Silence sur le bitume brûlant
Sur le bitume brûlant de la D 11 entre Nurieux et Cerdon dans l’Ain, la caravane roule mais on ne l’entend presque pas. Les 180 véhicules passent, distribuent des goodies et diffusent leur message, mais l’ambiance n’est pas là. Aucune musique ne sort des chars. Les spectateurs sont plus bruyants que la caravane elle-même. « C’est dommage, témoigne une caravanière qui travaille sur les chars « Emplois à domicile ». La fête est un peu gâchée ».
3 jours de deuil national
Afin de respecter les trois jours de deuil national décrétés par le gouvernement après le drame de Nice, les chefs-caravane ont eu pour consigne de circuler sans bruit ou presque. Dimanche matin, à Bourg-en-Bresse, Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, est venu en personne sur le parking caravane, redire aux jeunes caravaniers combien il était important d’honorer la mémoire des victimes de l’attentat : « Vous êtes réduits au silence. Nous devons avoir cette retenue pendant les trois jours de deuil national. Mais vous devez évidemment garder le sourire, a enjoint Prudhomme. Vous êtes indispensables au Tour ». Une demi-mesure pas forcément comprise par le public et les caravaniers eux-mêmes. Puisqu’il faut rester sobre et rendre hommage aux victimes, pourquoi ne pas avoir tout simplement supprimé la caravane publicitaire ? Question de gros sous bien sûr. Les marques dépensent des sommes colossales pour être présents dans ce long défilé qui sillonne les routes de France chaque jour. Impossible de les priver de visibilité pendant trois jours. Une durée beaucoup trop longue.
Les millions des sponsors
Parmi les 35 annonceurs, les sponsors majeurs, qui ont droit à des maillots et des dossards éponymes (LCL, Skoda, Orange, Enedis) ont payé jusqu’à 5 millions d’euros, sans compter le droit d’entrée fixé par l’organisateur du Tour Amaury Sport Organisation (ASO) à 50 000 euros. Les partenaires officiels, qui peuvent utiliser la marque Tour de France dans leur communication dépensent entre 0,8 et 1 million d’euros. Restent les fournisseurs officiels, catégorie la plus importante (une quinzaine présents dans la caravane (Banette, Sodexo, Ibis…) qui dépensent 600 000 euros en moyenne. Et aussi les institutionnels comme « Le Medef », « le Béarn » ou « Emplois à domicile » qui a déboursé 600 000 euros afin de promouvoir le secteur de l’emploi à domicile et lutter contre le travail au noir.
L’entreprise ASO doit satisfaire ses clients. C’est sa priorité. Déjà plombés par des ventes de produits dérivés en forte baisse, les organisateurs veulent préserver leur chiffre d’affaires. Lequel s’était élevé en 2014 à 188 millions d’euros dont au moins 100 millions rien que pour le Tour.