Un influenceur
de la vie économique
« La région va devenir le premier acteur public en terme de développement économique ». Pour Anne-Sophie Barbier, chargée de mission au Conseil Régional de Picardie, la région est d’autant plus impliquée dans la vie économique des citoyens qu’elle a vu sa mission renforcée par la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) du 7 août 2015. La région doit en effet définir les orientations en matière de développement économique à l’aide d’un Schéma Régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII), lequel précise les orientations en matière d’aides aux entreprises, d’investissement immobilier et d’innovation des entreprises, de développement de l’économie sociale et solidaire ainsi que les orientations relatives à l’attractivité du territoire régional. « Elle peut avoir un rôle pour lutter contre le chômage également puisqu’elle finance la formation professionnelle et l’apprentissage », précise Mme Barbier.
Un patron du transport,
de l’éducation
et de l’environnement
Déjà investie dans le développement des transports et l’aménagement du territoire, la région est désormais responsable de l’organisation des transports collectifs routiers, y compris scolaires, et ferroviaires, en dehors des agglomérations… . Côté éducation, elle gère le bon fonctionnement des lycées généraux et professionnels. Elle participe également au pilotage de l’enseignement supérieur via le “Schéma Régional de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche”. La loi NOTRe donne aussi à la région la responsabilité d’un “plan régional de prévention et de gestion des déchets”, qui fixe des objectifs en matière de recyclage des ordures. Elle a également la charge de l’entretien des cours d’eau et la protection des ressources en eau. Les parcs naturels régionaux restent sous sa coupe.
Un gouvernant régional
puissant comme un chef d’Etat
Avec le passage de 22 à 13 régions, 7 nouvelles entités vont voir le jour comme la région Nord-Pas-Calais Picardie où travaille Anne-Sophie Barbier. « Nous allons être la troisième région de France, en termes de population. 6 millions d’habitants, c’est comparable à un Etat d’Europe du Nord ! (Ndlr : le Danemark compte 5,6 M d’habitants, la Finlande, 5,4 M). Nous serons aussi la 3ème région en termes de budget avec 3,3 milliards d’euros ». Financièrement autonomes, les régions deviennent des mastodontes économiques, se rapprochant de leurs homologues européens comme les Länder en Allemagne. La région Île-de-France rassemble à elle seule 12 millions d’habitants pour un budget de 5 milliards d’euros, soit presque 2 fois le budget du Mali (!). « Les régions représenteront des territoires beaucoup plus grands et les prérogatives seront plus étendues, c’est la raison pour laquelle les candidats à la présidence devront avoir une grande expérience en terme de gouvernance ».
Un super-manager
Directeur Général,
DAF, DRH…
« Les enjeux économiques seront extrêmement importants, les Présidents vont être les interlocuteurs de l’Etat mais aussi de l’Europe », prévient la chargée de mission. Outre la préparation et l’exécution des délibérations du Conseil Régional, le Président contrôle les recettes et les dépenses, signe les arrêtés, conventions et marchés et peut exercer des actions en justice au nom du Conseil Régional. Mais il dirige aussi les services et nomme les agents de la Région. « En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, il y aura 9000 agents et 170 élus, c’est la moitié du Sénat ! (Ndlr : il y a 348 sénateurs) précise Mme Barbier. Le Président doit non seulement « tenir le gouvernail » mais également se mettre dans la peau d’un vrai manager. « Ce doit être un homme de terrain, à l’écoute des acteurs économiques, des partenaires, des élus… », une fonction à plein temps qu’il pourra encore cumuler avec un mandat parlementaire… au moins jusqu’en 2017.
Les 13 régions 2016
Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine/Strasbourg : 3 régions réunies, 5 545 000 habitants
Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes/Bordeaux : 3 régions réunies, 5 773 000 habitants
Auvergne-Rhône-Alpes/Lyon : 2 régions réunies, 7 634 000 habitants
Bourgogne-Franche-Comté/Dijon : 2 régions réunies, 2 816 000 habitants
Bretagne/Rennes : inchangée, 3 218 000 habitants
Centre-Val de Loire/Orléans : renommée, 2 556 835 habitants
Corse/Ajaccio : inchangée, 322 000 habitants
Île-de-France/Paris : inchangée, 11 853 000 habitants
Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées/Toulouse : 2 régions réunies, 5 573 000 habitants
Nord-Pas-de-Calais-Picardie/Lille : 2 régions réunies, 5 960 000 habitants
Normandie/Rouen : 2 régions réunies : 3 315 000 habitants
Pays de la Loire/Nantes : inchangée, 3 601 113 habitants
Provence-Alpes-Côte d’Azur/Marseille : inchangée, 4 916 000 habitants