Présidentielle 2017 : le chef d’entreprise peut-il soutenir publiquement un candidat ?

Michel & Augustin boycottés comme Paul

La polémique née en début de semaine n’est pas sans en rappeler une autre. Il y a presque un an, l’entreprise Michel & Augustin avait été chahutée après avoir reçu dans ses locaux celui qui n’était alors que candidat à la primaire de la droite François Fillon. La parole de l’un des deux présidents fondateurs avait été relayée sur le compte Twitter du candidat : « [Fillon] est le seul homme politique à formuler un horizon politique pour la France ». De quoi embraser les réseaux sociaux qui avaient appelé à boycotter la marque de biscuits au ton décalé. « Michel & Augustin a une image plutôt cool, note Sylvie Corbet, responsable du service politique de l’agence de presse américaine Associated Press. Cette déclaration tranchait avec l’image traditionnelle de François Fillon ».

« Les Français très attachés à leur liberté de vote »

Certes, un chef d’entreprise qui vote pour des propositions plutôt libérales ne surprendra pas grand monde. Mais de là à afficher son opinion comme vient de le faire Francis Holder, patron du groupe éponyme, il y a un fossé qu’il n’est pas forcément utile de franchir. « Une campagne active avec des tweets, des posts, des vidéos peut être assez mal perçue par les Français qui sont très attachés à leur liberté de vote et au secret des urnes, analyse Sylvie Corbet. En France, on n’aime pas le prosélytisme, qu’il concerne la religion ou l’opinion ».
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Bolloré et Arnault ont choisi Macron

Les chefs d’entreprise n’auraient-ils donc pas intérêt à révéler leurs fréquentations politiques ? « Beaucoup l’ont fait en se ralliant au candidat Sarkozy en 2007, fait remarquer la journaliste d’AP, ils n’en ont pas souffert après ». De même, ils sont nombreux à soutenir aujourd’hui Emmanuel Macron, sans se cacher : Marc Simoncini, fondateur du site de rencontres Meetic, Vincent Bolloré, Pdg du groupe Bolloré,  Bernard Arnault, patron de LVMH, ou Xavier Niel.

Prendre parti : un jeu dangereux

« Mais c’est un jeu dangereux », note Sylvie Corbet. Car lorsqu’il y a un décalage entre la marque et l’homme politique, cela peut choquer et constituer un bad buzz. Et puis, l’homme politique qui a la cote aujourd’hui ne l’aura peut-être plus demain, entraînant dans sa chute, ceux qui l’ont soutenu. « Ca peut aller très vite ! »  Si Michel Edouard Leclerc, patron des centres E. Leclerc a l’habitude de prendre position sur de nombreux sujets (pesticides, numérique, Trump) via son blog http://www.michel-edouard-leclerc.com/, il se garde bien d’appeler à voter pour tel ou tel candidat. Ce n’est peut-être pas pour rien.

Sylvie Marchal, Paris: