La crise du Covid-19 aura sans aucun doute été un accélérateur de transformation digitale. Pour maintenir leur activité, la grande majorité des entreprises ont dû adapter leur mode de travail et digitaliser leur processus. Un grand pas en avant certes pour la compétitivité des entreprises françaises, mais comment s’assurer que cette avance rapide soit pérenne et bénéficie à toutes les entreprises ?
En effet, d’un côté, les disparités restent importantes, une étude d’Appvizer, le comparateur de logiciels professionnels, a montré que seulement 33% des TPE ont entamé une transformation digitale alors que ce chiffre monte à 53% pour les PME et jusqu’à 70% pour les ETI.
D’un autre côté, on ne peut ignorer que, dans de nombreux cas, l’adoption de ces nouveaux outils numériques essentiels, tels que la signature électronique, s’est faite très rapidement, en réponse à la crise, alors que leur organisation et leurs employés n’y étaient pas forcément préparés.
Par conséquent, une fois l’augmentation sans précédent de la demande de solutions digitales passée, nous nous trouvons désormais dans une phase cruciale de consolidation. Afin de garantir une utilisation efficace de ces outils et placer les entreprises françaises à l’avant-garde de la transformation numérique, il est essentiel d’investir dans la formation et de favoriser la transformation culturelle des entreprises.
La transformation culturelle
L’agilité et le succès avec lesquels travaillent les organisations qui ont intégré des solutions digitales dans leurs processus de travail ne sont pas seulement le résultat de la technologie qui les sous-tend, mais aussi du changement culturel qu’elles ont opéré. Ainsi, pour tirer parti des outils numériques, il est essentiel d’initier une transformation organisationnelle depuis les fondations, et pour cela il faut également investir dans les personnes, en développant de nouveaux processus et structures qui facilitent l’adaptation au changement du personnel et son engagement dans cette nouvelle réalité. Par exemple, pour développer une culture digitale, il est nécessaire d’encourager et même de récompenser la créativité, car les avancées sont bien souvent le fruit de la pro-activité des équipes. Dans la même optique, il faut revoir l’appréhension de l’échec puisque la culture digitale va de pair avec la culture de l’échec : il n’y a pas de changement sans tentative.
La formation
Enfin, la formation est primordiale pour garantir le succès de cette transformation qui implique un nouveau vocabulaire, de nouveaux outils et des nouvelles manières d’agir. Comme le montre ce rapport de novembre 2020 du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, dans les petites entreprises, le manque de formation du dirigeant et des salariés et la méconnaissance des dispositifs d’accompagnement constituent des freins à l’équipement numérique. Beaucoup anticipent des difficultés de mise en place des outils au regard de la réorganisation du travail qu’ils peuvent impliquer ou du manque de compétences internes. Ils sont également nombreux à ne pas être convaincus de la capacité des outils numériques à valoriser leur savoir-faire et à augmenter in fine leur bénéfice. Ces enjeux spécifiques expliquent pourquoi les TPE ont accumulé du retard dans leur numérisation sur les PME/ETI, davantage industrielles et plus familières des outils numériques. Les administrations publiques sont conscientes de ce besoin, c’est pourquoi le gouvernement a annoncé dans son plan Investir dans vos compétences, mobiliser prêt de 15 milliards d’euros entre 2018 et 2022 avec, pour objectif de « contribuer à la transformation des compétences (…), en lien notamment avec la transformation numérique et la transition écologique. »
Plus récemment, le plan de relance prévoit une enveloppe de 385 M€ pour le financement de la numérisation des entreprises d’ici 2022. Ainsi, bien que la transformation digitale soit en marche, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour qu’elle soit effective et efficiente au sein de toutes les entreprises. Son succès dépend des changements insufflés au sein même des entreprises, mais également de l’engagement des pouvoirs publics dans le domaine.