Une flexibilité qui responsabilise et booste la productivité
Cette flexibilité n’est pas du tout une forme de laisser aller, bien au contraire, elle responsabilise chaque collaborateur qui doit tenir son manager informé des performances qu’il s’engage à obtenir. Le salarié de Netflix a des vacances illimitées car personne ne surveille son temps de travail. Plutôt qu’un management tatillon de proximité, la direction se focalise sur les résultats. En donnant aux collaborateurs une plus grande autonomie, cela génère une culture de responsabilité, une meilleure concentration de chacun dans son travail, et par conséquent une meilleure productivité.
La direction a écouté le point de vue des salariés
La direction de Netflix en est arrivée à cette solution en écoutant le point de vue de ses collaborateurs. Ils ont mis en évidence que Netflix ne suivait pas le temps qu’ils passaient à travailler en dehors du bureau, comme répondre à des emails ou au téléphone à des clients dans la soirée, au cours d’un week-end voire pendant les vacances, et tout se passait bien, alors ont-ils argumenté, pourquoi Netflix surveillerait le temps qu’ils passent à faire leur travail d’une manière générale. Netflix a écouté et entendu la logique de leur position.
Travailler quand il faut travailler et de n’importe où
L’époque où le salarié restait sur une chaîne de montage toute la journée est révolue, et il était logique alors de rémunérer le temps passé. Les nouvelles technologies ont balayé toutes ses pratiques, le salarié travaille quand il faut travailler, et où qu’il se trouve. L’économie devient de plus en plus participative, et les collaborateurs sont de plus en plus payés pour ce qu’ils produisent. Mais pour le temps libre, les restes de l’économie industrielle, et des pratiques ancrées et validées par des accors collectifs nous contraignent plus ou moins à garder ce mode de gestion traditionnel du temps libre, ce qui devient peu à peu démotive et déresponsabilise. La réalité de notre économie devrait nous conduire à adopter comme Netflix une politique de gestion du temps qui reflète la manière dont le travail est réellement effectué.
L’idée des vacances illimitées est au départ brésilienne
L’idée a germé dans l’esprit du dirigeant de la société brésilienne Semco qui propose des vacances illimitées depuis plus de trente ans. Ricardo Semler reprend en 1980 l’entreprise familiale alors qu’il n’a que 21 ans, il travaille beaucoup – jusqu’à dix-huit heures par jour – et à 25 ans subit un accident cardiaque, qui va l’alerter et changer sa façon de diriger. Si sa façon de travailleur pouvait le tuer, il s’est dit que cela pouvait arriver aussi à ses salariés. Sur la base de 4 constats – le résultat n’est pas proportionnel à l’effort de travail, la hiérarchie infantilise, les règles pénalisent la réactivité – il supprime les horaires, les congés de maladie et les vacances. Et ses employés sont devenus plus productifs et plus loyaux qu’avant, et son entreprise aussi. Ce mode de management laisse plus de liberté et d’initiatives et accroît la responsabilisation des collaborateurs pour le bénéfice de l’entreprise.
Des rémunérations qui reflètent les nouvelles pratiques
Aussi réussies que soient les politiques de vacances illimitées, moins de 1% des entreprises américaines les ont adoptées. Même aux Etats Unis, un des pays où le salarié prend moins de vacances que tous les autres mis à part la Corée du Sud, cette pratique des vacances illimitées a du mal à s’implanter. Dans notre vieille Europe, ce mode de management du temps se heurte aux législations et aux accords collectifs qui rendent les jours de congés obligatoires. Aux Etats-Unis, une majorité d’entreprises craignent encore que les collaborateurs ne profitent et n’abusent du système, alors que celles qui le pratiquent font un constat totalement différent. En effet la liberté donnée aux collaborateurs leur transmet le sentiment de responsabilité et de d’approprier l’entreprise comme si c’était la leur. De manière paradoxale, ces entreprises innovantes ont dû aussi mettre en place des actions incitant les collaborateurs à prendre des congés. L’entreprise intelligente prend conscience que lorsqu’un collaborateur prend du temps pour se ressourcer, et qu’il le fait quand il en a besoin, il en revient encore plus créatif et productif.
Bien évidemment ce type d’organisation libérée qui laisse la liberté à chacun reste possible dans certaines activités et peut se révéler impraticable dans d’autres. Mais plus que cela, une tradition de combat pour obtenir ces congés et les règles instaurées depuis des décennies pour les mettre en pratique, ont façonné les mentalités qui s’en trouvent aujourd’hui déstabilisées par ce nouvel état d’esprit.
On peut déplorer qu’à notre époque où nous pouvons travailler n’importe quand et de n’importe quel endroit pour obtenir des résultats, nos rémunérations ne reflètent pas ce changement