Vous vous êtes fixés un objectif important pour vous. Vous avez su passer au travers de votre peur de l’échec et vous êtes passé à l’action. Vous avez bien travaillé, vous avez le vent dans les voiles, vous êtes en vue de la ligne d’arrivée, plus qu’un dernier effort. Tout se passe bien, puis tout à coup, l’énergie qui vous poussait vers l’avant s’estompe, la procrastination se pointe. Vous voulez avancer mais vous freinez en même temps. C’est dur pour le moteur d’avoir le pied sur le frein et sur l’accélérateur en même temps. Pourquoi agir ainsi après tout ce chemin ? Et si c’était parce que vous aviez peur de réussir ? La peur du succès est plus pernicieuse que la peur de l’échec car elle ne devrait pas être. Et si on allait la visiter un peu ? Pour moi, elle se décline en trois axes : la peur du jugement, les fausses croyances et la peur du changement.
La peur du jugement
Comme dans le phénomène de la peur de l’échec, la peur du jugement entre ici en compte. Qu’est-ce que les gens vont penser de moi si je réussis? Qu’est-ce qu’ils vont dire? Vous en doutez? Au Québec, une crise de confiance à l’égard des ingénieurs existe actuellement en raison d’une minorité de nos confrères qui ont baigné dans la corruption, entachant ainsi la réputation de milliers d’autres. L’opinion publique n’est pas très tendre. Imaginez que vous êtes ingénieur dans ce contexte et que l’on vous offre enfin de devenir associé de la boîte pour laquelle vous travaillez…
Les fausses croyances
Nos croyances peuvent également être un frein vers notre réussite. Je vous donne mon exemple. J’ai longtemps pensé que pour avoir du mérite, les choses devaient être difficiles, que je devais en «baver» pour mériter le succès associé. Alors, imaginez si l’atteinte de mon objectif se réalisait facilement. Stop, auto sabotage. Il faut rencontrer au moins quelques difficultés. Vous voyez le genre. Puis, un beau jour, j’ai questionné ma définition du mérite. «C’est inscrit où que le mérite se compte en gouttes de sueur! Et si le mérite était de confronter ses peurs et de sortir de sa zone de confort ? Si le mérite était d’avoir le courage de prendre les bonnes décisions, de choisir un itinéraire différent et de s’y engager avec conviction et passion ? Et vous, quel est votre frein moteur? Quel est cet élément qui vous bloque et que vous pourriez requestionner?
La peur du changement
Finalement, réussir a des implications, elle amène inévitablement un changement. Pourquoi changer une situation dans laquelle je suis relativement confortable pour une nouvelle situation où je ne connais pas toutes les variables? Qu’est-ce que cela va changer à mon style de vie actuelle? Est-ce que je vais être aspiré par mon succès? Est-ce que je vais être amené à travailler plus, laissant moins de place à mes loisirs, ma famille? Et pour moi, les questions les plus angoissantes qui sont souvent un frein à mes actions. Est-ce que mon idéal est vraiment le bon? Est-ce que je vais avoir fait tout ce chemin pour me rendre compte que ce n’est pas vraiment ce à quoi j’aspirais?
Si la peur du changement prend le dessus, je vous invite à revenir à votre objectif, les raisons qui vous ont poussées à vous engager dans ce chemin, vos motivations, à penser aux choix que vous avez fait, aux actions que vous avez posées, au chemin que vous avez parcouru. Revenir à la base de nos choix nous redonne souvent la motivation nécessaire pour continuer.
On reprend du début, lorsque que vous serez dans cette position, tout près de la ligne d’arrivée et que vous sentez votre énergie s’estomper, que vous sentirez la peur s’immiscer entre vous et votre objectif, dites-vous que vous n’êtes pas seul, c’est une réaction normale. Expulsez le doute et la culpabilité et demandez vous quel frein vous venez d’activer. Lorsque vous l’aurez identifié, vous pourrez le retirer et poursuivre votre route plus confortablement et franchir avec fierté les derniers mètres qui vous séparent de la ligne d’arrivée. Et surtout, n’oubliez pas de célébrer votre victoire, vous le méritez!