“Rien n’est permanent sauf le changement”, disait le philosophe Héraclite. Cette maxime incarne parfaitement notre époque jalonnée d’innovations de rupture. Car la technologie ne modifie pas seulement les usages, elle change aussi significativement les besoins des entreprises et, par extension, les métiers eux-mêmes, en particulier, celui de consultant informatique, clef de voûte de ces transformations.
Aujourd’hui, qu’est-ce qu’un consultant ? Un formateur ? Un expert
technique ? Plus certainement, un mélange des deux capable de diagnostiquer des problématiques et de proposer des solutions d’amélioration pour un meilleur fonctionnement de l’entreprise.
Mais pour s’adapter à ce monde mouvant, modelé par les innovations et saturé d’informations, le consultant doit revenir à sa signification originelle. Suivant l’étymologie latine du mot “consulo”, qui signifie à la fois “prendre soin, veiller”, et “discuter”, “examiner”, il doit aller au-delà des logiques d’immédiateté et assumer sa position particulière d’élément extérieur, exogène. Il doit opérer sa grande mutation pour mieux accompagner celui qui est désormais bien plus qu’un client : un partenaire.
L’auto-consultation du consultant
Encore faut-il que le consultant s’auto-consulte ! On ne peut bien conseiller que lorsqu’on maîtrise chacune des innovations et leurs particularités, y compris leurs forces et faiblesses. Les consultants doivent désormais repousser leurs frontières en explorant toutes les nouveautés, sans jugement de valeur.
Le consultant qui, par essence doit s’adapter continuellement, se retrouve aujourd’hui face à des défis d’adaptation de plus en plus radicaux et rapides. Ne serait-ce que parce que son âge définit ses propres usages, influençant de fait, souvent, son horizon de réflexion. Baby-boomers, générations X, Y, Z… à chaque génération, ses propres habitudes et références.
Avec l’arrivée sur le marché des millenials, ce sont aussi les attentes vis-à-vis du travail, et notamment du métier de consultant qui évoluent. Il est donc aussi nécessaire de repenser le métier afin de le rendre plus attractif.
Peut-être est-il également temps de revoir l’évolution jusqu’ici classique du parcours du consultant, d’abord “Junior“ puis ”Senior“ et enfin “Manager”. Est-elle encore pertinente pour une génération souvent décrite comme moins fidèle à son employeur ? Les employeurs devront donc imaginer un parcours sur-mesure pour chaque consultant, notamment grâce à la formation en interne.
Du bon usage de l’usage
Et si les millenials ont des attentes différentes vis-à-vis du monde du travail, ils ont aussi d’autres besoins en matière technologique. Cette génération ultra-connectée privilégie les solutions simples à paramétrer et à utiliser, grâce à une ergonomie efficace.
Sans surprise, cette tendance se retrouve chez certains éditeurs, qui mettent en avant des outils pré-paramétrés, s’appuyant sur des technologies plus récentes. Parallèlement, les outils « cloud », perçus comme plus légers et plus faciles d’utilisation, car semblables aux outils du quotidien (applications mobiles), se multiplient.
Désormais, ce sont bien souvent les éditeurs qui donnent le tempo aux consultants. Ces derniers doivent suivre la cadence pour maintenir un haut niveau de connaissance du marché.
Il est donc fondamental de développer une solide expertise sur l’usage des outils une fois déployés, plutôt que sur leur seul paramétrage. Il faut repousser les limites de ses propres connaissances, en allant au-delà de la précédente Sainte-Trinité du consultant : installation/paramétrage/formation. Dans la même logique d’optimisation, la valeur ajoutée du consultant va aussi de plus en plus passer par l’anticipation de l’évolution de l’utilisation des outils.
Et le fournisseur devint partenaire…
“Data is the new oil”, disait dès 2006 Clive Humby, un mathématicien britannique. Afin d’aider les organisations à comprendre puis à exploiter cet “or noir“, de nouveaux outils et de nouvelles compétences-métiers pour les traiter voient sans cesse le jour. L’enjeu est de taille, car de nouveaux acteurs maîtrisant bien mieux le volet technologique que les consultants historiques se multiplient.
C’est donc aussi sur la dimension “conseil” que le rôle du consultant informatique doit évoluer. Bien plus qu’un expert capable de configurer un outil, il est aussi celui qui analyse les données pour proposer les solutions les plus pertinentes. Une compréhension de la chaîne de valeur de la donnée ainsi que du métier du client est donc primordiale.
Ces connaissances doivent permettre au consultant de repousser les limites de son rôle, en imaginant les nouveaux services à proposer grâce au croisement des données.
Parallèlement à cette montée en compétences, il doit aussi être meilleur pédagogue, pour faire du client un véritable partenaire. Avec l’avènement d’Internet, le glas de l’ère du sachant a sonné. Au même titre que les médecins font désormais de leurs patients des alliés, acteurs à part entière de leur santé, les consultants doivent être capables de participer activement aux décisions de leurs clients/partenaires dans une relation de confiance réciproque et de partage de savoir.
Cette nouvelle posture existe d’ailleurs dans la polysémie du terme “consultant”. Celui qu’on appelle ainsi est en réalité le consulté. A travers cette dualité, le consultant incarne finalement une sorte d’interface. Il n’est ni tout à fait dans l’entreprise, ni tout à fait en dehors, mais à la fois dans l’une et dans l’autre de ces dimensions. La donnée lui ouvre les frontières de l’entreprise et fait de lui un intermédiaire dont le rôle devient de plus en plus stratégique. Charge à lui d’ouvrir très grand son esprit et celui des autres aux technologies et aux évolutions des différents métiers.