Le propre d’une entreprise est de trouver des contrats et de développer son chiffre d’affaires, sinon elle meurt. Pour cela elle doit réduire son personnel, changer de process, réorienter sa clientèle, elle met la pression sur ses troupes tant qu’elle se sent à l’agonie. Que faire avant d’en arriver là ? L’entreprise n’existe que par les hommes et les femmes qui la forment. Investir dans les hommes et les femmes est une priorité, même une nécessité. Avec une ressource humaine malade, l’entreprise de facto est malade. Evident ! Et pourtant… trop peu d’entreprises font encore assez attention aux hommes et femmes qui les composent, aussi paradoxal que cela puisse être. Explications.
Toujours plus haut et plus fort
Avant de penser à l’humain dans l’entreprise il y a l’idée de faire plus, toujours plus, plus haut, plus fort, plus de technologie… Alors les entreprises ont investi dans leur force de vente, recruté les meilleurs vendeurs, les plus forts, les plus persévérants, ceux qui réussissent leurs objectifs à 200%, les autres partent… Elles leur offrent stages, formations, séminaires à l’étranger, pour les motiver, organisent des challenges de prospection pour ouvrir de nouveaux marchés avec à la clé des cadeaux parfois sublimes…
Puis ça n’a pas été assez, alors les entreprises se sont questionnées : on leur a tout donné, pourquoi n’arrivent-ils pas à faire mieux que mieux ? On les a coachés, « team buildés », « brain stormés », toujours pas mieux… alors l’idée c’est le changement. Les entreprises pensent alors qu’il faut changer jusqu’à innover, après avoir fait plus, il faut faire autrement. Autrement comment ? Cela, elles ne le savent pas, mais une chose est sûre, autrement. Changer l’angle de vision, l’angle d’approche du marché, de cible, de technique, tout est bon… Parfois ça marche, parfois non… Puis ça n’a pas été assez…
Les solutions sont à l’intérieur de l’entreprise
Après le « faire plus » et le « faire autrement », je préconise le « faire avec ». Les entreprises d’aujourd’hui ont tendance à se disperser, à penser que la valeur et les solutions sont ailleurs, en extérieur. Je pense aussi qu’elles sont à l’intérieur. Tout comme il est question ces temps derniers en tant qu’humain de se recentrer sur soi-même, la voie pour l’entreprise est à mon sens, et ce quelle que soit sa taille, de se recentrer sur elle-même et faire surtout avec ce qu’elle a.
Si une entreprise un jour a fait confiance à un individu, c’est qu’elle a cru en lui. Elle a parié sur son potentiel, ses compétences, ses capacités. Vrai ou faux ? Si cette même personne quelques mois, voire quelques années plus tard, ne produit plus, cela sous-tend quelque chose. Il y a une raison à cela. Quelle est-elle ? Les raisons sont multiples, parfois individuelles, parfois collectives, mais il est nécessaire que l’entreprise se penche sur la question avant que les choses n’empirent… Car elles peuvent empirer : du présentéisme inaudible en passant par le burn-out en allant jusqu’au suicide. Et tous ces cas se chiffrent. Il n’y a qu’à demander au contrôleur de gestion sociale d’une entreprise pour avoir les chiffres exacts de ce qu’une entreprise perd à ce petit jeu. Et objectivement, commercialement, quelle entreprise-partenaire pourrait faire confiance à une autre qui « se suicide » en ne prenant pas soin des siens…
Beaucoup de méthodes existent, pour améliorer ce que l’on nomme « la qualité de vie » au travail, la mienne est de recentrer l’entreprise sur ses hommes et femmes qui la font et qui la vivent de l’intérieur ; il s’agit de les reconnaitre, leur redonner la parole brute, consolider les résultats et mener des actions immédiatement visibles. C’est ce que je nomme la communication interne ascendante, car souvent ce sont des petits riens, invisibles, étouffés ou incompris de l’intérieur qui bloquent les rouages et altèrent la performance.
Stephanie Diallo-Morin, Consultante Apec: Diplômée de sociologie, socio-consultante, elle s’intéresse autant aux nouvelles manières de travailler qu'aux nouveaux lieux de travail. Open innovation, thirdplaces, labs et même politiques publiques font partie de son vocabulaire quotidien d'investigation.