Christian Raisson et Philippe de Chanville ont fondé ManoMano en 2012, la plateforme dédiée au bricolage qui fait désormais partie des géants français. Voici leur histoire et leur stratégie pour arriver au sommet.
Collègues de travail et une passion commune pour le bricolage
ManoMano est la plateforme qui monte ! Cette place des marchés du secteur du bricolage et du jardinage accueille près de 3500 vendeurs pour un chiffre d’affaires annuel de 1,2 milliard d’euros. Les fondateurs de ce géant français sont Christian Raisson et Philippe de Chanville. Respectivement âgés de 50 et 40 ans, tous deux pères de 4 enfants, les deux associés se rencontrent à la fin de la décennie 2000 alors qu’ils travaillent pour le fonds d’investissement Otium.
Collègues, mais jamais collaborateurs pour un même dossier, Christian Raisson et Philippe de Chanville se découvrent de nombreux points communs : ils sont issus de la même grande école, l’Edhec et ils sont passionnés de bricolage. En matière de compatibilité entrepreneuriale, ils ont les mêmes valeurs, les mêmes envies de créer une entreprise… Et le feeling !
Des parts de marché à prendre dans le secteur du bricolage en ligne
Ces deux fortes personnalités, comme ils se définissent, décident de sauter le pas de l’entrepreneuriat en 2012. Le secteur du bricolage les attire et ils constatent qu’il n’existe alors aucun site spécialisé. A cette époque (pas si lointaine), la présence de professionnels du bricolage sur la Toile est faible et Amazon n’a pas encore lancé sa rubrique maison-jardin. Une part de marché est à saisir !
Christian Raisson et Philippe de Chanville se dépêchent de monter un site Web. Ils s’associent avec une troisième personne destinée à fournir un stock de produits, mais cette dernière abandonne le projet en amont du lancement.
Une stratégie maline pour gagner rapidement en crédibilité
Les deux hommes repensent leur offre. De là nait l’idée d’une place des marchés plutôt qu’un e-shop, à savoir une plateforme de rencontre entre des vendeurs et des acheteurs. Mais parce qu’ils commencent tout petit avec peu de moyens, ils décident de se spécialiser dans la chasse aux spécialistes qui sont en BtoB (vente uniquement aux artisans et professionnels du bâtiment), pour leur proposer de migrer en BtoC sur la plateforme (vente aux particuliers).
ManoMano peut alors revendiquer sa notoriété alors même qu’elle ne tourne qu’avec une dizaine de partenaires. La spécialisation devient son credo, en opposition avec une place des marchés classique qui fonde sa popularité sur la quantité de marchands.
Un cercle vertueux et un changement rapide d’échelle
Le succès est au rendez-vous. Les professionnels désireux d’étendre leur clientèle se tournent vers la plateforme, digne de confiance, car proche des petits artisans. Le cercle vertueux est en place. L’entreprise croît. Elle change d’échelle. Les premières levées de fonds démarrent pour absorber la demande en hausse, le besoin de traiter les demandes, de communiquer, d’assurer la maintenance, de développer le site, d’anticiper l’avenir.
Des dires des deux associés (notamment lors de plusieurs interviews données dans Le Figaro), les « engueulades » sont courantes. Les deux personnalités s’affrontent souvent, mais finissent toujours par trouver un terrain d’entente. Fusionnels, ils évoluent toujours à deux et non font rien l’un sans l’autre, y compris les conférences, déplacements, salons et interviews divers.
ManoMano dans le top des plus grosses levées de fonds
En 2019, l’entreprise enregistrait une levée de fonds record de 110 millions d’euros dans l’optique de se développer dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Belgique, en Espagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Allemagne.
Avec cette somme, ManoMano est devenue la 5ème startup la plus financée de l’année en France. La plateforme peut se targuer de travailler avec près de 2 000 professionnels du bricolage et du jardinage pour un catalogue de près de 3 millions de produits. Elle compte 350 salariés.
Les chiffres de ManoMano 2020
Les chiffres de ManoMano 2020
– 1,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires
– 50 millions de visiteurs uniques par mois
– 1.000 recrutements prévus d’ici à fin 2022
– 10 millions de références (outillage, revêtement de sols et murs, animalerie).
– Plus 3.600 marchands proposent leurs produits
– 40 % des revenus générés à l’étranger
– 5 investisseurs : Temasek, un fonds souverain singapourien, des fonds américains tels que Dragoneer Investment Group et General Atlantic ou un français Eurazeo.
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