Sommes-nous tous des intrapreneurs ?

Avec les bouleversements majeurs du monde professionnel, les formes de management se multiplient et traduisent l’évolution des aspirations de l’employeur comme du collaborateur. Les toutes nouvelles générations n’ont pas les mêmes attentes et l’entreprise y répond avec l’entreprenariat.

Dans un climat mouvant, ce que cherche un employeur

Des compétences et du talent, oui. Un savoir-être professionnel, oui. De l’expérience et de l’expertise, oui. Mais surtout, l’entreprise a, plus que jamais, besoin de profils attirés par la création de valeur. Parmi les défis qu’elle a à relever, l’innovation est au cœur. Au sein des grandes structures, celle-ci est souvent rendue difficile par des process de décision longs et complexes, dans les entreprises de taille moyenne, le quotidien et le manque de moyens peuvent prendre le pas et repousser l’innovation au lendemain.

Ce que cherche chaque individu

Au-delà des besoins primaires physiologiques et de sécurité, les aspirations individuelles dans le climat global sont relativement universelles. Aimer et être aimé, être reconnu, vivre des émotions et, aussi se réaliser, s’épanouir. La sphère entre privé et professionnel ayant tendance à s’amincir, on peut imaginer ces besoins perméables et pouvant passer de l’une à l’autre.
Alors que le management traditionnel se voulait persuasif et directif, comment faire pour que les besoins de l’entreprise d’aujourd’hui rencontrent les aspirations individuelles ?

L’intrapreuneuriat : la capacité d’un collaborateur à adopter le comportement d’un entrepreneur

La notion d’ « intrapreneurship » a été définie en 1976 par Ginford Pinchot. Sous ce néologisme, l’idée était de que « l’intrapreneuriat soit censé permettre à la grande entreprise de mieux saisir les opportunités que son inertie naturelle laisserait passer sinon ».
L’idée de départ est de souligner qu’un manager autonome dans son poste et son périmètre, peut adopter une attitude d’entrepreneur au sein même d’une structure qu’il n’a pas fondée. Par « attitude d’entrepreneur » on entend Volonté de création. Cela implique donc de ne pas suivre les process actuels en place dans l’entreprise, d’aller au-delà, de repenser l’existant et d’être déjà dans le « demain ».
Plus largement, l’intrapreneuriat est la capacité donnée à un collaborateur au sein d’une entreprise d’adopter le comportement d’un entrepreneur. Ainsi, selon Thierry Picq, « l’intrapreneuriat désigne une capacité collective et organisationnelle pour encourager et accompagner la prise d’initiatives, à tous niveaux dans une entreprise. » (Cité par Gilles TENEAU, article Portail PME). Cette notion rejoint l’idée « d’innovation participative », cette approche pouvant être instituée dans l’entreprise sous forme d’un cadre spécifique, d’un budget et d’une structure propre en interne, comme une sorte de « laboratoire interne ».

Les avantages de l’approche « intraprenante »

Cette démarche peut et doit aujourd’hui être davantage intrinsèque au fonctionnement de l’entreprise, et relève d’une culture d’entreprise partagée par la mise en œuvre au quotidien d’un terrain favorable à l’initiative. L’approche « intraprenante » au sein d’une structure établie permet aux collaborateurs d’adopter certaines caractéristiques et qualités d’un entrepreneur :
– l’innovation avec une véritable volonté de créer quelque chose de nouveau,
– la passion et la capacité à s’investir un maximum pour faire aboutir son projet.
En décrivant les caractéristiques d’un entrepreneur, on comprend facilement qu’il s’agit d’un dispositif gagnant-gagnant pour l’entreprise et le collaborateur.
L’entreprise, quelle que soit sa taille :
– encourage l’innovation en continu,
– génère de potentielles nouvelles sources de revenus,
– bénéficie de collaborateurs investis dans leurs projets,
– et fidélise ses collaborateurs autour de projets qu’ils ont eux-mêmes proposés, afin de pouvoir assister à leur aboutissement et aux résultats.
Le collaborateur, quel que soit son poste :
– peut prendre part à la vie de l’entreprise et apporter son
« empreinte »,
– est autonome et créatif dans la gestion des projets,
– voit l’impact des idées proposées et développées,
– peut assouvir un besoin d’entreprendre, sans quitter un poste salarié et sans prendre de risques financiers personnels.

Demain, tous intrapreneurs ?

Pour la mise en place de cette approche, le point essentiel est de faire confiance à ses équipes. Faire confiance implique de tolérer l’erreur, il est indispensable, pour donner envie de prendre des risques, que le collaborateur se sente soutenu. Pour qu’une société intègre l’intrapreneuriat dans sa culture d’entreprise, il convient de créer une dynamique permanente qui nécessite de :
– mettre en place un management ouvert voire horizontal,
– construire, partager et communiquer le projet d’entreprise avec l’ensemble des équipes. Que chaque collaborateur quel que soit son poste puisse y prendre part s’il le souhaite pour se l’approprier, le faire vivre et le nourrir,
– disposer d’une véritable flexibilité dans le fonctionnement, de la possibilité de circuits de décision et de production courts,
– s’envisager en construction permanente : ne pas avoir de limites dans ce que l’entreprise propose et peut proposer,
– recruter des profils autonomes, créatifs et avec la volonté de s’impliquer.
L’entreprise d’aujourd’hui et de demain doit sincèrement faire confiance à ses équipes et leur donner la possibilité de proposer des idées. A cette condition elle pourra les fidéliser et remettre l’individu au cœur de la création de valeur. Dans un monde globalisé où la production se fait en masse, n’est-ce pas plaisant et rassurant de savoir que sa touche personnelle est valorisée par l’entreprise pour laquelle on travaille ?

Sources : Octavie Baculard, Amandine Barthélémy, Elisa Lewis et Romain Slitine : Intrapreneuriat social, la nouvelle frontière de l’innovation sociale pour l’entreprise, 2013, Editions Odyssem VolonteerGilles TENEAU, article Portail PME, http://portail-des-pme.fr/formaliser-son-projet/le-concept-dintrapreneuriatSteelcase Global Report, https://cdn2.hubspot.net/hubfs/1822507/2016-WPR/EN/2017-WPR-PDF-360FullReport-EN_.pdf

Lucas Leonardi, Directeur Général d'Up’n BIZ, Solution globale pour entreprendre - services juridiques: Lucas LEONARDI, 44 ans, titulaire d’un Master in International Business de Grenoble École de Management, Directeur Général d'Up’n BIZ, Groupe Français de 35 salariés, qui propose une boîte à outils sur-mesure pour les entrepreneurs. Après avoir travaillé aux Etats-Unis, en Suisse et en Angleterre, Lucas LEONARDI vit aujourd'hui à Paris.