Thomas Hervet
La crise économique qui pourrait s’intensifier dans les mois à venir inquiète bon nombre de chefs d’entreprise. Face à cette situation, l’entreprise doit développer ses capacités de résilience : en travaillant ses points forts, notamment ses innovations, et en pratiquant au quotidien la sobriété et le discernement budgétaires. Des règles de conduite porteuses sur le long terme, car génératrices de confiance et d’engagement pour toutes les parties prenantes de l’entreprise.
L’hiver s’annonce compliqué. Le cocktail entre inflation supérieure à 6% et consommation des ménages en berne fragilise les entreprises : le nombre de défaillances a augmenté de 68,5 % sur un an. Alors, comment résister à cette crise sur le long terme, préserver sa rentabilité et garder le cap ? La notion de résilience, généralement utilisée pour parler des individus, peut également s’appliquer aux entreprises. Celles qui savent, au quotidien, mettre en place les fondamentaux qui les rendront solides, quoi qu’il arrive, pourront passer sereinement cette crise. Et mieux profiter de la reprise, lorsqu’elle arrivera.
Misez sur l’innovation, dans la durée
Innover en termes de produit ou de service, répondre à un besoin réel, sert souvent de point de départ au succès d’une entreprise… mais ne suffit pas. L’innovation, pour ne pas devenir un (coûteux) feu de paille, doit s’entretenir, pour pouvoir vivre sur la durée. En l’optimisant en permanence, grâce à l’écoute de ses clients, fournisseurs et prescripteurs. En la déclinant sous différentes gammes, formats, cibles ou prix. En la retravaillant autant que nécessaire, pour la rendre plus durable, plus respectueuse de l’environnement ou encore plus accessible. Et surtout, en l’adaptant à l’évolution des usages : une vraie innovation doit pouvoir traverser les années, c’est même à cela qu’on la reconnaît. Miser sur une vraie innovation et la faire durer s’avère plus judicieux, à long terme, que de lancer trop fréquemment de nouveaux produits ou services sans réelle valeur ajoutée.
Maîtrisez le financement et la rentabilité de votre croissance
Pour tenir le cap, par tous les temps, un maître-mot : croissance frugale. Se développer à un rythme maîtrisé permet de contrôler sa stratégie et son rythme de croissance. Les objectifs d’investisseurs extérieurs ne concordent pas toujours avec ceux de l’entreprise sur le long terme : combien d’entreprises, ces derniers mois, ont brutalement réduit ou cessé leur activité, après des phases de développement exponentiel ? Dans ces histoires d’ascension et de chute, on retrouve souvent les mêmes ingrédients : une croissance à marche forcée, sans fondamentaux assez solides, et surtout sans rentabilité. Se développer sans compter sur l’investissement extérieur récurrent oblige à devenir rapidement rentable, et donc à rester connecté à la réalité de son marché. Un réalisme précieux en temps de crise.
Pratiquez la sobriété budgétaire
Organiser sa résilience, c’est aussi privilégier des investissements sont mesurés, à la rentabilité soigneusement calculée : effectifs, locaux, investissements publicitaires ou marketing se trouvent ainsi ajustés à la réalité de l’entreprise plutôt qu’à ses rêves de grandeur. Devoir réfléchir à ses investissements, c’est aussi définir des priorités : recruter des effectifs en nombre et en qualité suffisants, proposer à ses collaborateurs un lieu de travail agréable, se révèle ainsi porteur sur le long terme, car c’est ce type d’investissement qui génère la créativité, l’engagement, et la fidélité de ses équipes… alors que des dépenses de communication échevelées, par exemple, peuvent créer plutôt du doute ou de la frustration parmi les collaborateurs, mais aussi chez les fournisseurs ou partenaires de l’entreprise.
Ecoutez vos clients, et montrez-leur que leur avis est pris en compte
Dans toute activité, B to B ou B to C, l’expérience client est devenue un enjeu central : l’habitude collective de tout noter, de tout évaluer, s’est immiscée dans les comportements quotidiens de chacun d’entre nous. Mais noter un produit ou un service n’apporte, en soi, rien d’intéressant si l’entreprise ou la marque se contente de recevoir et de compiler ces avis, sans rien changer à sa proposition de valeur. L’avis du client ne doit pas se résumer à un nombre d’étoiles, mais doit servir de guide à la stratégie de l’entreprise : c’est en prenant le temps de vraiment l’écouter, en mettant en place des process d’échange efficaces et suffisamment développés avec lui, que l’entreprise peut, non seulement améliorer ses produits et services, mais aussi et surtout créer avec ses clients une relation de confiance et de fidélité. Un client écouté, qui constate que l’entreprise a concrètement pris en compte son avis, qui voit ce qu’elle a fait évoluer pour mieux s’adapter à ses attentes, devient un client valorisé et reconnu. Il sera alors un prescripteur plus efficace et crédible (et moins coûteux) que tous les commerciaux du monde.
Ces règles de sobriété, d’écoute, de mesure, précieuses en temps de crise, n’empêchent en rien de se montrer ambitieux en termes de développement, d’idées, de créativité. Au contraire, ce sont ces principes de gestion saine qui permettent de se libérer de l’énergie, du temps et des ressources financières pour assurer une croissance robuste et inspirée, sur le long terme. Et de traverser sereinement les aléas de l’économie, en gardant toujours en tête leur côté passager.