Le corpoworking, nouvel eldorado des stratégies immobilières.

Par François Xavier de Saboulin, Partner chez Colombus Consulting et Caroline Cheze, consultante chez Colombus Consulting.

Après l’open space et le flex office, le corpoworking peut être la nouvelle réponse au dilemme des entreprises qui doivent optimiser la gestion de leur parc immobilier, tout en donnant envie à leurs collaborateurs de revenir travailler sur site. Espaces collaboratifs conviviaux, services s’inspirant des codes de l’hôtellerie… Et si l’avenir était de pouvoir dire qu’au travail, c’est mieux qu’à la maison ? 

Depuis la pandémie et l’essor du télétravail, les entreprises ont dû repenser leur stratégie immobilière tout autant que le contrat social qu’elles offrent à leurs collaborateurs. Les bureaux traditionnels se sont profondément transformés : désormais, on abat les murs, on traque les silos, on réduit les mètres carrés, on gagne en souplesse, en flexibilité. Ainsi sont apparus le flex office, les espaces hybrides… pour résoudre un casse-tête d’équilibriste : comment réduire les coûts immobiliers, tout en donnant envie à ses collaborateurs, dont le sens du collectif s’est un peu évanoui, de revenir travailler sur site ?

Ces deux enjeux pourraient paraître antinomiques pour les entreprises ayant déjà opéré le virage du flex-office avec un nombre de poste de travail par personne déjà optimisé. Il semble en effet presque impossible, par les voies traditionnelles, d’améliorer ou de maintenir la qualité de l’expérience collaborateurs tout en poursuivant une stratégie de réduction des surfaces. La solution ? L’intégration du corpoworking dans le parc immobilier. Contraction de « corporate » et de « coworking », le corpoworking est une nouvelle façon d’appréhender l’usage des espaces de travail en proposant une sorte de coworking interne.

Le corpoworking en complément du flex-office pour augmenter la flexibilité des espaces et réduire les surfaces

Élément indispensable à l’humanisation du flex-office, la notion de « quartier » a été repris par la majorité des entreprises qui ont adopté le flex-office. Pour maintenir des espaces de travail à taille humaine les espaces sont découpés en « zones quasi-réservées » à des équipes ou à des départements. Ces zones essentielles à la réussite du passage en flex-office, deviennent aujourd’hui un frein à la réduction du nombre de postes de travail par personne. En effet, plus le quartier est petit, moins les synergies entre les équipes sont possibles et plus l’organisation de la présence sur site devient rigide.

L’intégration d’espace de corpoworking ouverts à tous les collaborateurs et au « centre » des bureaux permettrait de créer des zones partagées permettant de réduire l’occupation des quartiers classiques, et donc la taille de ces quartiers. Pour réussir cette intégration, il est donc nécessaire d’une part de proposer des espaces qui répondent aux usages réels des collaborateurs et d’autre part de trouver les clés pour attirer les occupants avec des expériences plus haut de gamme ou radicalement différentes.

Le corpoworking permet donc de mieux absorber les variations du taux d’occupation et d’optimiser les espaces et les coûts. Cela suppose, pour que l’affaire soit rentable et optimale, que la démarche soit intégrée à la stratégie immobilière globale de l’entreprise, et non établie de façon indépendante et isolée, sur un seul bâtiment du parc immobilier. Si tel était le cas, les coûts pour l’entreprise risqueraient d’augmenter, car ce modèle est plus cher au m2.

Le corpoworking, une solution « mieux qu’à la maison » pour faire revenir les collaborateurs, même le vendredi !

Devenu pour un grand nombre de salariés un « dû », le télétravail peut opposer une concurrence déloyale aux bureaux physiques de l’entreprise. Avec des bureaux parfois déserts, notamment le vendredi, les dirigeants recherchent désespérément l’argument qui permettrait de faire revenir les collaborateurs au bureau sans avoir l’air de supprimer un nouvel « acquis social ».
Car c’est bien là que le bât blesse : si les entreprises veulent reconquérir le cœur de leurs salariés, il faut qu’elles s’engagent dans un jeu de la séduction. Le corpoworking offre un début de solution. En mariant espaces modernes et attractifs, mais aussi services de grande qualité, le corpoworking incite les collaborateurs à revenir sur site et fidélise, tout en améliorant la qualité de vie au travail et favorise le travail collaboratif et le développement de la cohésion sociale. Et on le sait bien, accroître la satisfaction et l’engagement des collaborateurs, permet d’accroitre la performance de l’entreprise. C’est aussi un moyen de favoriser leur rétention et de permettre à l’entreprise de développer son attractivité, sa marque employeur, et donc de renforcer sa compétitivité sur le marché du recrutement.

Du Facility Management à l’Hospitality Management

En opérant une refonte des espaces et des usages, le corpoworking est une micro-révolution en soi. L’entreprise change de visage et de politique. Puisqu’elle optimise les espaces et libère certaines surfaces, elle peut étendre son offre servicielle : conciergerie, salle de sport, services de restauration, prestations de barista, espaces verts aménagés…

Les possibilités sont donc nombreuses. À la clé : une expérience unique et qualitative pour les collaborateurs. À condition, bien sûr, de faire vivre ces espaces, de les animer, de communiquer. Pour l’entreprise, c’est un changement de paradigme conséquent, puisqu’il faut passer d’une démarche de Facility Management, construite sur une logique de sécurité et d’efficacité des bâtiments, à une autre d’Hospitality Management. Autant dire que c’est aussi un changement de philosophie.

Un véritable levier de profit et de flexibilité

Toujours est-il qu’intégré à la stratégie d’une entreprise, le corpoworking représente un véritable levier au service des politiques RH et immobilières. Une fois mis en œuvre, il peut permettre de pousser l’ambition encore plus loin. Première possibilité : commercialiser les espaces de corpoworking à l’externe pour faire de la direction immobilière un centre de profit. Mais pour ce faire, il faut que l’entreprise soit devenue un véritable opérateur d’espaces, ou qu’elle ait intégré un opérateur d’espaces externe pour en gérer la commercialisation. Autre perspective : gagner encore en flexibilité en gérant son parc immobilier différemment.
Article co(écrit par François Xavier de Saboulin, Partner chez Colombus Consulting et Caroline Cheze, consultante chez Colombus Consulting.
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