En 2004, Viadeo arrache
des parts de marché à LinkedIn
En 2004, lors de son lancement, l’entreprise connaît pourtant un grand succès. En France, elle réussit à arracher des parts de marché à son concurrent direct américain LinkedIn. Viadeo et LinkedIn ont, en quelque sorte, ouvert le bal du secteur des réseaux sociaux professionnels et tous deux se sont structurés sur le terrain, au fur et à mesure des retours du marché. À cette époque, les fondateurs de Viadeo Dan Serfaty et Thierry Lunati avancent grâce aux levées de fonds.
Première boulette de Viadeo,
le rachat de Unyk au Canada
Première boulette. Viadeo rachète Unyk, un service canadien de gestion de son carnet de contacts qui se révèle rapidement une société de spams. Viadeo profite tout de même du voyage pour se positionner outre-Atlantique et installe des bureaux à San Francicso, projet rapidement avorté au vu des coûts exorbitants de la manœuvre. Pendant ce temps, LinkedIn assoit son hégémonie outre-Atlantique et globalement dans tous les pays anglo-saxons.
Deuxième boulette,
foncer tête baissée vers la Chine
Le frenchie Viadeo revoit alors sa stratégie et décide de bifurquer vers les marchés émergents, notamment en Chine, en rachetant le réseau social professionnel Tianji. Là encore, la société commet une erreur, celle de foncer tête baissée vers des modèles qu’elle connaît peu, et vers la Chine réputée marché difficile. Viadeo n’a jamais réussi à monétiser ses activités asiatiques et ferme ses bureaux en 2015. Cette année-là, la perte chinoise est estimée à 23.3 millions d’euros, soit l’équivalent du chiffre d’affaires global de la société. Viadeo étant entré en Bourse, la société perd 94 % de sa capitalisation pour finir à moins de 10 millions d’euros en octobre 2016, contre 150 millions lors de son introduction à l’été 2014. En janvier 2016, les fondateurs Dan Serfaty et Thierry Lunati décident de prendre du recul, et laissent la barre au néerlandais Renier Lemmens qui tente tant bien que mal de remettre les voiles. Trop tard, le navire a déjà coulé.
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Un positionnement hasardeux
et un modèle économique bancal
L’heure du bilan a sonné. Le vrai problème de Viadeo était certainement son manque de vision qui l’a conduit à « suivre le vent » sans direction précise, et à nouer des partenariats hasardeux qui se sont révélés catastrophiques. Parallèlement, le modèle économique de Viadeo était peut-être bancal puisque la plateforme misait essentiellement sur les abonnements souscrits par les particuliers et restreignant l’accès à ceux qui y évoluaient gratuitement, ce qui avait tendance à exaspérer les utilisateurs. La plateforme LinkedIn quant à elle a choisi d’axer son modèle sur une offre aux professionnels du recrutement, beaucoup plus enclins à payer, tout en laissant une certaine marge de manœuvre aux particuliers « non abonnés » – une stratégie gagnante renforcée par sa solide connaissance des marchés anglo-saxons sur lesquels elle s’est immédiatement positionnée.
Affaire à suivre quant à la liquidation de Viadeo. Des repreneurs comme le Figaro Classified et le Bon Coin ont montré leur intérêt à racheter la base de données et/ou une partie des effectifs. La société, elle, devrait être liquidée à l’issue d’une durée légale de 3 mois.
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