L’accompagnement du dirigeant, un enjeu majeur pour le développement des PME et ETI et nos ambitions de croissance/souveraineté économique

J’ai entendu récemment Olivia Grégoire, la Ministre en charge des PME, mettre des mots sur un enjeu aussi méconnu qu’important qui nous interpelle depuis plusieurs années : « qui coache le coach ? »
La « solitude du dirigeant » n’est pas seulement une question de santé pour une infime partie de la population française mais un enjeu majeur pour notre économie, avec plus de 70 % des salariés français employés par des PME et ETI, aussi agiles… et fragiles que leurs dirigeants. La principale force des organisations de petite taille face aux grands groupes internationaux est leur capacité à réorienter rapidement toute leur énergie en fonction du marché et de leurs besoins. Encore faut-il pouvoir anticiper et bénéficier des ressources de plus grandes structures, de l’expertise de conseils d’administration de premier plan ou de perspectives croisant plusieurs secteurs et/ou géographies.

Comprendre le besoin d’accompagnement du dirigeant

Dans ce contexte, comprendre le besoin d’accompagnement de nos dirigeants est l’un des principaux enjeux pour l’avenir de nos PME/ETI. Le déficit de compréhension de cet enjeu s’ancre dans notre éducation et dans nos différentes expériences de vie. Depuis notre enfance, nous sommes habitués à suivre les directives de nos parents, de nos enseignants ou de nos coachs sportifs, s’appuyant sur une expérience et une expertise faisant autorité. Il est donc naturel que cette perception se poursuive dans le monde de l’entreprise, sans considération particulière quant au nombre, à la complexité et à l’impact des responsabilités auxquels un dirigeant est exposé. Confronté à des doutes constants, les grandes prises de décisions doivent souvent être rapides et sont parfois difficiles, voire irréversibles, définissant l’avenir d’une entreprise, de ses salariés et autres parties prenantes.

L’accompagnement du dirigeant, un enjeu majeur : le rôle d’un « coach »

Dans ce contexte, le rôle d’un « coach » devient essentiel. Tout comme un athlète a besoin d’un entraîneur pour construire sa carrière et atteindre son plein potentiel, un dirigeant a besoin d’un partenaire pour l’interroger et l’aider à prendre du recul sur ses orientations stratégiques ou sur les ajustements opérationnels de l’entreprise.

La typologie de partenaires peut être très variée, que ce soit stricto sensu un conseil spécialisé dans le coaching, un actionnaire spécialisé dans l’accompagnement, un confrère dirigeant ou encore un senior advisor possédant certaines expertises. Trouver le ou les bons coachs est en soi une première étape, souvent réalisée après un premier cycle de réflexion et de « solitude ». Au-delà de l’aspect financier, la recherche se fait autour de deux critères forts : l’intellect et l’humain. Le coach doit comprendre et englober très rapidement la réalité et les enjeux du dirigeant pour organiser un « ping pong » permettant de prendre du recul face aux décisions importantes et aux alternatives qui se présentent. Pour que cela puisse réellement fonctionner, le plaisir d’échanger, le partage de certaines valeurs humaines et la compatibilité des deux personnes sont tout aussi essentiels que l’agilité intellectuelle. Par conséquent, l’une des caractéristiques qui se retrouvent le plus souvent chez ces « coach » est d’être à la fois expérimenté et humble, capable d’inspirer tout en restant dans l’ombre.

Son rôle, loin de trouver des solutions toute faites est de poser les bonnes questions, de stimuler la réflexion et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Il s’agit surtout d’un échange itératif, chacun amenant son expertise et son expérience pour nourrir la maïeutique et le développement continu du dirigeant, tout comme du coach.
Dans l’environnement économique actuel, en lien avec l’énergie déployée pour créer de l’emploi et faire émerger de nouveaux champions régionaux, nationaux ou internationaux, cet accompagnement des dirigeants peut faire une réelle différence. Plus nos dirigeants seront performants – d’un point de vue à la fois financier et extra-financier – plus leur entreprise et l’ensemble de leur écosystème progresseront de pair. Quand cet accompagnement se fait avec l’appui capitalistique d’un actionnaire bienveillant et contribuant au coaching, l’effet accélérateur est multiplié par une capacité d’investissement permettant d’atteindre des objectifs de développement ambitieux.

En reconnaissant la valeur de l’accompagnement et en encourageant les échanges, il est possible d’aider les dirigeants à atteindre de nouveaux sommets de réussite, à rester connectés à leur authenticité et à leur vision et, en fin de compte, à porter notre économie bien au-delà des efforts de souveraineté centralisés mis en place actuellement. Il est temps de promouvoir les vertus de ces accompagnements dans le monde des affaires et d’investir dans cette pratique pour éviter des isolements inutiles et néfastes pour nos entreprises et leurs écosystèmes.

Philippe Aoun est le directeur général de la Compagnie Lebon, cotée en Bourse depuis 1854, engagée dans l’économie réelle via ses métiers opérationnels d’exploitation hôtelière et thermale, et sa société de gestion axée sur l’accompagnement des PME, avec comme socle commun la valorisation du patrimoine culturel et économique de nos territoires.

Hubert Reynier, président fondateur de Visconti, société leader du coaching de dirigeants, est un serial entrepreneur passionné par le développement des services de coaching, de conseil et de formation pour les dirigeants et leurs entreprises.
L’accompagnement du dirigeant : un enjeu majeur pour le développement des PME et ETI
L’accompagnement du dirigeant, un enjeu majeur Depositphotos Peopleimages.com

Tribune cosignée par Hubert Reynier, président fondateur de Visconti, société leader du coaching de dirigeants et Philippe Aoun, directeur général de la Compagnie Lebon,