Les entreprises de taille moyenne opèrent souvent dans des secteurs qui ont été perturbés par l’automatisation et la technologie – fabrication, exploitation minière, soins de santé, pour n’en citer que quelques-uns. En France, selon l’INSEE elles sont 5 400, avec plus de trois millions d’employés. Elles comptabilisent 34 % des exportations et un chiffre d’affaires de 1 000 milliards d’euros par an.
Dans la note Cinq ans pour faire progresser la France des ETI, l’Institut Montaigne et le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI), avec le soutien de PwC France et Maghreb, adressent aux candidats à l’élection présidentielle de 2022 des propositions pour faire progresser les ETI et accélérer le rebond industriel de la France.
Selon l’association technique ATH, les ETI françaises ont fait preuve d’une bonne résilience malgré la crise sanitaire. Sans se laisser décourager par les perturbations et les ralentissements, le marché intermédiaire reste tenace et continue de considérer la technologie comme sa meilleure voie pour avancer. Mais le passage à l’innovation nécessite une main-d’œuvre plus spécialisée, laquelle coûte de l’argent et demande du temps — deux choses dont les ETI ne disposent pas par rapport aux grandes entreprises. Au regard de ces contraintes, la reconversion et le perfectionnement des compétences sont essentiels à la reprise et à l’expansion de ce segment, qui a été gravement touché par la pandémie.
L’analyse au service de l’auto-amélioration
La reconversion dans la science des données peut offrir le retour sur investissement le plus élevé et le plus rapide pour les entreprises de taille moyenne. D’une part, des cours et des formations en ligne dans ce domaine sont aujourd’hui facilement disponibles auprès d’organismes tiers. Cependant, la plupart des ETI ne peuvent pas créer de toutes pièces une infrastructure de science des données autour des compétences en intelligence artificielle. Le point positif, c’est que les outils d’analyse eux-mêmes, qui étaient autrefois trop coûteux et complexes sont désormais facilement accessibles.
La plupart des fournisseurs proposent des formations directement aux clients, lesquelles peuvent constituer un niveau supplémentaire de reconversion pour les employés. Mais si ces plateformes de veille stratégique connectées sont devenues plus faciles à utiliser, elles n’en restent pas moins des outils sophistiqués qui nécessitent un savoir-faire considérable pour être exploités correctement en vue de stimuler la croissance de l’organisation. C’est la raison pour laquelle les entreprises de taille moyenne doivent investir concrètement et sérieusement dans la reconversion ou le perfectionnement de leurs employés afin de leur permettre d’utiliser ces systèmes. Une fois ce processus mis en place, la science des données offre la possibilité de créer de nouvelles sources de revenus et d’améliorer l’efficacité opérationnelle.
La combinaison des bons outils avec des collaborateurs correctement formés favorise le succès de l’entreprise. Lorsque les individus entendent parler de reconversion, ils imaginent souvent une salle de classe, avec des journées de cours et de formations spécifiques. Cela vaut pour la formation formelle, mais il existe d’autres façons d’apprendre au bureau, par l’intermédiaire de la formation informelle et non formelle. En reconnaissant la valeur de ces trois types d’apprentissage, les entreprises de taille moyenne sont à même d’instaurer une culture durable sur le lieu de travail. Les cultures d’apprentissage favorisent l’émergence d’équipes plus productives et plus efficaces. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. Ce changement passe par un ajustement philosophique de la part des chefs d’entreprise, ce qui n’est pas toujours simple pour les sociétés privées, familiales et parfois vieilles de plusieurs décennies.
Coût de la formation par rapport au coût de l’embauche
Dans une enquête réalisée par Deloitte auprès de 500 cadres du marché intermédiaire, 61 % des répondants ont déclaré qu’ils procédaient à la reconversion de leur personnel, tandis que 57 % ont indiqué qu’ils redéfinissaient les emplois pour compenser les postes disparus en raison de l’automatisation et de la technologie.
La pandémie a durement touché les entreprises de taille intermédiaire. Selon l’observatoire ATH dans son étude portant sur la santé financière des ETI françaises, après une hausse régulière de leur chiffre d’affaires d’environ 11 % sur 3 ans, ce dernier a chuté en 2020, effaçant ainsi cettee croissance triennale. Cette situation a notamment accéléré le besoin de nouvelles technologies et d’employés formés pour les utiliser.
En France, le coût d’un recrutement se situe en moyenne entre 5 000 et 8 000 €, et, d’après certaines estimations, le recrutement externe peut coûter jusqu’à six fois plus cher à une organisation que le développement interne. Dans un marché morose, ces économies d’échelle permettent aux entreprises de taille moyenne d’investir dans l’innovation – des outils tels que les plateformes de veille stratégique – qui peuvent accroître les recettes. Aussi, en économisant le temps et l’argent nécessaires pour recruter à l’extérieur, elles peuvent s’adapter plus rapidement et plus efficacement aux perturbations qui affectent leur secteur.
Pourquoi la reconversion fonctionne-t-elle si bien sur le marché intermédiaire ?
Les ETI sont confrontées à des défis que les petites et grandes entreprises ne connaissent pas. D’une part, elles opèrent sur des marchés mondiaux complexes qui exigent le recours à des solutions technologiques puissantes et évolutives, mais elles n’ont pas accès aux marchés des capitaux et obtiennent peu de financements extérieurs. De plus, les opérations du marché intermédiaire nécessitent toujours une main-d’œuvre spécialisée et concurrencer les grandes entreprises sur le plan salarial peut de surcroît s’avérer difficile.
Toutefois, le marché des ETI s’en sort, comme il l’a toujours fait. Si l’on ajoute à cela leur résilience générale face aux perturbations du secteur, ces entreprises sont idéalement placées pour s’attaquer à de nouveaux domaines d’expertise tels que la science des données, mettre en place des cultures de formation et d’apprentissage et, en fin de compte, fidéliser et reconvertir leurs employés actuels afin de garantir un avenir meilleur pour le marché intermédiaire.