Qualité de vie et reconnaissance : les nouvelles attentes des collaborateurs

CadreDirigeantMagazine

Seuls 3 actifs sur 10 souhaitent revenir aux conditions pré-pandémie en matière de télétravail, selon un sondage Elage / Les Echos réalisé début juin 2021. Les Français ont pris goût à la possibilité de travailler « hors des murs » de l’entreprise. Au point que, selon le baromètre LinkedIn de l’emploi, les déménagements ont augmenté significativement depuis septembre 2020, les collaborateurs en quête d’une meilleure qualité de vie s’installant dans des agglomérations comme Marseille, Montpellier ou Rennes.

Si la crise sanitaire a changé les attentes des salariés en matière de télétravail, elle a aussi impliqué une réévaluation des priorités au bureau. L’édition 2021 du baromètre Viavoice de la vie au travail montre des évolutions loin d’être anodines : la reconnaissance fait partie des priorités attendues par les collaborateurs, au même titre que la confiance et le partage des informations. En effet, plutôt que la seule rémunération, les motivations des Français sont plus variées que jamais : ils recherchent du sens, de la considération, une meilleure qualité de vie au travail (QVT)…

Face à ces transformations, les entreprises ont tout intérêt à prendre des mesures pour mieux répondre aux besoins de leurs collaborateurs, qu’ils soient à distance, sur site, en difficulté ou insatisfaits des conditions au travail.

Un manque d’écoute, selon les collaborateurs

Certains salariés ne pensent pas que leurs aspirations soient entendues par leurs dirigeants qui ont, selon eux, d’autres priorités. À leurs yeux, les comités de direction préfèrent par exemple augmenter le rythme des réunions en présentiel ou renforcer le management par le contrôle, alors que la création de confiance envers les collaborateurs et la reconnaissance de leur travail seraient secondaires (Viavoice).

Par ailleurs, près de neuf Français sur 10 ont le sentiment que leurs collègues ne sont pas entendus de manière égale par leurs employeurs, selon une étude menée par The Workforce Institute en 2021. Les entreprises auraient tendance à prêter moins d’attention aux minorités. Les jeunes générations pensent être moins entendues que leurs aînés au travail, un ressenti également partagé par les personnes sans enfant face aux parents. L’étude révèle aussi que 63 % des collaborateurs pensent avoir été ignorés par leur responsable ou employeur. Alors que les entreprises françaises font face dans de nombreux secteurs d’activité à une pénurie de main-d’œuvre, la rétention de cette dernière devient critique. Il est nécessaire de souligner qu’un tiers des collaborateurs préfère démissionner ou changer d’équipe plutôt que d’exprimer ses véritables préoccupations à la direction.

Une nouvelle mission pour les services RH

Perception ou réalité ? Quoi qu’il en soit, il convient de s’interroger sur la politique du feedback au sein des organisations. Dans le cas contraire, les entreprises prennent le risque d’une baisse de l’engagement. En effet, le lien entre la culture du feedback, l’engagement des collaborateurs et les résultats de l’entreprise a déjà été démontré.

Certes, les attentes des collaborateurs sont extrêmement diverses. Dans le passé, beaucoup d’entreprises ont pu réagir au discours ambiant sur la quête de sens et de bien-être en mettant au point un plan de communication interne, en formalisant un discours de marque employeur, ou en se dotant de nouveaux services RH au gré des modes – salle de sport, cours de yoga, conciergerie… Il aura manqué, souvent, une phase d’étude des avis en interne. En prenant le temps de se renseigner précisément sur les demandes, les besoins et les attentes des collaborateurs, avant de se lancer dans le déploiement d’une initiative, les professionnels RH gagnent en efficacité et en précision.

Si un sondage formel permet de recueillir les opinions et besoins des collaborateurs, une alternative s’offre aux services RH pour cibler les attentes des salariés. Ainsi, les professionnels des ressources humaines peuvent prêter une attention particulière aux « signaux faibles ». Il s’agit d’indicateurs de potentiels changements à venir, sans qu’ils ne soient exprimés explicitement. Par exemple, si le département RH constate que les collaborateurs sont nombreux à rechercher des informations sur la politique de télétravail sur un portail salarié interne, cela démontre que cette politique n’est pas encore clairement expliquée au sein de l’organisation. Par conséquent, le service RH devra veiller à s’exprimer de manière plus efficace sur ce sujet.

En analysant les données générées par les solutions technologiques utilisées par une entreprise, telles que les bases de connaissances, les modules d’intégration ou encore les dossiers collaborateurs, les professionnels des RH ont la capacité de s’informer sur les éventuels besoins de leurs collègues, et cela même avant qu’ils les expriment oralement. Cette anticipation permet de combler la réticence qu’a un tiers des Français à partager leurs préoccupations avec leur direction, tout en assurant une bonne qualité de vie au travail.

Remi Malenfant, directeur de l’innovation RH et de l’expérience client chez UKG: Directeur de l'innovation RH et de l'expérience client chez UKG HR Service Delivery (ex PeopleDoc). Ancien RH et expert de la conduite du changement, il a plus de 10 ans d'expérience dans le domaine RH/SIRH. Passionné par l'impact du digital dans les RH, il aide les organisations à développer et à réaliser leur stratégie RH et les soutient dans l'optimisation et l'automatisation des processus afin d'améliorer leurs opérations ainsi que l'expérience Collaborateur grâce à la technologie. Auparavant, il a occupé plusieurs postes au sein de la DRH Corporate du groupe Bureau Veritas et a été consultant chez PwC et Capgemini. Leader d'opinion sur les tendances RH, les sujets d'actualité et la stratégie RH, il intervient régulièrement lors de conférences et tables rondes.