Entreprises, il est temps de prendre le pouvoir (d’achat) ! 62% des Français sont touchés ou menacés par la pauvreté[1]. Un chiffre édifiant, mais malheureusement pas si surprenant quand on brosse le portrait actuel d’une France où la précarité ne cesse de se renforcer sous couvert d’inflation, et où les inégalités salariales se creusent progressivement. Un véritable combat en faveur du pouvoir d’achat doit donc être mené. Un combat qui, pour atteindre des résultats tangibles, doit mobiliser massivement. Or, faire nation autour de l’amélioration du bien-être financier n’est pas une mince affaire dans une société de plus en plus polarisée sur le sujet. Alors que l’urgence climatique fait aujourd’hui consensus, ne pourrait-on pas lutter de la même manière contre le réchauffement planétaire et la précarité financière ?
L’amélioration du pouvoir d’achat des Français doit être la nouvelle Affaire du siècle
Si la problématique du pouvoir d’achat est vécue de manière violente par deux tiers des Français, seul le dernier tiers, moins directement touché par le sujet, est en mesure de changer la donne par sa capacité à impacter nos politiques comme les décisions stratégiques des entreprises. Mais encore faut-il pour cela qu’il s’y intéresse. Or, pour impliquer massivement sur le sujet, nous devons réussir collectivement à adopter une posture moins misérabiliste face aux problématiques de pouvoir d’achat, sans pointer quiconque du doigt (ce qui est une réaction spontanée, j’ai moi-même tendance à le faire en écrivant ces mots).
C’est là que le parallèle avec le combat contre le dérèglement climatique trouve tout son sens. En effet, la cause environnementale dépasse désormais largement les seuls cercles du militantisme écologiste. Le simple fait d’être « écolo » véhicule une image positive à travers toutes les strates de la société. Désormais, on met en place de bonnes pratiques et on le revendique !
Ainsi, plus que de trouver louable le travail d’âmes charitables servant la soupe aux démunis (un engagement qu’il convient indéniablement d’applaudir), il est grand temps de faire de la lutte contre la précarité financière un sujet attractif et mobilisateur dans l’opinion publique, en faveur duquel chacun peut et veut s’investir, à son niveau.
Bien-être financier : du rôle essentiel des entreprises
Qu’ils soient ouvriers, agents d’entretien, aides à domicile, chauffeurs-livreurs, caissiers… les travailleurs aux revenus modestes, essentiels au bon fonctionnement de notre société, sont les premiers touchés par les difficultés de pouvoir d’achat. Pour changer la situation de ces millions de personnes, deux voies semblent évidentes : la voie politique et la voie associative.
Si notre système social va dans le sens d’une plus grande répartition, il est certes perfectible mais aussi sujet aux variations de l’opinion (nos politiques s’intéressant avant tout aux fins électorales de leurs propositions de loi plutôt qu’à leur impact réel). Par ailleurs, l’action associative, essentielle à son niveau, est souvent cantonnée à des solutions ultra-locales basées sur l’accompagnement humain, difficilement duplicables. Ces deux organes – par leur nature même – ont donc du mal à agir rapidement ou à innover dans l’intérêt de leurs bénéficiaires.
Fort de ce constat, les acteurs les plus à même de jouer ce rôle d’innovation sociale semblent être les entreprises. En effet, nous avons profondément besoin que les acteurs économiques adressent ces sujets d’inégalités et de pouvoir d’achat, sur la base de business model forts, déployables à grande échelle. Après tout, dans d’autres pans de l’économie (les transports, l’énergie, etc.) n’avons-nous pas donné aux entreprises – pour le meilleur – le rôle d’organiser largement notre société ? Alors, à quand des licornes au service du bien social ou des géants du numérique ayant pour objectif de réduire les inégalités ?
Plus encore, à quand une prise en main du sujet du bien-être financier des salariés par l’ensemble des entreprises françaises ? Là aussi, le parallèle avec le combat climatique est intéressant. Aujourd’hui, chaque entreprise a pris conscience du rôle qu’elle a à jouer dans ce domaine et se concentre, par exemple, sur la mesure et la réduction de son empreinte carbone à travers la mise en place de pratiques plus durables. De la même manière, les entreprises doivent donc urgemment et impérativement s’approprier le sujet des inégalités sociales au bénéfice de leurs collaborateurs.
Prendre le pouvoir… d’achat/Prendre le pouvoir… d’achat/Prendre le pouvoir… d’achat
[1] 18e baromètre de la pauvreté et de la précarité Ipsos / Secours populaire français – édition 2024