Depuis des mois, la génération des 20 ans est devenue, y compris au plus haut sommet de l’Etat, « la génération sacrifiée ». Les leaders d’opinion n’ont pas conscience qu’en inventant de telles formules, ils accentuent encore davantage le malaise légitime d’une génération qui a vu nombre de ses repères sociaux bousculés. Au moment où les liens sociaux sont essentiels au devenir, il est vrai qu’une vie privée de soirées, de rencontres, de sorties est source de frustrations. Les cours en distanciels ne remplacent pas l’interactivité d’une classe. Les « afters avec le rituel d’une bonne bière » après le travail manquent… Autant de rendez-vous qui cadencent la vie.
Donner confiance aux jeunes en évitant la langue de bois
A cela, s’ajoute une réalité des embauches qui a fait passer les 20/30 ans d’une situation de quasi plein emploi pour les jeunes diplômés à des délais d’embauches compris entre 6 et 12 mois. Doit-on relativiser pour autant la notion de « génération sacrifiée » au profit de populations dites fragiles, que l’effort national a voulu protéger des impacts mortels de la Covid ? Assurément, car oui les jeunes peuvent et doivent espérer.
Il ne s’agit pas de méthode Coué mais bien d’un optimisme réaliste. Ils peuvent continuer d’apprendre en ayant des filières d’enseignement qui ont su s’adapter ; ils peuvent continuer à se voir entre eux, certes pas aux mêmes horaires et avec des gestes barrières à respecter ; ils sont encore embauchés massivement car nombre d’entreprises comme Gifi continuent à créer des emplois. Face au verre à moitié vide ou à moitié plein, optons pour le verre à moitié plein et donnons aux jeunes des raisons d’espérer. Pour cela, Pouvoirs Publics et entreprises doivent arrêter de doter les jeunes de concepts marketing qui en rajoutent au pathos de la pandémie ! Les entreprises les attendent ; certes l’emploi s’est ralenti, certes les délais d’embauche se sont allongés, contrebalancés par des aides nouvelles fort heureusement. Les entreprises ont un devoir sociétal et social de motivation pour en faire LA GENERATION ATTENDUE. A l’heure des entreprises à missions et autres stratégies de RSE, on se rend compte que le sujet des jeunes est peu mis en avant par ces entreprises pourtant vertueuses ! Comme souvent, le parler prime sur le faire dès qu’il s’agit d’engagement concret.
La vraie raison d’être d’une entreprise : créer de la confiance avec ses parties prenantes
Je lance un appel à tous les DRH de France pour les convaincre d’ouvrir par anticipation les vannes de l’emploi des jeunes. Dans tous les secteurs, les gisements de créations de postes existent. N’attendons pas que les indicateurs économiques donnent le go pour agir, soyons responsables avant. C’est en temps de crise que l’on a l’opportunité de valoriser ses engagements humains !
La vraie raison d’être d’une entreprise est de créer de la confiance avec ses parties prenantes avant tout ! Pour les jeunes, la confiance consiste déjà à leur parler et non à fermer le rideau, à les informer sur les filières métiers, à leur proposer des opportunités de stages, d’alternances et de jobs. Est-ce normal que des jeunes doivent interrompre des études, n’ayant pas trouvé d’entreprise pour les accueillir ! Plutôt que d’insister sur la notion de génération sacrifiée, osons parler d’environnements irresponsables et d’un manque de solidarité intergénérationnelle sur le plan professionnel !
Cette situation, si les entreprises ne se mobilisent pas pour les jeunes (diplômés et non diplômés, car souvent la sanction est double pour eux), est grave car elle nous mène tout droit vers une crise de confiance inédite qui ne concernera pas que les jeunes.
Cette crise de confiance va accroître les sujets de désengagements, de démobilisation constatée ces dernières années. Le repli sur soi va s’importer rapidement dans l’entreprise en échos aux transformations des modes de travail dues à la Covid comme le télétravail, la distanciation managériale, l’individualisme au profit des enjeux personnels sur les sujets professionnels… Il y a urgence à élever la confiance en credo en la sortant du registre des bons sentiments au profit de l’action. A tous les gens de bonne volonté, à tous les conseils en RSE, à tous les inspirateurs d’entreprises à missions, il est temps d’agir pour que l’entreprise assume sa responsabilité humaine, en toute confiance !