Les Universités en France : Agilité et créativité du mammouth ?
Selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), avec la loi ORE du 8 mars 2018 pour promouvoir l’orientation et la réussite des étudiants : « les universités en France ont désormais les outils pour mieux s’adapter aux étudiants et accompagner chaque étudiant sur la voie de la réussite ».
Pour accroitre l’employabilité des diplômés, plusieurs stratégies sont ainsi soutenues par le MESR : professionnaliser davantage les formations (approche par compétence, pédagogie par projet, formation par alternance, intervenants du monde socio-économique) et faciliter la formation universitaire tout au long de la vie.
Cependant cet objectif « d’accompagner chaque étudiant sur la voie de la réussite » s’il est aussi souhaité par les apprenants (étudiants, apprentis), leurs familles, des enseignants-chercheurs et autres personnels d’Universités (administratifs, chercheurs, techniciens des laboratoires, etc…) et les employeurs, il rencontre aujourd’hui plusieurs difficultés concrètes pour se mettre largement en place.
Les principales difficultés rencontrées par les étudiants et leurs formateurs sont la complexité du monde du travail en transition, les inégalités sociétales croissantes et également l’organisation du travail à l’Université qui nécessiterait des évolutions rapides pour optimiser les chances de réussite du grand nombre et projeter les bases d’une société plus avertie et solidaire. Le mauvais score des Universités en France sur le critère équité femme/homme (grade de professeur, présidence d’Université) est un révélateur de la prégnance des enjeux de pouvoir contre productifs qui limitent l’énergie effectivement allouée à la formation spécifique des apprenants.
Les enseignants-chercheurs fortement impliqués pour les projets des étudiants, travaillent très souvent avec des moyens insuffisants et peu de reconnaissance, ils croulent sous les tâches administratives, s’épuisent pour tenir le cap quelles que soient leurs conditions de travail. Faire preuve de créativité et d’agilité à l’Université, agir pour innover dans l’organisation du travail face à un groupe de collègues historiquement implanté dans l’établissement, peut même s’avérer dangereux : intimidation, mise au placard et mobbing sont des méthodes qui existent aussi dans les Universités.
Essentiels pour donner du sens à l’Université : confiance, indépendance et collaboration
Les problématiques de santé et de qualité de vie au travail sont devenues des enjeux majeurs pour les organisations, qui sont tenues de mettre en place des politiques d’amélioration des conditions de vie au travail et de prévention des risques. Dans ce contexte, les Universités pourraient être exemplaires, puisqu’elles forment les futurs cadres des entreprises. Osez l’intelligence collective à l’Université, c’est laisser davantage de libertés de choix et d’autonomie aux étudiants dans la construction de leurs compétences tout au long de leur formation et d’écouter davantage leurs opinions argumentées pour changer les pratiques.
Pour illustrer cette tendance on peut citer des projets originaux et inclusifs :
– l’Université des Patients fondée à Paris en 2009, première université au monde qui forme et diplôme des malades chroniques en prenant en compte la validation de leur expérience acquise au détour de la maladie et de (leurs) soins.
– le MOOC-TEAM, totalement accessible (langue des signes, sous-titres, audio, attention aux couleurs) pour former gratuitement les apprenants aux risques liés aux pollutions métalliques dans l’environnement.
– le colloque international de recherche « Transitions 2020 » : les transitions écologiques en transactions et actions, organisé par des enseignants chercheurs, des entreprises, des associations et des étudiants de l’Université de Toulouse en juin 2020 avec des actions recherche et des débats citoyens.
L’urgence écologique interpelle les universités pour développer sans tarder la réflexivité professionnelle, l’agilité et l’efficience pour réduire drastiquement les conflits d’intérêts, enjeux et abus de pouvoirs délétées, chronophages, énergivores et au coût exorbitant. L’Université et la Société méritent d’être d’avantage interconnectées afin de promouvoir une dynamique « gagnant-gagnant » pour le grand nombre.
La méthode scientifique est un outil très performant pour favoriser la communication non violente, former des individus lucides, résilients et en capacité d’analyser les situations sur des bases objectivées. La formation Universitaire a un donc rôle crucial pour promouvoir l’intelligence collective et accompagner les transitions écologiques indispensables pour les générations futures.
Ces enjeux humanistes de l’Université s’exprimeront pleinement grâce à une gouvernance qui permet le déploiement de toutes les énergies dans un climat de confiance, d’indépendance et de collaboration entre les différentes parties prenantes : apprenants, employeurs, formateurs. C’est à cette seule condition, que les étudiants seront accompagnés efficacement dans la co-construction de projets professionnels originaux et durables, pour booster les entreprises du futur
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