Après avoir créé et dirigé deux entreprises dans le domaine des nouvelles technologies de l’information (TDSI, une agence spécialisée dans le télémarketing BtoB et Jironimo, une place de marché web d’appels d’offres informatiques), Aurélie Giraud est devenue en 2009 manager de transition, un métier qu’elle ne quitterait pour rien au monde aujourd’hui. Fondatrice en 2010 de l’association Womanager, un réseau qui regroupe une trentaine de femmes managers de transition, elle explique dans cette interview exclusive sa passion du métier de manager de transition, les qualités qu’il faut avoir pour l’exercer ainsi que son action en faveur des femmes.
Comment êtes-vous devenue manager de transition ?
J’ai découvert ce métier lorsque je dirigeais ma seconde entreprise, Jironimo. J’avais besoin à la fois de rechercher des fonds et de mettre en oeuvre des actions de marketing et de communication pour le site internet de l’entreprise. Or je ne pouvais pas mener de front les deux activités. Je rêvais d’avoir quelqu’un de très compétent, d’autonome pour le marketing et la communication qui puisse pendant un temps prendre mon relais pour ensuite embaucher quelqu’un de plus junior pour ce poste. Je n’ai pas eu d’autre choix que de recruter quelqu’un dont il a fallu que je m’occupe et qui au final n’a pas donné satisfaction. Ce n’est que plus tard, que j’ai découvert ce métier qui était exactement ce que je cherchais : celui de manager de transition.
Je me suis lancée dans ce métier en 2009 et c’est devenu une véritable passion et une vocation : je ne m’imagine pas faire autre chose que ce métier. Quoi de plus valorisant que de redonner espoir à un chef d’entreprise grâce à un autre regard expérimenté ? Ce qui est véritablement magique dans ce métier est de mettre en œuvre les préconisations que l’on recommande (contrairement aux consultants). Les dirigeants de PME ont souvent le nez dans le guidon et n’ont pas le temps de se pencher sur tous les projets stratégiques. Nous leur proposons des solutions très pragmatiques que nous mettons en œuvre.
Quelles sont les qualités essentielles d’un manager de transition ?
Il y a une question générale de savoir-être du manager de transition : celui-ci n’est ni dans l’entreprise ni hors de celle-ci. La première des qualités nécessaire est celle de la bienveillance et de l’empathie. Cela va de pair avec l’écoute : très souvent la solution du problème soulevé par le dirigeant est au cœur de l’entreprise. Il faut savoir écouter tout le monde, des ouvriers jusqu’au DG. Autre qualité : ne pas avoir trop d’égo. Le manager de transition est au service de l’entreprise et ce d’une manière transitoire. Il faut donc accepter d’être un dirigeant de l’ombre, une doublure en quelque sorte et rester humble. Enfin, dernière qualité essentielle : être honnête (il est important d’instaurer un climat de confiance surtout lorsque l’on passe d’une entreprise à l’autre) et avoir une éthique morale et financière. En tant que femmes managers de transition, nous plaçons le respect de l’humain au dessus de tout.
Comment promouvoir les femmes managers de transition ?
L’association Womanager a été créée pour cela. Nous avons constitué un réseau d’une trentaine de femmes expérimentées (elles ont un minimum de 10 ans d’expérience comme dirigeantes d’entreprise ou membre d’un Codir) qui proposent leurs services en tant qu’indépendantes, en CDD ou bien en portage salarial. Ces femmes sont toutes très performantes – je dirais même exceptionnelles – et ont de l’humilité (beaucoup trop !). L’objectif de Womanager, qui était de rendre ces femmes plus visibles, est en partie atteint (on ne remet plus en question aujourd’hui la compétence des femmes) et les cabinets de management de transition ont augmenté le nombre de femmes dans leur équipe.
Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment pour combattre l’a-priori négatif des dirigeants à l’égard des femmes : il est parfois difficile de décrocher un premier rendez-vous lorsque vous êtes une femme, particulièrement dans le domaine de l’industrie et auprès des dirigeants les plus âgés. Les femmes ont aussi un travail à faire sur elles mêmes pour arrêter de s’excuser d’être compétentes ! C’est pour cela que nous sommes très actives dans les conférences et les salons ainsi que sur les réseaux sociaux. Nous espérons avoir dans 5 ans près d’une centaine de femmes managers de transition.
(Propos recueillis par Sophie Lhameen)