L’Intelligence Artificielle ne fait pas le bonheur du RH, mais elle y contribue

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L’Intelligence Artificielle, étudiée depuis les années 50, est aujourd’hui un outil médiatisé dont les limites sont encore débattues. Si elle permet d’accompagner l’Homme dans certains domaines, elle nécessite avant tout d’être comprise avant de l’utiliser dans le développement de son entreprise et de sa filière. Après la médecine, le journalisme ou encore le secteur bancaire, l’IA est appréhendée aujourd’hui dans la filière des ressources humaines. De nombreuses solutions se basant sur l’IA ont vu le jour afin de traiter une grande quantité de données et d’automatiser certaines tâches dites prédictives. Qu’en est-il réellement ? Le recruteur 2.0 doit-il investir dans l’Intelligence Artificielle au risque de remplacer l’humain dans la fonction RH ?

L’IA ne remplacera pas l’humain dans la fonction RH

Le premier élément de réponse est assez simple : non, l’IA ne remplacera pas l’humain dans la fonction RH. Cette nouvelle technologie est un outil dont le but est de décharger le recruteur des tâches prédictives sans valeur ajoutée afin de se consacrer au cœur de son métier : le relationnel. L’Intelligence Artificielle peut faire gagner du temps aux entreprises, là est son intérêt premier.
Néanmoins, avant d’investir dans une solution basée sur l’IA, il convient de l’appréhender et de la comprendre. Beaucoup d’entreprises, aujourd’hui, surfent sur cette vague en assurant être à la pointe de la technologie mais une fois les masques tombés, on se rend compte qu’elles n’ont fait que digitaliser leur processus en interne. Cela prouve que l’IA est au final un concept relativement abstrait dans l’esprit des professionnels. Cette acculturation entraîne certaines déviances : l’IA-bashing et l’IA-washing. Sans comprendre la valeur d’un tel outil et son fonctionnement, il est facile pour un individu de tomber dans l’un de ces deux pièges.

Robot contre humain : la guerre des mondes ?

D’un côté, le manque d’informations sur l’IA peut évidemment créer des débats dans le milieu professionnel. Dans le cas des RH, certains recruteurs peuvent s’interroger sur l’avenir de leur profession. Néanmoins, tout réside dans la nuance. Il faut appréhender l’IA comme un moyen, et non une fin. Cette nouvelle technologie n’a pas pour but de remplacer l’humain mais bien de lui permettre de se recentrer sur ce qui est important. Ainsi, dans le milieu médical, la machine a pour mission d’aider à établir un diagnostic, mais c’est le médecin qui est garant des résultats. C’est son expérience, son appréhension du secteur et l’analyse de son environnement qui le rendent irremplaçable. Cet exemple s’applique tout à fait au secteur des RH. Si la technologie permet d’anticiper une période de fort recrutement ou au contraire, une crise, c’est bien l’entreprise qui prendra la décision et non la machine.

L’émergence de l’Intelligence Artificielle au sein de la filière du recrutement pose également des questions éthiques. Très récemment, plusieurs entreprises se sont retrouvées sous les feux des projecteurs suite à des déviances de la technologie  vis-à-vis de leurs processus de recrutement. Dans ce cadre, il convient de rappeler que l’IA est un outil programmé par l’humain et se basant sur les données mises à sa disposition. Il est d’autant plus important de garder un esprit critique quant à son utilisation et de rester transparent.

Trop d’intelligence artificielle tue l’intelligence artificielle

Si certains experts du recrutement semblent réticents à l’intégration de l’Intelligence Artificielle à leur fonctionnement, d’autres ont tendance à vouloir en abuser. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises vantent les mérites de leur solution basée sur l’IA comme argument commercial et non comme véritable outil. Rappelons que seules les tâches prédictives peuvent être automatisées. En effet, le but est de faire gagner du temps à l’entreprise et permettre au recruteur de se focaliser sur le cœur de son métier. La machine n’aura pas pour mission de faire passer des entretiens aux candidats qui risqueraient d’être méfiants à l’idée de se confronter à une telle technologie, et non à un individu.

Le même constat est observé à travers l’émergence des chatbots RH en 2020. En effet, les entreprises se sont emparées de ces logiciels afin de gérer les demandes fonctionnelles des collaborateurs, en marge de la crise sanitaire. Néanmoins, développés comme support et ayant pour mission de décharger les équipes, ils n’ont pas remplacé la relation RH-salarié. Notons également que l’IA en n’étant qu’à ses balbutiements, les outils disponibles aujourd’hui sur le marché sont encore en cours de développement et beaucoup d’entre eux ne disposent que d’une base minime gérée par cette technologie.

L’Intelligence Artificielle doit être appréhendée comme une opportunité, un moyen de s’améliorer et de se concentrer sur le vrai métier du RH. Si le monde du travail, des technologies et de l’entreprise évolue, il convient de développer son esprit critique et de rester ouvert à l’apparition de nouvelles façons de habitudes et la démocratisation de certaines innovations. Le recruteur ne devra pas devenir un spécialiste de l’IA, capable de paramétrer la machine et de réaliser son entretien, mais devra faire évoluer ses pratiques et comprendre le fonctionnement de cette nouvelle technologie afin d’optimiser son utilisation. L’IA deviendra un jour le meilleur ami des recruteurs.

Louis André, Fondateur & CEO de @talentview: Ingénieur ICAM Lille, après plusieurs années dans le conseil en organisation, il a développé une expertise en webmarketing au sein des équipes du leader du pari sportif Betclic puis au sein du cabinet de conseil Keley. Son expérience de COO chez Virtual Regatta, leader mondial du e-sport vient compléter son expertise dans le digital et les nouvelles technologies. En 2015 il fonde TalentView qui développe et commercialise un outil SaaS de recrutement innovant dédié aux recruteurs. L'outil TalentView permet de créer des tunnels de recrutements interactifs pour optimiser les processus de candidature et de pré-qualification des candidats.