Un job d’été
pour une féministe engagée
Sheryl Sandberg, aujourd’hui directrice des opérations chez Facebook, aux côtés de Mark Zuckerberg, et deuxième employée la mieux payée avec 30.8 millions de dollars par an, est issue d’une famille de classe moyenne. Une scolarité brillante la mène aux portes du Harvard College où elle accomplit un stage au sein de la Banque Mondiale, puis à la Harvard Business School. Elle obtient son MBA en 1995 et durant ces années de scolarité prend conscience des enjeux du féminisme. Elle témoigne : « l’été de mes 16 ans, je distribuais le courrier aux membres du Congrès. À la fin de mon stage, le Président de la Chambre, que j’admirais beaucoup, a accepté de me recevoir. J’avais travaillé dur tout l’été. J’espérais qu’il me donnerait des conseils pour mon avenir, qu’il me serrerait la main. À la place de ce que j’avais imaginé, il m’a demandé si j’étais une cheerleader (pom-pom girl), avant de me tapoter la tête et de s’en aller. Ça paraît anecdotique, mais c’est le signe que les mentalités n’avaient – n’ont – guère changé. » Événement déclencheur ? Sheryl Sandberg devient une personnalité engagée et hyperactive dans le combat pour l’égalité homme femme.
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Les femmes plus diplômées
que les hommes, alors pourquoi
occupent-elles si peu
de postes de pouvoir ?
En 2013, elle publie l’ouvrage « En avant toutes. Les femmes, le travail et le pouvoir », un diagnostic plutôt abrupt de la vision de la femme dans nos sociétés, de sa place au sein de l’entreprise. A partir du constat simple : « les femmes sont plus diplômées que les hommes », elle tente de répondre à la question : « pourquoi alors occupent-elles si peu de postes de pouvoir ? », sur la base de ses propres observations et expériences de vie. En France, par exemple, 65 % des diplômés sont des femmes alors qu’elles ne sont que 22 % dans les grands conseils d’administration
« Les hommes savent solliciter
une promotion, même
s’ils ne remplissent
pas tous les critères »
« Ne revoyons pas nos attentes à la baisse ! », scande-t-elle, j’ai rencontré des femmes qui, avant même d’avoir des enfants, refusaient d’avoir plus de responsabilités. Lorsque je leur proposais un poste, elles me répondaient « J’aimerais avoir un enfant bientôt, donc je ne vais pas saisir cette opportunité (…) ou encore “je ne suis pas sûre d’être prête” “J’ai encore beaucoup de choses à apprendre”. Les hommes savent solliciter une promotion ou une augmentation même s’ils ne remplissent pas tous les critères. Vous n’entendrez jamais un homme répondre “je refuse cette proposition, car je dois encore me former.” »
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Sheryl Sandberg, la seule femme
au conseil d’administration de Facebook
Si certains l’accusent de ne prendre la parole que pour favoriser les catégories socioprofessionnelles élevées, sans prendre en considération toutes les autres, celles issues de milieux défavorisés ou qui sont seules pour élever leurs enfants, Sheryl Sandberg se défend, « Je ne suis pas surprise [des critiques à son encontre]. Il est temps que les choses bougent. Ma plus grande peur, c’est que les femmes soient exclues des lieux de décision et que personne ne s’en préoccupe, alors, oui, il faut en passer par les femmes plus visibles. »
Elle en est le parfait exemple. Après son MBA à la Harvard Business School en 1995, elle entre chez McKinsey & Company comme conseillère en stratégie, devient chef de service au sein du département du Trésor des États-Unis (elle participe au programme d’allègement de la dette des pays en voie de développement), rejoint le secteur privé en entrant chez Google comme vice-présidente des Ventes et opérations internationales en ligne, et lance la branche philanthropique de Google, Google.org et AdWords. Aujourd’hui, alors que 95 % des grandes entreprises sont dirigées par des hommes, Sheryl Sandberg est la seule femme qui siège au conseil d’administration de Facebook, depuis 2011, elle fait partie des dix premières femmes les plus puissantes au monde selon le magazine Forbes.