Instant payment et cashback : ces deux offres sont certes porteuses, mais leurs atouts individuels sont insuffisants pour leur assurer un avenir radieux. Et si leur combinaison pouvait créer une nouvelle désirabilité ?
Instant payment : un développement rapide, un plafond inévitable
L’instant payment (IP) a fait une entrée fracassante dans les paiements en 2018. Il représente près de 11% des virements dans l’UE en 2022.
Pour permettre sa mise en place, les banques ont dû investir dans des infrastructures onéreuses répondant à des règlementations strictes. L’IP le leur rend bien : le service est jusqu’ici rentable pour une majorité de banques, qui souvent le facturent. Cependant, les récentes annonces de la Commission Européenne viennent perturber cet équilibre : l’IP devra dorénavant être proposé gratuitement. Le manque à gagner est important.
Cette gratuité sonne néanmoins comme une aubaine pour le projet EPI (European Payment Initiative), dont la mesure phare est d’encourager l’usage de l’instant payment. Si ce dernier connait en effet un succès dans les échanges peer to peer, il reste balbutiant dans les usages commerciaux. Or, c’est sur ce volet qu’il aurait le plus d’impact et serait le plus rentable. L’IP porte de nombreux atouts pour cette cible de commerçants : fiabilité, faible risque de fraude, meilleure gestion de la trésorerie. Mais ces arguments sont insuffisants pour convaincre les commerçants de mettre la main à la poche.
Pour se diffuser largement, l’IP doit se doter d’arguments plus commerciaux et différenciants par rapport aux moyens de paiement installés. Et si ces arguments se trouvaient du côté du cashback ?
Le cashback : incompris et porteur d’opportunités
Comme l’Instant Payment, le cashback séduit. Cependant, il souffre d’une mauvaise réputation : de fausses opérations sont proposées sur de nombreux sites frauduleux. Heureusement, les banques et certaines applications fiables, gages de stabilité et de sécurité, contribuent à lui donner ses lettres de noblesse.
Ceux qui utilisent le cashback sont près de 80% à le recommander et 63% à le juger comme décisif dans l’acte d’achat. Mieux, il a été identifié par 71% des e-commerçants comme un levier d’acquisition et de fidélisation performant[1]. Il apparaît donc comme un véritable argument commercial pour les commerçants et est une réponse cohérente à la baisse de pouvoir d’achat des Français. Toutefois, peu rentable, l’offre est aujourd’hui peu étoffée, marginale et proposée gratuitement sur certaines applications bancaires. Pour maximiser son impact, le cashback doit désormais faire son entrée dans le commerce physique…en s’adossant à l’instant payment ?
Instant Payment et cashback : A combiner ?
Aujourd’hui, la plupart des applications bancaires proposent déjà les deux services de manière distincte. L’alliance des deux pourrait s’avérer être un combo win-win.
Les banques pourraient ainsi développer l’instant payment dans la sphère commerciale grâce à l’élément différenciant que constitue le cashback, tout en s’assurant un revenu. Cela permettrait de réduire l’impact de la fraude et de créer une nouvelle source de données qualitative sur les comportements d’achat de leur clientèle. Les commerçants pourraient doper leurs ventes et mieux maîtriser leur trésorerie. Enfin, les consommateurs pourraient augmenter leur pouvoir d’achat en toute sécurité. L’audacieux combo IP et cashback ouvre donc de multiples perspectives !
[1] Etude SNMP : Syndicat National du Marketing à la Performance