreprises des nouvelles technologies, mais elle décide de répondre à une petite startup californienne, fondée par deux étudiants de l’Université et dont le courriel s’intitule « Travailler chez Google ? » Elle devient la première femme ingénieure de la société et y dirige la stratégie de gestion des produits de recherche que l’on connait : Google Actualités, Google Labs, Gmail, la barre d’outils Google… C’est à Marissa Mayer que revient le design épuré de la page d’accueil de Google ! C’est aussi durant ces années qu’elle entretient une relation avec Larry Page (célèbre cofondateur de la société), mais en 2011, ce dernier l’écarte du comité opérationnel. Elle claque la porte du géant du Web (et celle de son petit ami) et débarque chez Yahoo!.
Une discipline de fer n’a pas suffi
Mais en 2012 déjà, la société peine à trouver sa place « Il fait tout, mais il n’est leader sur rien, disait le capital-risqueur Palo Alto pour évoquer Yahoo!. Pour certains, c’est une entreprise de tech » qui ne comprend rien aux médias. Pour d’autres, c’est une entreprise de médias qui ne comprend rien à la tech ». » La mission s’avérait peut-être trop délicate pour cette fonceuse qui n’aura pas réussi à redonner à Yahoo! sa réputation d’antan, malgré une discipline de fer et une exigence d’elle-même et des autres au-delà du possible (Marissa Mayer avait refusé de prendre son congé maternité lors de la naissance de ses jumeaux, par exemple). Le groupe a confirmé récemment la cession de ses activités Internet à l’opérateur de télécoms Verizon. L’entreprise prévoit tout de même de conserver sa participation dans le groupe chinois Alibaba pour le rebaptiser Altbaba et de diminuer la taille de son conseil d’administration. Marissa Mayer, elle, annonce son départ, tout comme le cofondateur historique de Yahoo! David Filo. En 2000, la valeur en Bourse de Yahoo! s’élevait à 128 milliards de dollars, elle chute à 20 milliards en 2012, et avoisinerait aujourd’hui les 5 milliards.