L’expérience collaborateur en 2021 : 3 questions à Douglas Rosane, Director EX Solution Strategy chez Qualtrics*

L’amélioration de l’écoute des salariés est un sujet important depuis plusieurs années maintenant. Toutefois, la crise n’a pas conduit, en France, à une augmentation significative de l’écoute. Moins de la moitié de tous les salariés ont pu donner leur avis sur ce qui a été une année pas comme les autres.

Quelle doit être la priorité des managers en 2021 pour améliorer l’expérience de leurs collaborateurs ?

Très franchement, ces résultats continuent d’être étonnants au regard de ce qui se passe dans d’autres pays, notamment sur trois aspects.
En premier lieu, le management vertical reste particulièrement privilégié en France et les salariés sont plus rarement consultés. Par ailleurs, les entreprises qui ont un programme d’écoute des collaborateurs, pour la plupart, ne font a priori pas grand-chose de leurs réponses. En effet, moins de la moitié des salariés en France jugent que leur entreprise les écoute régulièrement et 18% seulement déclarent que celles-ci transforment ces feedbacks en actions concrètes.
Notre dernière étude et le premier confinement ont montré que l’impact de l’écoute et de l’action qui en suit demeure primordial pour renforcer l’engagement. Pour ceux qui ne l’ont pas fait en 2020, cette nouvelle année représente une seconde chance pour replacer l’expérience collaborateur, mais aussi les salariés eux-mêmes, au cœur de leurs préoccupations.

Dans le cadre de la réorganisation du travail, vers quels enjeux doit se porter l’attention des professionnels des ressources humaines ?

Il y a deux grands enjeux qui vont demander aux ressources humaines une forte dose d’attention. D’une part, les mutations liées au télétravail ne vont pas disparaître avec la fin de la crise. Celui-ci devrait s’installer malgré les réticences de beaucoup d’entreprises. En effet, 40% des salariés, selon une étude d’Augmented Talent, aimeraient en bénéficier 3 jours ou plus par semaine. Par ailleurs, une enquête que nous avons menée avec PwC auprès de responsables informatiques aux États-Unis marque la tendance : 65% d’entre eux déclarent qu’au moins un quart des effectifs de leur entreprise vont poursuivre le travail à distance de manière permanente. Il est important de trouver le juste équilibre, au travers d’un mode de travail hybride qui fait sens pour l’entreprise et qui est source de bien-être pour les salariés.
Il y a quelque temps, le PDG de Microsoft déclarait : “Nous avons assisté à l’équivalent de 2 ans de transformation numérique en 2 mois”. La digitalisation va se poursuivre à un rythme très soutenu. Cela souligne, pour les métiers RH, un besoin de se réinventer, notamment au travers de formations et d’une requalification vers des compétences plus techniques : People analytics, analyses prédictives, brassage des données opérationnelles et d’expérience…

Et pour l’après-crise, quelles sont vos prévisions ?

Avec la fin de la pandémie, on espère le retour du recrutement au deuxième semestre 2021 et donc, la reprise de la guerre des talents. L’intention de rester dans l’entreprise est en hausse, en France comme ailleurs. Cela reflète soit un engagement plus élevé, soit un pragmatisme des salariés face à une réduction des offres d’emploi, soit une préférence pour le connu par rapport à l’inconnu.
Dans ce contexte, l’expérience du candidat lors du processus de recrutement va devenir essentielle. Les entreprises vont devoir se montrer plus attrayantes pour faire venir les candidats de qualité. Le renforcement de la marque employeur va devenir un enjeu d’autant plus important. Avec moins d’offres dans un premier temps, les meilleurs candidats choisiront leur employeur et non l’inverse, notamment dans le secteur de la technologie où de nouvelles lacunes de compétences ont été mises en lumière. Quelle que soit la proposition salariale de départ, les candidats seront probablement découragés de recevoir une offre d’emploi si leur expérience en tant que candidat n’a pas été bonne ou si les retours qu’ils ont pu obtenir sur l’entreprise de la part de tiers sont négatifs.
*Qualtrics, leader de l’Expérience Management, transforme la manière dont les organisations gèrent les quatre principaux domaines d’expérience : client, collaborateur, produit et marque. Plus de 11.000 entreprises dans le monde utilisent Qualtrics pour écouter, comprendre et exploiter les données d’expérience (X-data™) – les sentiments, émotions et impressions qui expliquent pourquoi les choses se produisent. La solution Qualtrics XM Platform™ permet d’aider les entreprises à fidéliser leurs clients, à offrir aux salariés une culture d’entreprise positive et engageante, à développer des produits incontournables et à renforcer leur marque.

 

 

Douglas Rosane, Director EX Solution Strategy chez Qualtrics: Douglas commence sa carrière au sein du groupe Omnicom avant d’intégrer la SOFRES comme Directeur d’études. En 1997, il rejoint ISR à Londres, un cabinet spécialisé dans les études et le conseil sur le capital humain, il est nommé Directeur du développement international d’Ipsos Opinion en 1999. En 2002, il retrouve ISR (qui deviendra Willis Towers Watson) pour l’ouverture du bureau français dont il prend la direction. En 2017, il crée sa propre structure. Fort de sa grande expérience des enquêtes de satisfaction des salariés et des outils permettant de réduire les écarts d’expérience et améliorer l’engagement, Douglas rejoint Qualtrics en octobre 2019 en tant que Director EX Solution Strategy.