Comment collaborer avec une personnalité dominante

Vous avez été prévenus, c’est un personnage que l’on dit « tyrannique » ! Dès que l’on prononce son nom, les murs tremblent. Bien sûr, avant d’écouter les « on dit », il convient de se faire sa propre opinion, notamment au niveau des personnes que nous rencontrons dans la vie de tous les jours. Dans le même esprit, il convient aussi de différencier le collaborateur-dirigeant, qui est là pour guider l’équipe, du collègue-oppresseur qui va imposer sa loi et sa vision unique des choses.

Impressionnez … sans provoquer

Vous pouvez discerner les personnes tyranniques dès qu’elles mettent un premier pied dans la pièce. Le dirigeant a une poignée de main ferme mais efficace, regarde chacun dans les yeux en faisant un signe de tête et écoute le nom de chaque collaborateur qu’il salue. Il semble attentif et disponible.  A l’inverse, l’oppresseur risque de littéralement broyer les mains qu’il serre, son regard n’est pas posé sur la personne qui lui fait face , mais sur celle à venir, et il ne porte pas d’intérêt aux présentations qui lui sont faites. Il semble pressé et difficile d’accès.

Sachez qu’une personne dont la poignée de main vise à écraser vos doigts vous donne un premier élément de réponse dans son comportement : celle-ci n’a pas confiance en elle. Chercher la confrontation chez celui ou celle que l’on ne connaît pas encore est un indice d’anxiété relationnelle. Alors profitez de cet indicateur pour lui montrer que vous n’allez sans doute pas être la proie idéale. Pour cela, dès que vous sentez sa main broyer la vôtre, armez-vous de votre plus beau sourire, sans toutefois l’exagérer et regardez votre interlocuteur dans les yeux. A présent, vous pouvez interagir immédiatement, soit en serrant la sienne avec vos deux mains, soit en posant votre autre main sur le haut de son bras ou sur son épaule.

Vous verrez que la pression qu’il utilise sur vos doigts s’arrêtera très vite, car vous envoyez un message très clair « Ne jouez pas à ça ou c’est moi qui prend le contrôle ». Essayez d’effectuer ce mouvement avec un proche et observez ce que vous ressentez. Toutefois, attention : ne faites surtout pas ce geste avec votre patron ou avec un client : vous pourriez donner une très mauvaise impression de vous-même. Si c’est un employeur, tenez-vous en au sourire, au regard ainsi qu’à une rapide mais ferme pression de votre main sur la sienne.

Regardez… sans défier

La personnalité dominante utilise souvent un regard fixe pour déconcerter ses semblables. Servez-vous du fait que le contact visuel est important quelle que soit la circonstance. Ainsi, au moment où vous croisez ses yeux, regardez-le bien en face, sans malveillance. Pour vous donner un air paisible et dégagé de toute défiance, penchez légèrement votre tête sur le côté. Cela apportera davantage de douceur dans votre attitude. Mais soutenir le regard d’une personne que l’on dit impressionnante dans son autorité, peut bien souvent mettre mal à l’aise et faire détourner les yeux vers une autre direction. Afin d’éviter cela, portez votre regard sur deux zones, juste en-dessous des yeux et au milieu du front, puis balayez votre regard d’une zone à l’autre toutes les 5 secondes.

Positionnez-vous… sans attaquer

La personnalité dominante occupe un territoire large : le sien et celui des autres. A ce stade, il convient de poser des limites claires entre son espace et le vôtre. Une bonne posture peut vous permettre de faire passer un nouveau message inconscient :
1 – Si la personnalité dominante vous fait face debout et que vous êtes assis, levez-vous ! Amener l’autre à baisser son regard pour vous parler vous met dans une position de soumission.
2-  Maintenez votre dos droit et baissez vos épaules.
3 – Placez vos mains derrière le dos. Votre attitude révèle une ouverture au dialogue, sans barrière et donc sans crainte, tout en resituant votre influence face à la sienne.
4 – N’oubliez pas le contact visuel, notamment les zones qui se situent sous les yeux et au milieu du front.
5 – Penchez très légèrement votre tête pour ne pas créer de confrontation directe.

Parlez posément… sans nervosité

Un verbal posé apporte encore plus de crédibilité à votre attitude corporelle. Essayez de faire en sorte que votre voix tende vers le grave, puis remontez celle-ci lorsque vous abordez un point essentiel. Modulez les tons, ne parlez surtout pas d’une voix régulière. Cela est valable dans tous les moments importants de votre vie professionnelle. Si votre voix est hésitante, utilisez cette petite astuce : retirez-vous dans un endroit calme, prenez une grande inspiration, bloquez-la 3 secondes puis expirez entre 3 et 4 fois en dégonflant le ventre. Répétez ceci 5 à 7 fois. Votre voix va se stabiliser. Voici une vidéo vous montrant les gestes dits « charismatiques » et autoritaires afin de mieux les reconnaître. Vous pouvez éventuellement les utiliser, mais sans en abuser car l’objectif n’est pas de passer pour un collaborateur à la personnalité dominante.

Sylvia Bréger, Criminologue, conférencière, spécialiste du Non verbal, Paris: Sylvia Bréger exerce son métier de criminologue auprès de différentes institutions pour éclairer les participants sur les comportements humains, le langage non verbal et la cybercriminalité. Depuis 2006, elle collabore avec la Gendarmerie Nationale de Rosny-sous-Bois pour former les enquêteurs internes et nationaux à la criminologie et aux différentes techniques d'audition. En 2008, elle fonde CriminoNET qui fait intervenir des professionnels dans des conférences sur la cybercriminalité et la violence auprès de différents publics. Elle intervient également en entreprise pour former le personnel au décodage du langage non verbal et des expressions faciales.