Face au « triptyque destructeur » du bourreau, du sauveur et de la victime, imposé par le système classique d’une organisation verticale, autoritaire et unilatérale, Holacracy invite à changer totalement de regard pour entrer enfin dans le 21ème siècle. Explications par Bernard Marie Chiquet, fondateur d’iGi Partners.
L’organisation pyramidale devenue obsolète
Implantée dans nos entreprises depuis plus d’un siècle, l’organisation pyramidale, hiérarchique, verticale et autoritaire, est aujourd’hui contestée. Contestée parce que de moins en moins adaptée aux contraintes de résultat et d’efficacité exigées par les entreprises. Contestée parce que souvent décorrélée des besoins et des aspirations de collaborateurs qui demeurent pourtant la principale source de valeur ajoutée. Omnipotents, mis sur un piédestal, le patron ou le manager accaparent l’ensemble du pouvoir, relayant tous les autres au rôle de simples exécutants, incapables de mettre du sens dans leurs actions.
Tantôt patron « sauveur », tantôt patron « bourreau », le chef a tous les attributs du monarque absolu. Face à lui, le collaborateur a tout l’air de la « victime » désignée, dévouée à des décisions sur lesquelles il n’a aucune prise. Mais les choses changent. Face au modèle d’organisation classique, d’autres émergent et proposent, comme Holacracy, de mettre à bas ce système devenu obsolète.
Challenger le « triptyque destructeur »
Même les tenants du système pyramidal travaillent à résoudre les effets destructeurs de ce triptyque qui fait de chacun un sauveur, une victime ou un bourreau. Partout les managers sont formés à mieux écouter, coachés pour devenir des professionnels plus empathiques et plus efficaces. Même chose avec des collaborateurs que l’on forme à être mieux organisés, plus efficaces, etc. Pourtant, s’il est intéressant de voir que le problème est bien identifié, il est pour le moins cocasse de constater l’inefficacité de la solution apportée. Un pansement sur une jambe de bois…
Car vouloir solutionner cette question, c’est s’attaquer aux fondements de la pyramide. C’est d’abord convaincre le patron d’abdiquer son pouvoir absolu au profit d’une organisation horizontale dans laquelle chacun détient une part du pouvoir aux travers des rôles qui lui sont confiés et de l’autonomie qui lui est accordée.
C’est ce que propose Holacracy qui, tout en insistant sur la dimension primordiale d’une organisation efficace et pertinente, permet de remettre les collaborateurs au cœur du système et d’en faire le moteur de l’entreprise.
Changer de regard avec Holacracy
Contrairement aux tenants du modèle pyramidal qui prônent une organisation verticale, autoritaire et unilatérale, j’ai la certitude qu’il est possible et urgent de bâtir un système horizontal c’est-à-dire basé avant tout sur la confiance, la bienveillance et la patience.
Trois valeurs qui, vous l’avouerez, sont assez rarement mises en avant lorsque l’on parle d’organisation et lorsqu’il s’agit du monde du travail. Pourtant, rien d’utopique ou de naïf dans l’approche prônée par Holacracy mais la conviction qu’un collaborateur n’est jamais aussi efficace, investi et attaché à son entreprise que lorsqu’il se sent considéré et son travail reconnu. Cela tombe sous le sens, non ?
Et cela commence avec des choses toutes simples comme cesser de mettre des étiquettes aux collaborateurs. Car, bien souvent, ceux-ci sont réduits à un CV, au feedback d’un manager et jugés seulement à l’aune de leur capacité à exécuter leurs tâches. Opter pour Holacracy, c’est donner le jour à une organisation qui favorise l’émancipation de chacun, l’émergence de talents non-identifiés. Face à un système pyramidal qui se fonde sur des procès d’intention, Holacracy choisit le « crédit d’intention » !
Une organisation où chacun est l’égal de l’autre
Très loin de la caricature dans laquelle ses détracteurs aimeraient l’enfermer, Holacracy propose une vision réinventée de l’organisation de nos entreprises. Tout sauf une énième théorie managériale, elle est le résultat de pratiques multiples. Nullement figée, elle s’enrichit chaque jour et propose des outils partagés pour des organisations uniques et pertinentes.
Dans ce système horizontal, les relations entre collaborateurs sont des relations de pair à pair. Chacun est autonome et responsable d’un certain nombre de rôles. Chacun y est considéré non comme un simple exécutant mais comme un adulte à part entière, un « intrapreneur » dont le travail revêt un sens et une utilité perçus de tous. Il est plus que temps de se libérer de la pyramide. Obsolète, elle est aussi le modèle d’organisation qui fait de l’homme « un loup pour l’homme ».
A l’inverse, Holacracy part du postulat que tout est possible dès lors qu’une organisation se fonde sur ses trois pierres angulaires : la confiance, la bienveillance et la patience. L’homme est bon ! Gageons que l’entreprise de demain saura le démontrer en optant pour Holacracy !
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