Comment optimiser durablement l’efficience de l’Université française

Situations professionnelles
contradictoires et risques
psychosociaux

L’autonomie des Universités a progressivement renforcé leur structuration locale avec a priori des conséquences positives en termes d’interactions entre les acteurs régionaux, mais également une fragilisation de leur organisation nationale.
De plus, le contexte de crise économique favorise les phénomènes de clanisme au détriment de la collégialité, de la qualité scientifique en recherche et formation et de l’éthique professionnelle et humaine auxquels aspirent la grande majorité des EC. Globalement le système fonctionne grâce aux nombreuses bonnes volontés qui assurent les missions d’enseignement et recherche, quelles que soient leurs conditions de travail. Mais les enseignants-chercheurs qui développent au quotidien une argumentation scientifique logique et robuste, se retrouvent trop souvent dans des situations professionnelles contradictoires qui peuvent les décourager et induire des risques psychosociaux lorsque le sens du travail est altéré.

Promouvoir efficacité et bien-être
des enseignants-chercheurs

Le projet de loi relatif à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires adopté par l’Assemblée Nationale le 7 octobre 2015 relance le débat autour de 4 valeurs reconnues par la jurisprudence, inscrites pour la première fois dans le droit de la fonction publique (titre I): la neutralité, l’impartialité, la probité et la laïcité.  De plus, la protection du fonctionnaire est renforcée y compris dans le cas où il donnerait l’alerte sur une situation dite de conflit (titre II). Enfin, l’exemplarité des employeurs publics se voit reconnaître une place déterminante dans le titre III.
Ce projet de loi fait écho aux communications récentes qui relatent des dysfonctionnements, des situations délétères et une perte de sens du travail à l’Université (Goy, 2015 ; ANR, 2014 ; Comets, 2014 ; Thomine, 2014 ; Pacitto et al., 2012 ; Barth, 2012 ; Jourde, 2011). Alix (2010), indique qu’un mouvement international se développe pour améliorer l’intégrité scientifique à l’Université. Dans ce contexte de malaise évident, notre travail vise à promouvoir l’efficacité et le bien-être des enseignants-chercheurs en France par le développement du réseau multi-acteurs des Universités françaises pour optimiser collectivement et durablement leur efficience en enseignement et recherche.

Une organisation du travail
plus transversale, professionnelle
et solidaire

Nous avons en effet la conviction qu’une plus-value sociale importante résultera d’une organisation du travail dans les universités à la fois plus transversale, professionnelle et solidaire. Enseignants-chercheurs, étudiants, chercheurs, élus, professionnels, etc. participons tous au « Réseau Université-Durable » en créant une dynamique collective de partage d’informations. Améliorer significativement l’efficacité est possible en réduisant le coût humain si le travail de chacun est favorisé dans une démarche d’amélioration continue. L’acquisition par les enseignants-chercheurs d’une expertise des procédures qui régissent leurs carrières et des modes d’organisations du travail à l’Université apparaît donc un prérequis important pour promouvoir l’efficacité professionnelle et le bien-être au travail du plus grand nombre.

Développer un réseau multi-acteurs opérationnel

Favoriser d’avantage les synergies entre les différents acteurs des universités en développant un réseau multi-acteurs opérationnel de capitalisation et de partage d’informations sur l’organisation du travail, de ressources pédagogiques et projets de recherche apparait crucial afin de recentrer les préoccupations des enseignants-chercheurs sur leur cœur de métier. Optimiser durablement l’efficience de l’Université française sur la base d’actions collectives visant particulièrement à redonner toute sa place à une collégialité exigeante et bienveillante apparait crucial. Notre travail s’intègre dans la démarche de la stratégie nationale de l’enseignement supérieur (StraNES) : promouvoir la qualité des formations universitaires par une organisation optimisée des conditions de travail des EC et ce pour une insertion professionnelle réussie du plus grand nombre d’étudiants quelle que soit leur origine sociale.

Dumat C., Santoromito E. & Reverso L. 2015. Développement du réseau multi-acteurs des Universités françaises pour optimiser collectivement et durablement leur efficience en enseignement et recherche. Réseau Université-Durable, 22 octobre 2015.  Cliquez ici pour en savoir plus 
Camille Dumat, professeure des Universités  « Environnement-Santé-Société-Risques »
Egina Santoromito, attachée principale d’Administration
Laurent Reverso, professeur des Universités, Histoire du Droit
*http://reseau-agriville.com/

Camille Dumat, Professeur en Sciences du Sol et Risques environnementaux à l'ENSAT École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse: Experte en transition écologique. Après une thèse au laboratoire de Sciences du Sol de l’INRA en 1996, elle construire des projets en enseignement et recherche à l’Université Pierre et Marie Curie et à l’Institut National Polytechnique de Toulouse. Ses recherches concernent le devenir et l’impact environnemental et sanitaire des polluants métalliques : transferts, biodisponibilité, (éco) toxicité et spéciation, scénarios d’exposition et régulation. Elle s’investit au CERTOP au sein de l’axe de recherche « transition écologique, risques et innovations » Coauteur d’une centaine de publications , elle mène un travail d’expertise scientifique collective au sein de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), comme membre des comités scientifiques. Elle préside la plateforme pédagogique participative de ressources en ligne sur l’agriculture urbaine, projet « Agriville »