BNP Paris plaide coupable
Le conseil d’administration de BNP Paribas approuve au cours du week-end les sanctions américaines. Il constate de lourds dysfonctionnements et des erreurs. 6.5 milliards d’euros pour éviter un procès aux Etats-Unis contre 4.9 milliards pour Kerviel condamné par la justice française. Comparaison n’est pas raison ! Pourtant dans chaque affaires, on entend les mêmes explications, dysfonctionnement, absence de contrôle rigoureux, pour Kerviel on qualifie ses actes de « tentative d’escroquerie », « faux et usage de faux », « abus de confiance aggravée », « atteinte à un système de données informatiques ». Il fait de la prison et est reconnu coupable, condamné à 5 ans de prison dont 3 ans ferme, à payer la somme de 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts à la Société générale. Par des procédés différents, on arrive à des pertes de milliards qui donnent le tournis au déposant de base qui attend modestement l’ouverture de son agence pour déposer quelques euros. Que se passe-t-l dans ce monde où on compte par milliards.
La première banque française n’a pas respecté le droit américain. Selon le journal Le Temps, les opérations incriminées avec l’Iran, le Soudan ou Cuba jugées litigieuses par les Etats-Unis concernent le financement de cargaisons de matières premières. Le groupe BNP Paribas compte plus de 400 collaborateurs sur les 1700 qui travaillent à Genève sur le commerce du pétrole et de produits comme les céréales ou les minerais. BNP Paribas a contourné les sanctions américaines contre l’Iran, le Soudan ou Cuba, pourtant légales en Suisse ou dans les pays européens. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, l’explique « toute opération faite en dollar doit être conforme à la réglementation américaine même si elle est menée par une structure qui n’est pas américaine.” Même menée en dehors des Etats-Unis.
Les têtes tombent chez BNP Paribas
Les Etats-Unis punissent la BNP Paribas pour avoir utilisé des dollars pourtant la monnaie privilégiée pour le commerce de matières premières, ils ont aussi sanctionné HSBC, JP Morgan… Selon le journal suisse “Le Temps”, BNP Paribas a pris les devants à Genève, par des diverses sanctions d’une trentaine d’employés. Comme par hasard, Georges Chodron de Courcel prend sa retraite dans trois mois, le 30 septembre, après 42 années loyales passées à BNP au même moment où la banque reconnait ses fautes. Selon le journal Le Monde, les Etats-Unis réclamaient sa tête, la banque se refusant faire tout lien entre les deux événéments. Selon une source proche du dossier le régulateur bancaire de New York, Benjamin Lawsky, aurait demandé le départ de Georges Chodron de Courcel. Autre concession dans ses négociations avec les autorités américaines, selon le Wall Street Journal, Vivien Lévy-Garboua, ancien responsable du contrôle interne de l’établissement en Amérique du Nord et aujourd’hui conseiller de sa direction. Au total, une douzaine de d’employés pour apaiser les autorités américaines.
Qui est Georges Chodron de Courcel
Cousin de Bernadette Chirac, diplômé de Centrale Paris, Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur, Georges Chodron de Courcel est riche d’une carrière des plus réussies. Une ascension continue pendant 42 ans jusqu’à sa chute récente, à la Banque Nationale de Paris (BNP), tour à tour, à ses débuts à la Banque Commerciale, responsable des Etudes Financières, puis du Département Bourse et Gestion Mobilière, secrétaire général de la Banexi, filiale de BNP, Directeur des Affaires Financières et des Participations Industrielles, Président de Banexi, Directeur central de BNP, responsable de la Division Financière puis Directeur général adjoint, responsable de Banque et Finance internationale, Directeur général délégué de BNP de 1996 à 1999, après la création du Groupe BNP Paribas en 1999, il est nommé Membre du Comité Exécutif et Responsable de la Banque de Financement et d’Investissement de BNP Paribas. Georges Chodron de Courcel est Directeur général délégué de BNP Paribas depuis juin 2003, en charge de Corporate & Investment Banking et Investment Solutions. Georges Chodron de Courcel, passionné de bridge, obligé de jouer le mort. Il est (encore)administrateur de Nexans, SCOR, Alstom, Bouygues, Compagnie nationale à portefeuille, Groupe Bruxelles Lambert, BNL, Safran, Exane, Lagardère…
6.5 milliards d’amende et une perte d’image
BNP Paribas, cotée au Premier Marché d’Euronext Paris, dans l’indice CAC 40, dégage 38,82 milliards d’€ de chiffre d’affaires en 2013 et un résultat net4,83 milliards d’€. 3e entreprise bancaire du monde derrière ING Group et ICBC. Des résultats inférieurs aux attentes à cause d’une provision de plus d’un milliard de dollars pour régler les poursuites engagées par l’administration américaine contre la banque française. Une sous-estimation dramatique, pour la banque qui peut absorber cette perte sèche, malgré la chute de son cours en bourse. De plus de Benjamin Lawsky imposerait à BNP en 2015 une suspension de ses opérations de “compensation” en dollars, nécessaire pour ses activités à l’international, ce qui serait pénalisant pour la banque aux yeux de ses clients internationaux. Au total une lourde perte pour le géant de la banque : 10 milliards d’euros, des collaborateurs de qualités, une inquiétude au sein du personnel et des clients, et surtout une réputation écornée.