Philippe Chatrier, bâtisseur de la Fédération française de tennis

Philippe Chatrier crédit future-bagneres.a3w.fr

Des débuts comme joueur de tennis et journaliste

Né en 1928, Philippe Chatrier devient joueur de tennis de haut niveau de 1947 à 1956 (il est numéro 6 français en 1951). Il mène parallèlement une carrière de journaliste en créant très jeune en 1953 le magazine Tennis de France. Il s’investit également rapidement dans une carrière de dirigeant sportif en devenant en 1965 président d’un grand club, l’International Club du Lys à Chantilly. Il est ensuite nommé en 1968 vice-président de la FFT et capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis. C’est en 1973 qu’il prend la direction de la FFT, une fonction qu’il exercera une vingtaine d’années au cours desquelles le tennis s’imposera comme un véritable phénomène de société largement diffusé et banalisé sur l’ensemble du territoire français avec 4 millions de pratiquants estimés en 1988 et un effectif qui atteint près de 1,4 million de licenciés en 1986. Et le tournoi international de Roland Garros, diffusé dans le monde entier.
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Patron du tennis français et international

Au cours des années 1970 et 1980, Philippe Chatrier cumule plusieurs fonctions clés de dirigeant au niveau national et international : outre la présidence de la FFT, il est élu président de la Fédération internationale de tennis (FIT) de 1977 à 1991 et conserve cette fonction durant sept mandats consécutifs. Vice-président du Comité national olympique et sportif français de 1982 à 1993, il est à l’origine d’une forte politique de lobbying pour faire revenir le tennis aux JO, ce qui a été obtenu en 1988. Il est également membre du Comité international olympique de 1988 à 1996, jusqu’à qu’il ne puisse plus assumer cette fonction, souffrant de la maladie d’Alzheimer. Il décède en juin 2000 et l’année suivante le court central du stade Roland Garros, reconstruit, est baptisé à son nom.

Le “système Chatrier”

La politique ambitieuse de structuration et de développement de la FFT a été permise par le développement de la compétition et la médiatisation de ce sport. Philippe Chatrier a fait du tournoi de Roland-Garros un évènement fédérateur, mobilisateur et lucratif, les bénéfices sont passés de 5 millions de francs en 1984 à 149 millions en 1993 et 250 millions en 1998. Deux postes de recettes ont progressé de façon vertigineuse entre 1978 et 1993 : les droits de télévision – France 2 et France 3 retransmettent depuis 1988 tous les matchs du tournoi sur le court central et le court n°1 – multipliés par 264 et les recettes publicitaires multipliées  par 24 avec notamment la création en 1981 du “village” de Roland-Garros, haut lieu des relations publiques.
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Sous l’impulsion de Philippe Chatrier, la FFT devient un modèle d’entreprise au service du développement du tennis avec des principes de management novateurs : direction collective et solidaire, décision de confier aux salariés la gestion technique et opérationnelle des dossiers, et mise en place d’un filière fédérale de formation dans le tennis de haut niveau. Avec des résultats concrets : un champion produit de la fédération, Yannick Noah et depuis le milieu des années 1980 une moyenne de 10 à 15 joueurs et 10 joueuses classés parmi les 100 premiers du classement professionnel masculin et féminin.

* Pour lire l’ensemble du portrait de Philippe Chatrier : Les grands dirigeants du sport – 23 portraits et stratégies de management. Sous la direction de Emmanuel Bayle. Editions De Boeck.
L’auteur de cet article est Emmanuel Bayle, qui a dirigé cet ouvrage, et qui est professeur à l’Université de Lausanne.

Sophie Lhameen: Sophie Lhameen, journaliste multimédia (web et print), a travaillé pendant 15 ans comme journaliste spécialisée sur l'Afrique avant de devenir en 2008, rédactrice en chef adjointe du magazine Le MOCI (Moniteur du commerce international) jusqu'en janvier 2013. Ses centres d'intérêt : l'entreprise, le management, les ressources humaines, l'emploi, l'économie, l'intelligence économique et de l'international. Google+