Se former ou se reconvertir, comment s’en sortir. Victimes de réorganisations, de restructurations ou simplement gagnés par l’envie de se reconvertir dans des activités qui leur donnent le sentiment de devenir plus utiles et plus épanouis, cadres et dirigeants cherchent à se former à de nouveaux métiers. « Faire le point » sur leurs carrières, leurs compétences et leurs possibilités d’évolution en dehors de leurs entreprises et de leurs secteurs d’activité.
Se former ou se reconvertir, comment s’en sortir : le besoin de donner du sens
« La semaine dernière, je rencontre trois candidates en partance de leur entreprise car elles n’adhèrent plus aux pratiques qu’on exige d’elles. » Voilà ce que vient de rapporter une experte en recrutement de dirigeants sur un célèbre réseau social !
Ce genre de témoignage est de moins en moins rare. Les spécialistes du coaching, de l’outplacement et de l’executive search le constatent assez unanimement. Même lorsque la conjoncture économique se dégrade, cadres et dirigeants veulent s’investir dans des métiers qui leur semblent donner du sens à leurs carrières.
Ce constat s’accompagne d’une désillusion particulière à l’égard des grandes entreprises confrontées à des environnements économiques trop changeants et trop incertains pour offrir des perspectives de carrière variées tout au long de la vie professionnelle. La multiplication des contraintes budgétaires, le report de projets mobilisateurs, l’enchaînement des réorganisations et des plans de réduction des coûts finissent par lasser et par donner des « envies d’ailleurs ».
En outre, le développement de nouvelles formes d’emploi atteste que la référence au contrat à durée indéterminée n’est plus forcément perçue comme sécurisante et épanouissante. Cadres et dirigeants sont ainsi de plus en plus nombreux à tenter l’expérience de l’auto-entreprenariat, du portage salarial ou du management de transition. Les innovations pédagogiques des grandes écoles de commerce contribuent tout particulièrement à développer les vocations d’autoentrepreneur.
Donner un nouvel élan à sa carrière, ça se prépare
Tenter une nouvelle expérience professionnelle ne s’improvise pas. Cela exige de prendre le temps de la réflexion et du discernement. Il s’agit non seulement d’évoluer vers un projet qui correspond à ses aspirations profondes, mais aussi de pouvoir répondre à des besoins du marché pour pouvoir constituer rapidement un réseau et une clientèle. Depuis plusieurs années, les législations successives ont institué de nouveaux dispositifs qui peuvent aider à définir ou à redéfinir un projet professionnel.
Le dispositif le plus connu est probablement le bilan de compétences, dont la pratique s’est surtout développée dans la seconde moitié des années 1980 jusqu’à être officiellement reconnue par une loi du 31 décembre 1991. Proposé par de nombreux prestataires et par le service public de l’emploi, le bilan de compétences permet, d’une part, de faire un point complet sur sa personnalité, sur les réalisations marquantes de son parcours, sur les principales leçons à en tirer et, d’autre part, de réfléchir aux possibilités de continuer à évoluer en utilisant au mieux ses atouts. Comme en dispose la loi du 31 décembre 1991, les résultats du bilan de compétences sont confidentiels.
Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont cherché à développer le droit à l’information et à l’orientation. Une étape décisive a été franchie avec la promulgation de la loi du 5 mars 2014, qui a institué le conseil en évolution professionnelle. Conformément aux termes de l’accord national interprofessionnel du 14 décembre 2013, la loi dispose que « toute personne peut bénéficier tout au long de sa vie professionnelle d’un conseil en évolution professionnelle, dont l’objectif est de favoriser l’évolution et la sécurisation de son parcours professionnel ». Ce conseil est gratuit et doit permettre d’accompagner « les projets d’évolution professionnelle, en lien avec les besoins économiques existants et prévisibles dans les territoires ». L’accessibilité au conseil en évolution professionnelle est du ressort de chaque région, qui accrédite des prestataires habilités à conseiller les salariés et les demandeurs d’emploi.
En complément, rappelons l’existence de la procédure de validation des acquis de l’expérience, légalisée par la loi dite de « modernisation sociale » du 17 janvier 2002. Cette loi dispose que « toute personne engagée dans la vie active est en droit de faire valider les acquis de son expérience, notamment professionnelle, en vue de l’acquisition d’un diplôme, d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de qualification ». L’exercice de ce droit est normalement réservé aux salariés ayant au moins trois années d’expérience. La loi précise que « peuvent être prises en compte, au titre de la validation, l’ensemble des compétences professionnelles acquises dans l’exercice d’une activité salariée, non salariée ou bénévole, en rapport direct avec le contenu du diplôme ou du titre ».