C’est officiel : le groupe français PSA Peugeot Citroën a confirmé le 20 janvier un projet d’arrivée à son capital du constructeur automobile chinois Dongfeng. Selon le schéma retenu, une augmentation de capital de trois milliards d’euros aura lieu à laquelle souscriront le partenaire chinois de PSA et l’Etat français. Ces deux nouveaux actionnaires devraient prendre chacun 14% du capital, tandis que la famille Peugeot, qui détient actuellement 25,4% du capital mais 38,1% des droits de vote, apporterait environ 100 millions d’euros pour se maintenir elle aussi à 14%. Après l’échec de l’alliance conclue en mars 2012 avec le constructeur américain General Motors, le “lion” Peugeot réussira t-il cette fois-ci mieux avec le “dragon” Dongfeng ? Eléments de réponse avec les “fées” qui se sont penchées sur le berceau de cette alliance.
Jean-Louis Beffa
C’est en tant que président de la branche Asie de la banque Lazard que Jean-Louis Beffa a été un des initiateurs du rapprochement entre Dongfeng et Peugeot. Cet ancien PDG de Saint-Gobain de 1986 à 2007 est un des défenseurs de l’industrie française. Déjà en 2004, le président Jacques Chirac lui avait confié une mission sur la relance de la politique industrielle en France. Celle-ci a aboutit à la création de l’Agence de l’innovation industrielle (A2I) qu’il a dirigée. Jean-Louis Beffa a été aussi le maître d’œuvre de rencontres entre François Hollande et plusieurs capitaines d’industrie dont les allemands Peter Löscher (Siemens) et Johannes Teyssen (E.ON) et les français Gérard Mestrallet (GDF Suez) et Thierry Breton (Atos Origin). Il serait également un des « visiteurs du soir » du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. En 2012, dans son ouvrage “la France doit choisir”, Jean-Louis Beffa plaide pour une stratégie industrielle cohérente menée par l’État en recommandant de revenir sur les orientations libérales des deux dernières décennies qui favorisent la désindustrialisation.
Carlos Tavares
Ex-numéro deux de Renault et ancien bras droit de Carlos Ghosn, Carlos Tavares a été nommé en novembre dernier au directoire de PSA dans l’optique de succéder dans le courant de l’année 2014 à l’actuel président, Philippe Varin. Cet homme à la réputation de “cost-killer” est déjà passé à l’action, rapporte BFM TV. Il a rencontré les principaux cadres de PSA ainsi que les syndicats. Au programme de sa feuille de route : réaliser dès cette année 1 milliard d’euros d’économies supplémentaires, poursuivre la différenciation entre Peugeot et Citroën et accélérer la montée en puissance des deux marques en Chine, notamment via la construction d’une 4ème usine avec Dongfeng. A l’image de Carlos Ghosn, qui est l’homme de l’alliance Renault-Nissan, Carlos Tavares se voit bien l’homme de l’alliance PSA-Dongfeng.
Arnaud Montebourg
Le ministre du Redressement productif, défenseur du “Made France”, a donné son feu vert pour que le groupe PSA puisse sortir de ses difficultés financières en se tournant vers un partenaire chinois. Mais attention : Peugeot doit rester une entreprise française. Dans un communiqué du 20 janvier, les ministres Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici (Economie et Finances), “confirment que l’Etat est prêt à accompagner l’opération aux côtés du partenaire industriel Dongfeng, au même niveau et dans les mêmes conditions. L’Etat est attaché à la réalisation d’un projet qui assure la pérennité et le développement du groupe en veillant à son ancrage en France”, ajoutent-ils. C’est pour cela l’Etat français a décidé de se mettre au même niveau que le partenaire chinois. Et les deux ministres souhaitent dans leur communiqué commun que “les discussions en cours puissent aboutir rapidement sous réserve de la finalisation d’un accord satisfaisant”.